De plus en plus de Chinois, Turcs et Egyptiens dans le bâtiment Les travailleurs étrangers à la rescousse

De plus en plus de Chinois, Turcs et Egyptiens dans le bâtiment Les travailleurs étrangers à la rescousse
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En 2011, l’Office national des statistiques a fait état de 1 063 000 personnes sans emploi, soit 10% de la population active. Chez les jeunes, le chômage était encore plus important : 21,5% des moins de 25 ans ne savent quoi faire de leur temps.

Des chiffres en nette contradiction avec la réalité qui veut que quand une société étrangère vient pour un quelconque projet, ramène même des ouvriers appelés à accomplir les tâches les plus «banales».

Ceci est aussi vrai pour les grands ouvrages dont le gouvernement ne cesse de se targuer, notamment s’agissant des volets création d’emplois et transfert de savoir-faire. Après des années de va-et-vient de Chinois, de Turcs, de Français, d’Italiens… la «compétence» algérienne est toujours à la case départ.

Etant le cheval de bataille des différents gouvernements qui se sont succédé depuis l’avènement du multipartisme et l’ouverture du marché algérien, le transfert du savoir-faire, selon les spécialistes, s’est fait et continue à se faire très lentement, et parfois, dans certains secteurs à l’instar du bâtiment, stagne.

LA GRANDE MOSQUÉE SANS MANŒUVRES

Après nombre de projets, à l’instar de l’autoroute Est-Ouest, réalisée presque totalement – du moins les tronçons confiés à des entreprises étrangères – par une main-d’œuvre non algérienne, une douche écossaise nous sera servie par un autre grand projet : la Grande mosquée.

Le directeur de l’Agence nationale de réalisation et de gestion de la Grande mosquée d’Alger (Anergema), Mohamed Lakhdar Alloui, dans un entretien qu’il a accordé hier, au confrère El-Khabar, a avoué la fatalité de la main-d’œuvre étrangère.

Non sans amertume, il déclare : «Nous avons exigé, dans les cahiers des charges, que la main-d’œuvre algérienne soit présente avec 10 000 travailleurs. Mais où trouver ce nombre ?» et d’ajouter plus loin: «Si nous n’arrivons pas à avoir le nombre sur lequel nous nous sommes entendus, la société en charge du projet aura le droit de faire venir des travailleurs chinois».

Tout a fait logique ! Mais la question est de savoir si les Algériens, après une quantité innombrable de réalisations de diverses sortes : ouvrages d’art, logements, écoles… n’ont pas pu s’imposer comme force de travail à même de prendre en charge eux-mêmes la construction du pays ? Une question qui prend toute son ampleur quand on sait que le taux, même officiel de chômage, est loin d’être le plus bas au monde.

FORMATION, LE PRINCIPAL ÉCHEC

Révolue, bien évidemment, est l’ère où la présence physique d’un travailleur sur le lieu de travail mérite salaire. Un Turc, ingénieur de formation, débarqué en Algérie à la fin  2010, avec l’idée d’avoir une part du gros gâteau de l’ambitieux programme algérien de logement, s’est heurté à un sérieux problème. Il le raconte en ces mots :  «Je me suis spécialisé dans les carcasses.

Donc dans mon métier, j’ai besoin plus de coffreurs et de ferrailleurs que d’autres profils. J’ai opté au début pour la main-d’œuvre algérienne bien qu’on me l’a sérieusement déconseillé. On se présentait à moi avec toutes les assurances imaginables, mais à l’œuvre, ils étaient tout simplement décevants. J’ai fini par accomplir les démarches nécessaires pour faire venir des travailleurs turcs, même s’ils me coûtent vraiment cher».

Pour les autres tâches, le  «constructeur» dit avoir recruté quelques algériens, mais il déplore «des absences répétitives et un maque d’initiative flagrant». Cependant, il ne se plaint pas trop, puisqu’il ne les paye pas aussi cher que ces concitoyens. Le gérant d’une autre société étrangère, celle-ci égyptienne, raconte les mêmes déboires, mais, comme le Turc, il ne fait pas la fine bouche avec les quelques algériens qui travaillent pour lui. La raison : «Ils ne sont pas trop exigeants en matière de salaires».

LES ALGÉRIENS, MAL FORMÉS, MAL PAYÉS:

Notons qu’un maçon ou un coffreur turc perçoit en moyenne 2 500 dollars en Algérie, assuré, logé et nourrit, au moment où un algérien doit se contenter de l’équivalent de 500 dollars souvent sans assurance ni autre avantage. Est-ce un contrat tacite entre Algériens et sociétés étrangères qui, les uns font semblant de travailler, et les autres font semblant de payer ?

Le tout porte à le croire. La ressource humaine algérienne est ce qu’elle, et… comme on connaît les artisans, on les rémunère. Les spécialistes pointent du doigt la formation professionnelle qui n’est plus en adéquation avec les exigences du monde du travail et les nouvelles techniques et technologies.

Il n’est un secret pour personne que quand on acquiert un logement de construction à 100% algérien, l’on doit refaire la cuisine, la salle de bain, parfois même le sol, voire même les revêtements des murs… Devons-nous nous plaindre que des Chinois creusent pour nous, construisent pour nous et encaissent l’argent de la manne pétrolière à notre place ?

Hamid Fekhart