L’analyse de l’épuisement des réserves de pétrole est souvent évoquée dans les rapports internationaux, l’Algérie pouvant se réveiller un jour dans une situation très douloureuse, plus rapidement pour le pétrole, devenant importateur d’hydrocarbures au moment où la population atteindra 50 millions d’habitants.
Ainsi, les débats sur l’avenir du pétrole se succèdent et ne se ressemblent pas.
Dernier débat en date, la rencontre organisée par le Front des Forces Socialistes (FFS) sur les perspectives de développement du secteur de l’énergie. A cette occasion, les experts ont affirmé que l’Algérie devrait réduire sa production pétrolière afin de préserver ses réserves d’hydrocarbures aux générations futures.
A cet effet, l’ancien ministre de l’Energie, Nordine Ait Laoussine, a indiqué que le fort rythme de production des hydrocarbures enregistré depuis les années 2000 a provoqué un déclin des gisements.
Selon des estimations citées par l’ancien P-DG de Sonatrach, l’Algérie a consommé les deux tiers de ses réserves pétrolières récupérables et plus de la moitié de ses réserves de gaz naturel.
« Un tel degré d’épuisement des ressources qui a conduit à une baisse de la production ces dernières années nous impose la mise en œuvre de mesures radicales, dont l’intensification de l’exploration et la maîtrise de la consommation nationale », a-t-il préconisé. A ce titre l’ancien ministre de l’énergie a recommandé de plafonner la production pétrolière à un niveau qui permet le financement de l’économie.
Ce niveau de production nécessaire au développement de l’économie doit être discuté et faire objet d’un consensus entre tous les acteurs et institutions du secteur. La préservation des réserves d’hydrocarbures prônée par plusieurs pays pétroliers comme la Norvège obéit au besoin d’assurer une disponibilité de l’énergie aux Algériens et une sécurité énergétique aux générations futures, a-t- il expliqué.
Pour autant, il considère que l’Algérie n’a pas dit son dernier mot concernant la reconstitution de ses réserves d’hydrocarbures conventionnels, dont le potentiel est important pour peu qu’elle accentue l’effort de l’exploration. Abondant dans le même sens, l’expert pétrolier Chems Eddine Chitour a soutenu que l’Algérie « ne peut acheter la paix sociale en continuant » à pomper le maximum pour augmenter ses recettes.
« Faut-il stocker des dollars ou de l’énergie », s’est interrogé ce professeur des universités qui évoque le mauvais choix de cumuler des réserves de change, générées par la rente pétrolière, des placements qui risquent de s’effriter si le dollar perdait davantage de sa valeur, selon lui. Il considère que les réserves récupérables de pétrole doivent « exclusivement » servir à satisfaire la demande énergétique nationale en premier lieu.
Ce à quoi M. Ahmed Mecheraoui, conseiller auprès du ministre de l’Energie a répliqué en affirmant que cette préoccupation a été prise en charge par le gouvernement dans la nouvelle loi sur les hydrocarbures.
La satisfaction du marché national est assurée par cette nouvelle loi qui oblige les partenaires de Sonatrach à céder leurs parts de production pétrolière au groupe algérien si l’Algérie éprouve des difficultés d’approvisionnement, a-t-il expliqué aux participants présents à cette rencontre initiée par le plus vieux parti de l’opposition, en vue d’ouvrir un débat transparent sur l’avenir du secteur énergétique algérien.
Notons, en dernier lieu, que les efforts déployés actuellement pour stimuler les investissements étrangers et nationaux dans les secteurs à fort potentiel tels que les industries manufacturière, mécanique et pharmaceutique, le tourisme, l’agriculture et les télécoms, devraient contribuer à créer de nouvelles sources de revenu, tout en apportant les capitaux et les transferts de connaissance nécessaires à la relance de la croissance.
Lila Soltani