Débat sur le mouvement féminin algérien, Regards sur la longue marche vers l’égalité

Débat sur le mouvement féminin algérien, Regards sur la longue marche vers l’égalité

Dans sa présentation des mouvements féminins en Algérie au cours de trois dernières décennies, Mme Haddab a distingué 4 grandes périodes. La période 1988-1992 a été qualifiée de “moment fort” du mouvement féminin.

Le mouvement féministe algérien s’est invité, hier, au débat, au Centre des ressources, à Alger. Des jeunes activant dans des associations, des étudiants, des militantes du réseau Wassila d’aide à la femme et à l’enfant, mais également des universitaires, des journalistes, des militants de partis politiques et des juristes ont répondu à l’appel du Rassemblement de gauche, pour commémorer la journée du 22 mars dans la réflexion et l’échange. “La journée du 22 mars 1993 est une date mémorable pour le mouvement des femmes”, a déclaré une des organisatrices, Yasmina Chouaki.

Cette dernière a rappelé que ce jour-là, une marche “imposante”, ayant mobilisé près de 100 000 femmes et d’autres citoyens, avait eu lieu dans la capitale, pour dénoncer le terrorisme islamiste et pour exprimer leur attachement à une Algérie libre et démocratique. C’est donc pour revisiter la longue marche vers l’égalité que la rencontre a été animée par Zoubida Haddab et Tinhinan Makaci, respectivement enseignante en sciences politiques et juriste de formation, deux féministes, la première ayant milité dans les années 1980-1990 et l’autre appartenant à la jeune génération des militantes. Dans sa présentation des mouvements féminins en Algérie, au cours de trois dernières décennies, Mme Haddab a distingué 4 grandes périodes.

La première période, 1988-1992, a été qualifiée de “moment fort” du mouvement féminin. Paradoxalement, dira-t-elle, c’est dans cette phase que les “conflits d’une grande violence” avaient éclaté entre les associations féminines, qui avaient fini par les neutraliser. La seconde période, 1992-1995, a connu “le reflux général” du mouvement féminin. À l’époque, précisera-t-elle, “les femmes ont affronté le danger islamiste, dénoncé les viols dans les maquis, tout en continuant à s’élever contre la violence sexiste”.

C’est durant la période suivante, 1995-2000, que “la lutte contre le code de la famille” a repris, mais dans le contexte contraignant de l’état de siège. Malgré cela, les associations s’étaient lancées dans “l’expérience du million de signatures” et présenté “une véritable refonte du code de la famille” qui, en fin de compte, n’a pas été prise en considération par le gouvernement, en dépit des promesses qui avaient été faites. Pour l’enseignante, la volte-face de l’Exécutif “a joué un rôle dans l’atténuation des conflits entre les associations féministes”.

Quant à la dernière période, qui se poursuit à ce jour, elle la définira comme un “tournant” important du mouvement féminin qui se jettera dans la bataille “contre les discriminations politiques” et qui arrachera, dans ce cadre, un amendement de la Constitution. Cette période va connaître, en outre, “une intensification” de la lutte contre les violences faites aux femmes et le harcèlement sexuel au travail, de même qu’une “implication directe” dans la prise en charge des femmes violentées.

“Aujourd’hui, des associations se redéploient aussi dans des actions en direction des femmes et des jeunes”, a signalé l’intervenante. De son côté, Mlle Makaci a abordé les “perspectives” du mouvement féminin, plaidant notamment pour le retour du “planning familial” et la création de “coopératives professionnelles” (couture, apiculture, cuisine…), les considérant comme des “moyens d’affirmation et d’autonomisation des femmes”, sans oublier “le travail de proximité” qui reste à renforcer.

H. A