Le procès tant attendu des 23 accusés impliqués dans l’affaire de l’autoroute Est-Ouest a été ouvert, hier, par le président du tribunal criminel d’Alger Tayeb Hellali, entouré de ses deux conseillers Hadj Mihoub Kamel et Hammadouche Ahmed et des deux membres du jury désignés après tirage au sort.
Le procès s’est ouvert en l’absence des deux avocats français et luxembourgeois constitués au profit du principal accusé Chani Medjdoub.
Ces défenseurs ont sollicité, dimanche dernier, la convocation du juge d’instruction ayant instruit l’affaire, du procureur de la République qui a ordonné l’ouverture d’une enquête judiciaire, et des éléments de la police judiciaire du département des renseignements et de la sécurité dépendant du ministère de la Défense nationale.
Les deux avocats, persuadés que leur demande ne sera jamais satisfaite par le président en charge du dossier car il a jugé que cela relève de la souveraineté nationale, n’ont pas fait le déplacement à Alger et se sont contentés d’envoyer, notamment des représentants des droits de l’homme dont une représentante de l’ambassade des Etats unis, pour assister à l’audience et par-delà relever les anomalies et carences !
Le président Hellali a ensuite demandé aux avocats commis d’office par le barreau d’Alger, en collaboration avec les services du parquet général de la cour d’Alger, Mes Aziz Brahimi et Chahrazed Si Labdi, de rester dans la salle d’audience pour assister le principal accusé Chani Medjdoub en cas de retrait de ses avocats Mes Belarif Mohand Tayeb et Sidhoum Amine.
Ce dernier a tout fait pour provoquer un incident d’audience mais le juge ne l’entendait pas de cette oreille et l’a rappelé à l’ordre à deux reprises, notamment lorsqu’ il est intervenu au moment où le président a donné l’ordre au greffier de ne plus donner la qualité du colonel Khaled. A ce moment-là, le président a lancé en direction de l’avocat : « Me, je ne veux plus que vous vous mêliez des affaires qui ne vous concernent pas ! Je suis l’ordonnateur ici. »
Le premier jour du procès a été consacré à la lecture de l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation qui se compose de 153 pages. Plusieurs noms de hautes personnalités dont des officiers supérieurs, des ministres, des cadres et fonctionnaires exerçant au sein, notamment, des ministères des Travaux publics et des Transports, un ambassadeur, le chanteur cheb Khaled, ont été cités par certains accusés poursuivis dans ce scandale financier ayant secoué l’Algérie en 2009.
Il convient de signaler que sur les 20 témoins convoqués par le tribunal criminel d’Alger, 12 n’ont pas daigné répondre aux convocations, à l’instar d’Oussama Soltani.
Le deuxième jour sera consacré à la lecture de l’arrêt de renvoi de la chambre d’accusation de la cour d’Alger, qui reproche aux mis en cause plusieurs chefs d’inculpation entre autres gestion d’une association de malfaiteurs, passation de marchés publics non réglementés et utilisation de la profession à des fins personnelles.