De l’offshore à l’hydrogène : comment l’Algérie a redéfini sa puissance énergétique en 2025

De l’offshore à l’hydrogène : comment l’Algérie a redéfini sa puissance énergétique en 2025
Énergie en Algérie

L’année qui s’achève aura marqué un tournant décisif pour l’Algérie sur l’échiquier énergétique mondial. En douze mois, le pays a changé de dimension : afflux massif d’investissements étrangers, percée stratégique dans l’offshore et accélération assumée de la transition énergétique. 2025 ne fut pas une année de promesses, mais de confirmations.

Retour sur un basculement qui redessine durablement les équilibres énergétiques en Méditerranée et au-delà.
L’offensive était attendue, elle est désormais actée. Selon le dernier rapport de l’Energy Research Unit (Attaqa) basé à Washington, l’Algérie a transformé l’essai en 2025. Avec une réserve pétrolière consolidée à 12,2 milliards de barils et une ambition gazière fixée à 200 milliards de m³ par an, le pays ne se contente plus de gérer ses acquis : il change d’échelle.

Le « Big Bang » contractuel : L’alliance saoudienne change la donne

Le séisme dans le secteur des hydrocarbures est venu du Golfe. La signature du contrat de partage de production avec le géant saoudien Medad Energy sur le périmètre « Illizi Sud » marque un tournant majeur.

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L’investissement est d’ampleur : 5,4 milliards de dollars, intégralement portés par le partenaire saoudien sur 40 ans, pour une production estimée à près d’un milliard de barils équivalent pétrole. Ce projet, couplé au contrat de 1,08 milliard de dollars confié à l’égyptien Petrojet pour le gisement de Hassi Bir Rekaiz, confirme que l’Algérie est redevenue la destination privilégiée des capitaux régionaux.

« Algeria Bid Round » : Le retour en force des majors

Le succès du récent cycle de licences témoigne du regain d’attractivité du domaine minier national. Huit majors mondiales, dont le consortium QatarEnergy/TotalEnergies et le duo Eni/PTTEP, ont misé près d’un milliard de dollars sur cinq sites stratégiques. À la clé : des réserves colossales de 700 milliards de m³ de gaz qui sécurisent durablement les exportations vers le Vieux Continent.

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Mais la véritable surprise de 2025 vient de la mer. En s’alliant à l’américain Chevron pour évaluer son potentiel offshore, l’Algérie brise un plafond de verre. Les premiers appels d’offres internationaux pour l’exploration maritime, prévus pour 2026, pourraient bien révéler une nouvelle province pétrolière majeure en Méditerranée.

Hydrogène et Solaire : L’Europe mise sur le « SoutH2 Corridor »

Si le pétrole et le gaz assurent les revenus immédiats — maintenant l’Algérie au rang de 3ème producteur africain de brut avec une moyenne de 934 000 barils par jour — c’est sur le terrain de la transition que se joue l’avenir.

Le projet SoutH2 Corridor, reliant l’Afrique du Nord à l’Europe, est désormais en phase opérationnelle. Ce pipeline du futur ambitionne de couvrir 40 % des besoins de l’UE en hydrogène vert. Localement, la transition s’incarne par le béton et le silicium : avec la centrale d’Abadla, Sonelgaz lance un programme massif de 3 GW d’énergie solaire, portant déjà la capacité renouvelable actuelle à environ 619 MW.

En jouant sur les deux tableaux — la sécurité des fossiles et l’audace du renouvelable — l’Algérie réussit une synthèse rare. 2025 ne marque pas seulement une hausse des revenus, mais une véritable réorganisation géopolitique de l’énergie en Méditerranée.