«Sonatrach n’a jamais fait confiance aux avocats algériens»
Si les Algériens sont connus pour être de grands débrouillards dans le commerce, en revanche, dans le monde des affaires ils ont montré leurs limites.
Selon, le secrétaire général de la Cour internationale d’arbitrage de la Chambre de commerce internationale (CCI), Andrea Carlevaris, plusieurs dizaines d’affaires impliquant des entreprises publiques et privées algériennes ont été soumises, en 2012, à l’arbitrage de la CCI.
Lors d’un séminaire consacré, cette semaine à Alger, à la pratique de l’arbitrage international, le secrétaire général du tribunal d’arbitrage de la Chambre de commerce international, a rajouté une couche. «Le nombre des affaires impliquant des entreprises algériennes publiques et privées a doublé en dix années», a-t-il déclaré.

En Algérie, ce n’est pas l’argent qui manque! Il y a tellement d’argent qu’on investit dans tous les secteurs. Bien qu’en réalité, des problèmes surviennent toujours et partout aussi. La réalité a fini par l’emporter sur les torses longtemps bombés. Voyons de très près.
En effet, de colossaux budgets sont débloqués, chaque jour dans tous les secteurs.
Travaux publics, transports, ressources en eau, agriculture, énergie, habitat, sécurité, industries, commerce… Etc. dans tous les domaines, il y a comme une sorte d’affolement pour récupérer le temps perdu. Entre-temps, dans le reste du monde, il y a «un violent manque d’offres». Rien! Les sociétés et autres entreprises cotées dans le monde se trouvent avec des plans de charges maigres vu les crises économiques qui secouent leurs pays respectifs.
Seule solution: voler vers d’autres contrées où il y a plus d’argent, plus de marchés… plus d’ignorance. L’Algérie du XXIe siècle se veut riche, belle et généreuse. L’Algérie est riche et le… montre. En l’espace de 10 ans, près de 500 milliards de dollars ont été débloqués pour construire un pays, rattraper le retard, le tout… par des dirigeants ignorants.
Passons! L’urgence était alors de se mettre aux affaires. Les appels d’offres internationaux étant tellement nombreux qu’ils occupent la grande partie des placards publicitaires des journaux nationaux. Bref, de gros contrats sont signés tous les jours. Il ne restait que de voir naître des réalisations qui feraient de l’Algérie un pays «neuf».
Sauf que très rapidement, l’Algérie se trouve piégée par ses propres initiatives.
Il faut dire qu’il y a un manque grave de consultation de professionnels avant la signature d’un contrat. Dans la plupart des cas, ils signent des contrats sans se soucier d’inclure des clauses qui leurs permettront de bien gérer d’éventuels contentieux. Contrairement aux parties algériennes, les sociétés étrangères se protègent avant de signer tout contrat.
Les étrangers se protègent «en demandant que leur contrat soit soumis à l’arbitrage international». Généralement, «nous, Algériens, nous nous retenons. Nous sommes réticents à cette disposition, parce que nous sommes nationalistes et nous voulons que ce soit l’affaire des juridictions algériennes», nous explique un expert en doit international.
Ce n’est pas toujours dans notre intérêt, parce que aujourd’hui, le monde va vers l’ouverture. Donc, il faut accepter l’arbitrage international et parfois, il faut même accepter l’introduction du droit étranger pour régir un contrat.
Aujourd’hui, il y a quelque chose qui est certainement très mal connue: c’est que, selon l’expert, «dans la vente de marchandises, le droit algérien est plus favorable aux vendeurs qu’à l’acheteur. Et comme nous sommes beaucoup acheteurs et moins vendeurs, imaginez le résultat! On demande l’application du droit algérien qui est protecteur de nos fournisseurs!»
C’est dire que le premier problème chez nous c’est l’ignorance!
Là encore, du côté algérien, poursuit-il, «il y a une espèce de réticence par souci de nationalisme et souvent aussi par souci d’ignorance parce que la loi algérienne permet l’arbitrage international. Mais, il y a aussi un autre problème, c’est que les Algériens, d’une manière générale, ne savent pas qu’il est dans leur intérêt d’aller vers l’arbitrage international.
Enfin, le vrai problème en Algérie, pour les observateurs, c’est qu’il n’y a pas suffisamment de professionnels de l’arbitrage. Les exemples attestent que la faute incombe aux entreprises algériennes.
Selon l’expert, le cas de Sonatrach qui ne fait jamais appel à des avocats algériens est le meilleur exemple. «Sontrach n’a jamais fait confiance aux avocats algériens.
Elle a toujours préféré confier ses dossiers à des cabinets étrangers. C’est vrai qu’ils sont payés beaucoup plus cher que les Algériens. C’est vrai qu’ils ont plus d’expérience, mais les entreprises publiques algériennes n’ont pas suffisamment confiance en les avocats algériens. Et, c’est une erreur», regrette-t-on, car «il y a d’excellents praticiens algériens qui connaissent l’arbitrage international et qui l’appliquent».
Dans le domaine des affaires, l’investissement c’est de l’argent, le temps c’est de l’argent… il semble que nous n’avons rien compris à moins que…