Les victoires de Daech en Irak et en Syrie, où il commence à asseoir son emprise sur une partie des territoires de ces pays, ne manquent pas de susciter des inquiétudes dans les pays de la région. Et c’est Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah chiite libanais, dont le mouvement est en première ligne dans la guerre menée par le régime de Bachar al-Assad contre les rebelles et Daech, qui tire la sonnette d’alarme contre cette menace.
“J’invite tout le monde au Liban et dans la région à prendre ses responsabilités face au danger que représente le projet ‘takfiri’, à sortir de l’hésitation et de la neutralité”, a affirmé, avant-hier, Hassan Nasrallah, lors d’un rassemblement à Nabatié à l’occasion du 15e anniversaire du retrait israélien du Liban. Cet appel traduit la gravité de la situation durant cette période où les terroristes de Daech alignent des victoires sur le terrain, en Syrie comme en Irak. Hassan Nasrallah qualifie, d’ailleurs, la menace que constitue la mouvance d’Abou Bakr al-Baghdadi de “danger existentiel” et estime que “la bataille contre le projet takfiri est une bataille existentielle à laquelle sont confrontés notre pays et notre région”. “Et lorsqu’il s’agit d’une bataille existentielle, toutes les autres passent au second plan”, dit-il. “Aujourd’hui, nous faisons face à un danger inédit dans l’histoire qui menace l’Humanité (…) Cette menace ne vise pas (spécifiquement) la résistance (le Hezbollah) au Liban, une confession particulière, le régime en Syrie, le gouvernement en Irak ou un groupe au Yémen. Le danger vise tout le monde. Personne ne doit faire la politique de l’autruche.”
Cette crainte est exprimée au moment où les chefs des armées des pays membres de la Ligue arabe sont en conclave depuis samedi au Caire avec, pour objectif, de se mettre d’accord sur la mise en place d’une force militaire conjointe et, en particulier, sur ses missions, son mode de financement et les conditions de son déploiement. Selon Morad Fathi, expert militaire, qui s’est exprimé sur Euronews, cette force conjointe “reflète la volonté de certains pays de préserver la sécurité nationale des pays arabes dans un premier temps et de combattre les groupes terroristes, il est aussi possible qu’elle mène des opérations d’aide lors de catastrophes naturelles”. Il a souligné que “la création de cette force est impérative pour combattre l’extrémisme et le terrorisme qui se propagent dans le monde arabe, mais sa mise en place est confrontée à d’énormes difficultés surtout à cause de profondes différences politiques entre les régimes”.
En attendant sa mise en place, certains régimes, comme celui de Bachar al-Assad, tentent de contenir la menace. L’aviation syrienne a, en effet, mené, hier, d’intenses raids sur la ville antique de Palmyre et sa banlieue, prise jeudi par le groupe (EI), faisant au moins 4 tués civils, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH). Mais cette réponse militaire est une “réponse nécessaire, mais pas unique”, selon la chef de la diplomatie européenne, Mme Federica Mogherini, qui s’exprimait, hier, à Rome, en recevant le prix 2015 de l’Institut d’études de politique internationale (Ispi). “Il ne sera possible de battre l’EI que si l’Irak devient un pays solide, démocratique, intégrant toutes ses composantes, ou encore si la Syrie se lance finalement sur la voie d’une transition démocratique et de la réconciliation nationale”, a-t-elle estimé, selon des propos repris par l’AFP.
M. T.