Au lendemain d’un vote de l’ONU déplorant l’impuissance de la diplomatie pour arrêter le conflit en Syrie, les groupes armés syriens ont subi de grandes pertes après que des rebelles eurent attaqué hier le bâtiment de la télévision d’Etat syrienne à Alep.
Dans la capitale économique du nord du pays, les rebelles se sont lancés dans la nuit à l’assaut du bâtiment de la télévision, autour duquel ils ont posé des explosifs avant d’être bombardés par l’aviation et de se retirer. De violents combats se déroulaient également samedi à Salaheddine et Seif Al-Dawla, deux quartiers de l’ouest d’Alep tenus par les rebelles, qui disent contrôler la moitié de la ville. A Tadamoun, un quartier dans le sud de Damas où sont retranchés de nombreux rebelles, l’armée a mené un «bombardement d’une intensité jamais atteinte jusqu’à présent», a précisé l’OSDH. Des combats ont également lieu à Jobar, selon l’OSDH. L’agence Sana a confirmé les combats à Tadamoun, expliquant que «l’armée a pourchassé les terroristes. Elle en a tué et arrêté un grand nombre et saisi des armes».
Face à la dégradation de la situation sécuritaire et humanitaire en Syrie, l’Assemblée générale de l’ONU, au lendemain de la démission de Kofi Annane, a adopté avant-hier une résolution à portée symbolique et sans portée contraignante, à la différence des textes adoptés par le Conseil de sécurité, qui dénonce notamment le pilonnage des villes rebelles par l’armée syrienne. Elle a été adoptée par 133 voix, 12 pays ayant voté contre, dont la Russie et la Chine, membres permanents du Conseil de sécurité qui ont déjà bloqué au Conseil de sécurité trois projets de résolution occidentaux condamnant le gouvernement syrien.
Les groupes armés subissent de grandes pertes
Pour leur part, les forces de sécurité syriennes ont repoussé hier plusieurs attaques de groupes armés, notamment une tentative de prise de contrôle d’une annexe d’un centre de radio et télévision syrienne à Alep au nord de la Syrie. Plusieurs individus armés ont été tués, et plusieurs autres blessés hier par les forces de sécurité syriennes, alors qu’ils essayaient de péné-trer dans un centre de radio et télévision dans la ville d’Alep, afin de l’occuper, selon l’agence de presse syrienne SANA : «Les forces de sécurité syriennes ont réussi samedi (hier) à éliminer plusieurs individus armés, alors qu’ils tentaient de pénétrer dans un centre de radio et télévision dans la ville d’Alep», a rapporté SANA. «L’armées syrienne continue de poursuivre des groupes armés dans plusieurs quartiers d’Alep, leurs infligeant des pertes humaines et matérielles considérables», ajoute SANA. Plusieurs hommes armés ont été également tués par l’armée syrienne au cours des échanges de tirs, près de Djanoudia (Jisr El Chghour), dans les banlieux d’Idlep, selon la même source, ajoutant que certains d’entre eux étaient déjà recherchés pour différents crimes. En outre, des éléments de la garde frontière de la région de Telkalkh, département de Homs (centre du pays) a mis en échec, tôt ce matin, une tentative d’infiltration de groupes armés en Syrie à Ouyoune El Chaara et à Halat, selon la même source, en annonçant la mort de certains d’entre eux et la fuite vers les territoires libanais de certains autres.
Un présentateur de la TV d’Etat syrienne tué
Par ailleurs, un présentateur de la télévision d’Etat syrienne Mohammad Al-Saïd, enlevé à la mi-juillet à son domicile à Damas, a été exécuté, a annoncé l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «Une figure connue de la télévision d’Etat syrienne a été exécuté et le Front Al-Nosra a revendiqué la responsabilité de ce meurtre», a affirmé hier à l’AFP le chef de l’OSDH, Rami Abdel Rahmane. Un communiqué d’Al-Nosra vendredi confirmait le rapt et l’exécution. Cependant, le directeur de la télévision officielle, Maan Saleh, a indiqué ne pas avoir de «preuves matérielles sur la véracité de sa mort». Reporters sans frontières s’était inquiété le 24 juillet du sort du journaliste, exhortant ses ravisseurs à le libérer et rappelant que «médias et journalistes, professionnels ou citoyens, ne doivent en aucun cas être pris pour cibles par les parties au conflit».
