De l’Orient au Maghreb,Grand malaise dans le monde arabe

De l’Orient au Maghreb,Grand malaise dans le monde arabe
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Avec l’expérience de la recherche d’une vie meilleure et la «démocratie» qui a démarré en Tunisie et en Egypte, même si le changement n’est pas profond comme les enfants de ses deux pays l’ont souhaité et pour lequel un nombre important ont sacrifié leur vie, la contagion est en train de toucher d’autres pays arabes dont les malaises socio-économiques sont similaires.

Ainsi, ce week-end est à retenir dans l’histoire du monde arabe car au même timing des protestations ont éclaté au Yémen, Bahreïn, Libye, tous réclament un changement. Un changement de régime et un changement social. Face à cette situation, Washington et Paris sont en course pour préserver leurs intérêts traditionnels et l’Union européenne cherche à se positionner alors que les institutions arabes, telles que la Ligue arabe, restent immobiles face à ces situations. Les spécialistes en relations internationales évoquent les révélations de WikiLeaks comme un moteur de la révolution tunisienne. D’autres parlent de cumul de malaise social et de la détérioration de la situation économique des pays arabes, et certains évoquent le projet américain appelé «projet du Grand Orient». En tout cas, les Arabes sont en train d’exprimer leur «grand» malaise et la répression a l’air d’être le moyen le plus efficace pour les autorités des pays concernés.

24 morts en Libye

Le guide Libyen, Mouammar Kadhafi, seul dirigeant arabe a avoir sous-estimé la révolution tunisienne qui pourtant a réussi à chasser le président Zine El Abidine Ben Ali, réfugié en Arabie saoudite, se trouve aujourd’hui face à une colère sociale qui a éclaté depuis mardi dernier dans plusieurs villes-clés de la Libye telles que Benghazi et Al-Baïda, alors que la télévision libyenne a montré des images de pro-Kadhafi. Le guide, au pouvoir depuis 42 ans, avait proposé aux Tunisiens d’adopter le modèle libyen «El Jamahiria» pour que la voix du peuple soit entendue et voilà que son modèle est protesté par les citoyens de son pays.

LG Algérie

Dans la matinée d’hier, «des milliers de manifestants antigouvernementaux sont descendus dans les rues de Benghazi», au lendemain d’une «journée de colère».

L’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch (HRW) indique, selon ses propres sources en Libye, que «les forces de sécurité ont tué au moins 24 personnes lors de leurs interventions contre les manifestants mercredi et jeudi».

Dans ce cadre, des militaires sont déployés à Benghazi, où des milliers de personnes sont descendues dans la rue au cours de la nuit pour protester contre la répression meurtrière de manifestations antigouvernementales. Dans la matinée d’hier, «des milliers de manifestants antigouvernementaux sont descendus dans les rues de Benghazi», au lendemain d’une «journée de colère». A ce titre, il a été rapporté que «des Algériens ont été arrêtés ce mercredi dernier en Libye par la police libyenne après les violentes manifestations».

Protestation demain au Maroc

Au royaume marocain, «une vingtaine d’associations civiles et de défense des droits de l’homme appellent à une grande marche de protestation pacifique prévue pour dimanche 20 février dans toutes les villes du Maroc». La liaison entre les prestataires, c’est Internet et les réseaux sociaux Facebook et Twitter. A ce titre, on parle de 10 000 inscrits dans différents groupes qui appellent à manifester.

Le Yémen entre anti et pro-régime

Au Yémen, il a été rapporté que des milliers de manifestants se sont rassemblés hier dans divers quartiers de la ville de Taïz, dans le sud du Yémen. Des sources médiatiques parlent de pas moins de 10 000 partisans du président Ali Abdallah Saleh qui «sont descendus dans les rues de cette ville, située à 200 km au sud de la capitale». Et bien avant il y avaient les protestataires contre ce régime.

Massacre au Bahreïn

Le Bahreïn est aussi sur la route d’une révolution populaire. Ce petit pays, qui abrite l’une des bases militaires les plus importantes des Etats-Unis, qui compte un million d’habitants, et qui est en pleine agitation, a vécu hier un massacre. Dans ce cadre, il a été rapporté que le plus haut dignitaire chiite du royaume, le cheikh Issa Kassem a affirmé hier que «cinq personnes ont été tuées dans des manifestations et l’intervention des forces de sécurité». Le cheikh s’exprime dans une mosquée dans un village chiite du nord-ouest de l’île royaume, où des milliers de personnes se sont massées pour les prières du vendredi. Par ailleurs, le Conseil de coopération du Golfe (CCG) s’est réuni jeudi soir à Manama pour examiner la situation à Bahreïn.

Les Egyptiens et les Tunisiens exigent plus

De leur côté, les Egyptiens qui ont réussi à chasser Hosni Moubarak attendent toujours que leurs revendications soient satisfaites car la bataille n’est toujours pas gagnée. Dans ce cadre, une marche a été organisée «en mémoire des 365 personnes tuées pendant les 18 jours de soulèvement contre le régime». Les jeunes du 25 janvier ont appelé, jeudi, à la formation d’un gouvernement «provisoire» pour la gestion des affaires du pays, composé de personnes «intègres et compétentes». Ils ont appelé aussi à la levée immédiate de l’état d’urgence, à plus de transparence dans les enquêtes sur les personnes accusées d’avoir tué des manifestants et à la dissolution du Parti national démocratique (PND). Pour les Tunisiens, le vide sécuritaire a l’air de menacer l’amélioration de la situation dans ce pays.

Il est à souligner qu’il n’y a pas que ces pays qui sont en agitation, même l’Iran a vécu hier des manifestations entre protestataires et partisans du régime. Ces derniers se sont rassemblés à l’université de Téhéran pour la prière du vendredi, criant «Mort à Moussavi, mort à Karoubi», après des manifestations tenues par des anti-régime. Hier, Radjab Safarov, directeur du Centre d’étude de l’Iran contemporain, a dit que les soulèvements populaires qui se produisent dans certains pays arabes n’auront pas de répercussions sur la situation politique en Iran.

Pour leur part, les Palestiniens sont sortis dans la rue pour réclamer une union entre les différentes parties pour pouvoir combattre un seul ennemi qui est «Israël».

Avec ces événements, le monde arabe, déjà en retard technologiquement et économiquement, voit son avenir incertain avec le fossé qui se creuse entre les populations arabes et leurs dirigeants.

Nacera Chenafi