Débats à l’université de Tlemcen sur la lutte contre la contrebande aux frontières

Débats à l’université de Tlemcen sur la lutte contre la contrebande aux frontières

La contrebande aux frontières, ses formes, ses répercussions négatives sur l’économie nationale et la société ainsi que les moyens à mobiliser pour contrecarrer ce phénomène ont été au centre des débats de la conférence nationale, ouverte mercredi à Tlemcen à l’initiative de l’université de Tlemcen et le Commandement régional de la Gendarmerie national d’Oran.

« Tous les moyens sont mobilisés par les différents services de sécurité pour endiguer ce problème, véritable saignée pour l’économie nationale », ont indiqué les organisateurs de rencontre.

L’exemple de la drogue, sous toutes ses formes, saisie notamment aux frontières Ouest et Sud du pays, « est significatif et reflète la maîtrise de la situation par les services de sécurité et des douanes. Les statistiques relatives aux saisies montrent la pression exercée par ces services et les multiples échecs essuyés par les narcotrafiquants », a-t-on souligné.

Les experts de l’Institut national de criminalistique et de criminologie de la Gendarmerie national disposent d’une base de données pour établir le profil chimique des drogues saisies au niveau des différentes régions du pays, a indiqué le Commandant Boumerah Yacine, représentant de cet Institut.

« A chaque saisie, nous disposons de 31 caractéristiques pour dresser le profil de la drogue. Cela va de la couleur du produit prohibé, de sa forme, de son conditionnement en plaquettes de 100 et 200 grammes, des logos et des inscriptions portées sur les sacs », a indiqué l’intervenant dans sa communication sur les études entreprises au niveau de l’Institut.

« Toutes ces caractéristiques nous permettent en fin de compte de définir la provenance de cette drogue et éventuellement la route empruntée par les contrebandiers », a ajouté le conférencier, qui a énuméré les différentes drogues commercialisées sur le territoire national et celles qui transitent par diverses régions du pays pour être acheminées vers diverses contrées du monde.

Le Commandant Boumerah a également souligné une « présence » de plus en plus remarquée de la cocaïne sur le marché national, puisque quelque 165 kilos de cette drogue ont été saisis, de même qu’il a fait part de l’apparition de l’ecstasy et des amphétamines dans diverses régions du pays.

De son côté, Ba Saïd Mohamed Khaled, inspecteur principal à la direction des Douanes de Tlemcen, a évoqué, dans sa communication, le rôle de cette institution dans la lutte contre la contrebande sous toutes ses formes, annonçant un projet d’amendement de l’ordonnance 05/06 relative à la lutte contre ce phénomène transfrontalier. Cet amendement portera surtout sur une aggravation des peines prononcées contre les contrebandiers spécialisés dans le carburant, ajouté aux amendes infligées qui font 100 fois la valeur des produits prohibés saisis.

« Il est préconisé le paiement d’une amende équivalent à 100 fois la valeur de la marchandise saisie au lieu de 10 fois comme c’est le cas aujourd’hui », a-t-il indiqué.

Le conférencier a, par ailleurs, fait état des différentes saisies opérées par 175.847 litres en 2013 contre 117.775 litres l’année d’avant.

Un enseignant de l’université de Tlemcen, Benoua Chouaïb, a souligné, quant à lui, la nécessité de mettre en place un observatoire sur la contrebande qui permettra de collecter et d’uniformiser l’information entre les différents intervenants et de créer une base de données accessible aux chercheurs et aux universitaires.

L’intervenant, économiste de formation, a également plaidé pour « une autre formule de subvention des produits de première nécessité au profit des catégories défavorisées » afin que ceux-ci soient cédés « à leurs prix réels et similaires à ceux pratiqués par les pays voisins qui profitent indirectement des prix subventionnés par l’Etat ».

Lors des débats, il a été surtout question des moyens à mettre en œuvre pour combattre la contrebande. L’intensification des moyens de lutte, le maintien du plafonnement des approvisionnements en carburant dans les régions frontalières, la modernisation des moyens de surveillance, l’intensification des actions de sensibilisation et d’information sur les dangers de ce phénomène par le biais de tous les supports ont été préconisés par plusieurs intervenants.

Ce colloque national de deux jours a été ouvert, dans la matinée, en présence du Général Tahar Othmani, Commandant régional de la Gendarmerie nationale et le wali de Tlemcen, Saci Ahmed Abdelhafid, en présence d’une nombreuse assistance.

Dans son intervention, le Général Tahar Othmani, a plaidé pour une collaboration avec les chercheurs universitaires pour « constituer une force d’étude et de proposition » au sujet du problème de la contrebande.

Le wali de Tlemcen a surtout axé son intervention sur le volet sensibilisation et éducation à tous les niveaux « tant à l’échelle de la famille, de l’école, qu’à celle de l’université, de la mosquée et des associations pour contrer ce phénomène ».

« Toutes les composantes de la société sont appelées à contribuer par la sensibilisation à la lutte contre ce problème », a-t-il souligné.

Le colloque national devra prendre fin jeudi. Ses travaux seront couronnés par des recommandations.