De nouveaux marchés et un retour des partenaires traditionnels insufflent un nouvel élan au tourisme tunisien (document, OBG)

De nouveaux marchés et un retour des partenaires traditionnels insufflent un nouvel élan au tourisme tunisien (document, OBG)

Les arrivées en provenance de l’Algérie voisine ont connu une hausse de plus de 60% en glissement annuel au cours des huit premiers mois de 2017, les Algériens représentant 34% de l’ensemble des visiteurs étrangers, soit 1,6 million de touristes. Cette hausse est le fruit d’une campagne de marketing musclée qui a visé les vacanciers algériens ; elle s’insère également dans une stratégie touristique nationale axée sur l’Afrique.

Les recettes touristiques ont affiché une hausse de 22% en glissement annuel entre janvier et fin août, selon le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat (MTA), atteignant la somme de 1,9 milliard de dinars (652,7 millions d’euros) sur cette période, avec 4,7 millions d’arrivées internationales.

Rien qu’au mois d’août, on a enregistré des recettes touristiques à hauteur de 674 millions de dinars (231,2 millions d’euros) et, selon les prévisions du Ministère, 6,5 millions de touristes étrangers devraient se rendre en Tunisie d’ici la fin de l’année, soit une hausse de 30% par rapport aux chiffres de 2016.

Si le pays ne s’attend pas à dépasser le record des 6,9 millions d’arrivées internationales enregistrées en 2010, il s’agit tout de même d’une amélioration non négligeable pour le secteur, qui a accusé une forte baisse suite à deux attaques terroristes survenues en 2015.

Le nombre de touristes étrangers a chuté de 25% et les recettes de 35% suite à ces attentats, entrainant des pertes d’emplois et des fermetures d’établissements touristiques.

Les effets de cette baisse se sont fait ressentir sur l’ensemble de l’économie tunisienne, le tourisme représentant environ 8% du PIB.

De nouveaux marchés à l’origine de la reprise du secteur

Un rapide essor de nouveaux marchés, synonyme de nouvelle source de recettes, est le premier responsable de la reprise.

Les arrivées en provenance de la Russie ont considérablement augmenté, ces dernières ayant été multipliées par près de neuf entre 2015 et l’an dernier, passant de 46 279 à 451 432.

Cette hausse s’explique en grande partie par l’amélioration des relations bilatérales entre les deux pays ainsi que par l’instabilité qui règne dans les destinations de vacances traditionnelles des Russes que sont l’Egypte et la Turquie.

Le tourisme chinois a également fait un bond en avant, avec 7 400 arrivées l’an dernier, soit une hausse de 93,6% par rapport à 2015.

On peut espérer une évolution à la hausse de ces chiffres cette année et les années à venir suite à l’exonération de visa pour les ressortissants chinois décidée au mois de février et à la désignation de la Tunisie comme « Meilleure Destination Touristique Africaine 2017 » par le salon international du tourisme chinois « Shanghai World Travel Fair ».

Les arrivées en provenance de Chine affichaient une hausse de 400% en glissement annuel au premier trimestre de cette année, selon le MTA ; les autorités tunisiennes espèrent 10 000 à 20 000 touristes chinois en Tunisie avant la fin de l’année.

Hausse du nombre de visiteurs en provenance des marchés traditionnels africain et européen

La hausse des arrivées et des recettes en provenance de ces nouveaux marchés s’est vue accompagner d’une reprise du tourisme des partenaires traditionnels en Europe et en Afrique.

Les touristes européens ont, de longue date, constitué la clé de voûte du secteur, représentant 72,6% de l’ensemble des arrivées étrangères de non-résidents entre janvier et août 2014. Le tourisme européen a brutalement chuté suite aux attaques terroristes de 2015 et les recettes et le nombre de visiteurs se sont vus divisés par deux.

Cependant, grâce en partie au renforcement des mesures de sécurité dans les complexes touristiques et à la décision du gouvernement britannique en juillet d’assouplir les avertissements aux voyageurs pour la Tunisie comme l’avaient déjà fait la France et l’Allemagne, les arrivées en provenance de l’Europe ont atteint le chiffre d’1,1 million au cours des huit premiers mois de l’année, soit une hausse de 16%, selon des responsables du MTA.

Les voyagistes britanniques peuvent donc de nouveau vendre des voyages tout compris dans le pays, ce qui devrait entraîner une augmentation considérable des activités touristiques.

Le retour des touristes britanniques fait figure d’aubaine potentielle pour le secteur ; avant 2015, les arrivées en provenance du Royaume-Uni tournaient autour des 500 000 par an en moyenne.

Moins loin, les arrivées en provenance de l’Algérie voisine ont connu une hausse de plus de 60% en glissement annuel au cours des huit premiers mois de 2017, les Algériens représentant 34% de l’ensemble des visiteurs étrangers, soit 1,6 million de touristes.

Cette hausse est le fruit d’une campagne de marketing musclée qui a visé les vacanciers algériens ; elle s’insère également dans une stratégie touristique nationale axée sur l’Afrique. La Tunisie a supprimé le visa d’entrée pour les ressortissants de onze pays africains, dont l’Angola, le Botswana, le Cameroun, le Niger, la République Centrafricaine et la République Démocratique du Congo.

Une diversification du secteur qui fait la part belle au tourisme de luxe et au patrimoine culturel

Les évolutions du secteur touristique tunisien ont également entrainé un changement de stratégie, les professionnels du secteur s’orientant vers une offre plus haut de gamme et des vacances axées sur le patrimoine tunisien.

L’annonce de l’ouverture par la chaîne hôtelière internationale Four Seasons d’un hôtel à Tunis fin 2017 s’inscrit dans cet objectif de création d’une offre croissante de tourisme de luxe dans le pays et montre bien que le pays cherche à s’éloigner du tourisme de masse qui a caractérisé le secteur par le passé.

Les parties prenantes du secteur espèrent que le développement de ce type d’infrastructures touristiques ainsi que les attractions telles que les activités de loisir haut de gamme et le shopping avec TVA remboursée permettront d’attirer davantage de visiteurs en provenance des pays du Golfe.

Outre l’offre haut de gamme, des efforts ont été déployés afin de développer les attractions liées au patrimoine culturel tunisien.

Si le tourisme redémarre, les autorités notent toutefois qu’une majorité écrasante des attractions liées au patrimoine culturel du pays restent vides, avec seulement 60 des 3000 sites historiques que compte le pays ouverts au public. Les sites ouverts déplorent un manque de publicité, d’infrastructures et de possibilités de transport.

Les autorités recherchent actuellement des moyens de tirer profit du potentiel que représente le tourisme lié au patrimoine, avec à la clé notamment une augmentation espérée du nombre de visiteurs chinois dans le pays.