Juillet, le mois le plus meurtrier depuis le début du conflit
Plus de 4 000 personnes ont été tuées en juillet dernier, le mois le plus sanglant depuis le début de la révolte en Syrie en mars 2011, a affirmé hier Rami Abdel Rahmane, chef de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). «En juillet, au moins 4 239 personnes ont été tuées dans le pays», selon lui. Parmi elles, figurent 3 001 civils (dont ceux qui ont pris les armes), ainsi que 1 133 soldats et 105 déserteurs. Le second mois le plus sanglant a été juin avec 2 917 morts. «Chaque mois, le bilan ne cesse de s’alourdir», a-t-il précisé. A titre d’exemple, du 12 avril au 12 mai, c’est-à-dire au début de la mission des observateurs de l’ONU, le nombre de morts était tombé à 989. Le conflit a pris un tour de plus en violent avec des combats à Damas et Alep, les deux principales villes du pays. Au total, depuis le début du conflit, au moins 21 053 personnes ont péri dont 14 710 civils sans armes ou armés, 5 363 soldats et 980 déserteurs.
«Le nombre total n’inclut pas les milliers de détenus dont le sort est inconnu, ni ceux qui sont morts mais dont l’identité n’a pas pu être clarifiée», selon M. Abdel Rahmane.
Il est impossible d’avoir un bilan de source indépendante depuis que l’ONU a cessé de comptabiliser les victimes.
Le Cicr appelle les protagonistes au respect du droit international humanitaire
Le Comité international de la Croix-Rouge (Cicr) a appelé hier les protagonistes de la crise syrienne au respect des règles et principes du droit international humanitaire. Demandant ainsi «instamment à toutes les parties combattantes d’honorer les obligations qui leur incombent au titre du droit international humanitaire», a insisté Robert Mardini, chef des opérations du Cicr pour le Proche et le Moyen-Orient. Selon M. Mardini, «les blessés et les malades doivent pouvoir recevoir des soins sans délai. Les parties doivent prendre toutes les mesures possibles pour leur fournir les soins médicaux dont ils ont besoin ou pour faciliter leur évacuation».
Pékin rejette les critiques visant la position chinoise
La Chine a rejeté hier les critiques visant la position de Pékin sur la Syrie et accusé certains pays de «saper» une résolution politique du conflit syrien, au lendemain de l’adoption aux Nations unies d’une résolution critiquant l’impuissance du Conseil de sécurité à faire pression sur Damas. A ce propos, Wang Kejian, un haut responsable du ministère chinois des Affaires étrangères expliquera que «la Chine adopte une attitude positive et d’ouverture» concernant la Syrie. «Les pays qui formulent des critiques infondées à propos de la position chinoise sur la Syrie (…), en défendant leurs propres intérêts géostratégiques, tentent d’entraver ou même de saper le règlement politique du conflit. En même temps, ils tentent de faire porter la responsabilité des difficultés à d’autres pays», a-t-il soutenu.
Rapt de 48 pèlerins iraniens à Damas
Quarante-huit pèlerins iraniens ont été enlevés hier à Damas par des «groupes terroristes armés», a annoncé le consul iranien dans la capitale syrienne à la télévision d’Etat iranienne. «Des groupes armés terroristes ont enlevé 48 pèlerins iraniens qui se rendaient (en bus) à l’aéroport», a indiqué Majid Kamjou à la Chaîne publique IRIB qui a rapporté l’information sur son site.
Par Lynda Naili Bourebrab