De la manière que d’autres secteurs, la corruption ronge la justice

De la manière que d’autres secteurs, la corruption ronge la justice

La corruption est un fait établi depuis que notre pays a accédé à son indépendance. D’année en année, elle a pris une très grande ampleur, se chiffrant à des milliards de dollars qui sont détournés vers des comptes privés ouverts à l’étranger. Les fruits de la corruption sont très visibles si la justice était indépendante pour ouvrir des enquêtes et si elle n’était pas, elle-même, infectée par ce mal qui ronge toutes les sphères de la société.

Les enrichissements sans cause sont légion parmi les politiques (ministres, cadres et chefs de partis), les militaires de haut rang et, bien sûr, les magistrats qui croquent et ferment les yeux sur les grosses affaires, se contentant de poursuivre et de condamner avec sévérité les petits délinquants, voleurs à la tire et autres dealers.

A maintes reprises des magistrats – essentiellement de petits juges du siège ou des substituts, magistrats du parquet – ont été impliqués dans des faits de corruption, les plus hauts magistrats de la République, appartenant au Haut conseil de la magistrature n’ont, jusqu’ici, jamais été inquiétés alors que tout le monde sait et voit que, sans avoir hérité des fortunes, avec leurs seuls salaires, bien que réévalués, ils ne peuvent pas se constituer des patrimoines s’élevant à des centaines de millions de dinars pour certains d’entre eux. Les Algériens qui ne sont point dupes de la provenance de ces richesses illicites observent et constatent que la répression frappe toujours les plus humbles qui encombrent les prisons.

En effet, malgré les charges qui pèsent sur les puissants y compris des magistrats, aucun ministre, aucun procureur ni aucun juge et aucun général dont on voit également s’étaler l’opulence, ne s’y trouve.

Maître Miloud Brahimi qui connaît le système de l’intérieur prétend que « si tout le monde parle de la corruption de la justice, elle est le fait de l’avocat ». Ce serait, donc, ce dernier le fautif, celui qui corrompt le magistrat. Inversement, il n’y aurait pas eu d’avocat corrupteur s’il n’y avait pas de magistrat corrompu. Le magistrat est d’abord et avant tout un fonctionnaire avec lequel la loi est souvent impitoyable pour concussion. La vénalité des magistrats est, sans doute, l’un des plus grands crimes que puisse connaître une société fondée sur la justice et l’égalité entre les citoyens. Dans tous les cas de figure un fonctionnaire, a fortiori un magistrat, doit dénoncer la tentative de corruption à son égard. Or, certains magistrats algériens suscitent la corruption et la favorisent, se croyant à l’abri de toute poursuite et de toute sanction, à l’instar de certains hauts responsables de l’Etat.

Le Haut conseil de la magistrature a du pain sur la planche pour nettoyer ses rangs où, comme dans d’autres corporations de pouvoir, la corruption s’étend. Les magistrats honnêtes, cela existe aussi, qui ne vivent que de leur salaire sont interpellés pour appliquer, dans sa rigueur, le code pénal qui punit la corruption.

Par Brahim Younessi