Le vice-président de l’Union nationale des parents d’élèves, Mohamed Mabroukia, a insisté sur le fait que les demandes de modification du rythme scolaire, largement diffusées ces derniers jours sur les réseaux sociaux, ne peuvent être traitées de manière précipitée ou superficielle. Selon lui, toute réforme nécessite un dialogue structuré réunissant spécialistes, enseignants et inspecteurs pour identifier les dysfonctionnements actuels et proposer des solutions objectives et adaptées aux particularités des programmes scolaires et aux besoins de la société.
M. Mabroukia a rappelé que l’Union a toujours soutenu la nécessité de mettre l’élève dans des conditions favorables, avec du temps pour les révisions et pour des activités récréatives ou sportives après les cours, tout comme pour l’enseignant.
Toutefois, ces changements doivent se faire de manière réfléchie et progressive, dans un cadre pédagogique, scientifique et éducatif, après consultation des pédagogues et des spécialistes à travers des ateliers nationaux visant à évaluer le rythme scolaire actuel et ses impacts sur la performance des élèves et des enseignants, ainsi que sur le niveau global des établissements publics.
Dysfonctionnements : quelle sont les pistes de réforme ?
Selon le conseiller pédagogique Kamel Nouari, le rythme scolaire actuel en Algérie n’est pas en phase avec les standards internationaux. De nombreuses matières et activités inscrites dans le temps scolaire ne correspondent pas à l’âge des élèves, comme l’enseignement de certains aspects du fonctionnement des institutions politiques, que de jeunes élèves ne peuvent comprendre.
Pour lui, il existe plusieurs dysfonctionnements majeurs à corriger. Parmi les solutions proposées : instaurer un système de cours de quatre à cinq heures le matin, ou en deux créneaux dans les établissements surchargés, notamment dans les grandes villes comme Alger, Oran ou Sétif. Ce système permettrait de réduire la surcharge et d’améliorer la qualité de l’enseignement tout en allégeant le quotidien des élèves et de leurs familles.
La réforme devrait également intégrer des activités sportives, culturelles et artistiques en après-midi, favorisant le développement des talents et des intérêts des élèves en dehors des matières académiques classiques. L’application progressive de ces changements pourrait commencer dès l’école primaire et s’étendre au secondaire, avec une priorité pour les zones rurales, montagneuses et du sud, où les élèves et les enseignants font face à des difficultés de transport, de restauration et d’hébergement.
Quelle est la réalité pédagogique, légale et sociale ?
Youssef Ramdani explique que plusieurs raisons pédagogiques et organisationnelles empêchent la mise en œuvre immédiate des propositions de modification, même si elles reflètent un véritable intérêt pour améliorer l’enseignement. Le temps scolaire ne se réduit pas à un simple horaire d’entrée et de sortie : il s’intègre dans la structure pédagogique globale, qui suit l’approche par compétences et assure un équilibre entre matières fondamentales et complémentaires, ainsi qu’entre aspects cognitifs et pratiques.
Tout changement nécessite donc une révision complète des programmes et manuels scolaires, des plans d’évaluation, ainsi qu’une adaptation des cadres légaux et réglementaires du personnel enseignant et administratif. De plus, les contraintes pratiques, comme l’organisation du transport scolaire et l’équilibre familial des élèves, doivent être prises en compte pour éviter des perturbations.
En résumé, toute modification du rythme scolaire en Algérie doit faire l’objet d’une étude approfondie intégrant les dimensions pédagogiques, légales, organisationnelles et sociales. Un changement hâtif risquerait de créer davantage de confusion et de difficultés pour le système éducatif, alors que l’objectif reste de l’améliorer progressivement et durablement.