Les performances économiques de l’Algérie restent solides
Déclarations parfois tonitruantes, assises nationales, colloques, n’ont pas manqué. Force est de constater que la mise en oeuvre de ce projet vital pour l’économie nationale est, à ce jour, restée lettre morte.
Combien d’années mettra l’Algérie pour sortir de sa dépendance par rapport à ses exportations de pétrole? Il devient impératif pour elle de mettre en oeuvre une économie productrice de richesses et réduire ses importations (en produits alimentaires de base, céréales, lait, médicaments…). Le ministre de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement, Mohamed Benmeradi, a pris le taureau par les cornes. Il s’est rendu à Vienne où il a exposé devant la 14e conférence générale de l’Onudi (Organisation des Nations unies pour le développement industriel) les grandes lignes de la stratégie industrielle définies par l’Algérie dans le cadre de son plan de développement 2010-2014. L’opération portera t-elle ses fruits? Le successeur de Hamid Temmar avait, entre autres, eu en héritage l’ambitieux projet de la défunte stratégie industrielle qui en se concrétisant aurait dû poser les jalons d’une économie productrice de richesses: chaînon manquant qui aurait propulsé l’économie nationale au rang des pays développés. Hélas, et comme pour ne pas démentir cette réputation de plus parler pour ne rien faire qui colle à nos responsables comme une seconde peau, cet immense chantier qui n’a jamais hissé les voiles s’est retrouvé une nouvelle fois en rade. Les vents sont-ils cette fois-ci plus favorables? La question ne s’est pas ouvertement posée. Benmeradi a pris son bâton de pèlerin pour trouver et sensibiliser des équipiers capables d’aider l’Algérie à mener cette opération à bon port. Contrairement aux économies pourtant réputées pour leur solidité et qui sont en train de broyer du noir, l’économie algérienne affiche des voyants qui sont au vert mais souffre de son étroite dépendance par rapport à ses exportations d’or noir qui assurent près de 98% de ses recettes en devises. Ce qui lui a permis de satisfaire des revendications salariales en série, relever le Snmg… Une opération légitime mais coûteuse (le déficit budgétaire de l’Etat devrait avoisiner les 5% en 2011) qui peut remettre en cause les équilibres budgétaires si les cours de l’or noir venaient à s’effondrer. «S’il y avait un retournement du prix du pétrole à la baisse et un ralentissement marqué de l’économie mondiale, cela pourrait poser des questions sur les équilibres budgétaires. Nous recommandons aux autorités de prendre des mesures de consolidation à moyen et long terme et de contenir la masse salariale» a préconisé Joël Toujas-Bernaté, chargé de l’Algérie au Fonds monétaire international. «Globalement, les performances économiques de l’Algérie restent solides, avec une croissance hors secteur des hydrocarbures attendue à 5% en 2011 et à 2,5% en intégrant cette activité», a cependant fait remarquer l’expert du FMI qui doit rendre son rapport sur l’économie nationale le mois prochain. Pourquoi un tel contexte de solidité financière ne profite-t-il pas à la mise en oeuvre d’une stratégie industrielle? La priorité semble être accordée à l’emploi. «C’est l’urgence absolue…» a confié le président du FCE (Forum des chefs d’entreprise, Réda Hamiani. Hamid Temmar n’avait pourtant pas évoqué cette contrainte pour mener son projet de stratégie industrielle, finalement avorté. Des Assises nationales se sont tenues du 26 au 28 février 2007 au Palais des nations à Alger. Moins de 10 mois après, l’ex-ministre de l’Industrie allait déchanter: «Nous n’avons pas de grande stratégie industrielle», a-t-il reconnu lors d’une rencontre organisée le 9 décembre 2007 par l’Union nationale des entrepreneurs algériens (Unep) à Alger. «Pour cette stratégie industrielle, je vais être brutal, elle a fait beaucoup plus l´objet de communications que d´actions. Elle n´a jamais été adoptée en Conseil des ministres», révélera le Premier ministre Ahmed Ouyahia, le 11 mars 2009 sur les ondes de la Chaîne III. Mohamed Benmeradi a selon toute vraisemblance agi, quant à lui, de concert avec le patron de l’Exécutif. Pour quelle stratégie industrielle? «Le ministre a détaillé la politique industrielle algérienne dans ses différentes filières comme la sidérurgie, la mécanique, la manufacture, la pharmacie, l’agro-industrie», a laconiquement annoncé dans un communiqué le ministère de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’investissement…L’économie nationale devra probablement patienter encore un peu pour se débarrasser du «fardeau» des exportations de pétrole.