“De boussouf à kennedy ” de mohamed khelladi : À l’origine de la position américaine pour l’indépendance de l’Algérie

“De boussouf à kennedy ” de mohamed khelladi : À l’origine de la position américaine pour l’indépendance de l’Algérie

Ce récit se veut un témoignage sur un instant des activités du MALG et ses capacités à contrecarrer la propagande française durant la guerre de libération. Une anecdote dans le travail du renseignement à cette époque. Et son retentissant résultat : la déclaration de J. F. Kennedy.

Été 1957, le 2 juillet plus exactement, le sénateur J. F. Kennedy fait une déclaration au Capitole qui va créer un tournant, en termes de soutien de taille à la révolution algérienne. En effet, ce jour-là, le sénateur américain fait une déclaration fracassante en disant que le peuple algérien a le droit à l’indépendance. Choquante pour la France coloniale de De Gaulle pour qui les États-Unis sont un allié. Réaction immédiate de la France ! De Gaulle décide alors de quitter le commandement de l’Otan. Et c’est la rupture entre les deux puissances. La révolution algérienne marque ainsi un important point : une bataille diplomatique. Ce retournement a été provoqué par le génie du MALG restitué par un acteur et témoin de cette séquence, Mohamed Khelladi, chef de service de renseignement politicomilitaire du MALG, dans un ouvrage intitulé De Boussouf à Kennedy (chroniques secrètes) (éditions Casbah) dans lequel il apporte son témoignage sur comment a été récupéré le journaliste américain Joe Kraft, éditorialiste au New York Times, qui avait séjourné pendant un mois en Algérie à l’invitation de Guy Mollet. En effet, après un mois passé avec les militaires français, le journaliste publie un reportage largement positif sur la présence française en Algérie, ses réalisations… un article sur l’Algérie vue sous l’œil purement français. Une glorification mensongère que le MALG ne tardera pas à démonter en invitant le même journaliste à passer un autre mois, mais dans cette autre Algérie, celle que lui ont cachée les soldats français. Celle où habitent ceux que la France désignait par “les indigènes”. Avec de menus détails et des détours autour du contexte de l’époque marqué par le début de la fin des empires, Khelladi relate tout le séjour de Joe Kraft dans les maquis, les zones des enfumades, sa visite à la Casbah racontée dans le détail, des pans entiers de cette Algérie interdite, sous le siège qui vit l’injustice, l’humiliation, la marginalisation, la misère… les affres de la colonisation. Et c’est ainsi qu’il découvre le vrai visage de l’Algérie. Le visage que lui a “attribué” la France avec sa mission civilisatrice. Sérieusement choqué, troublé par ce qu’il avait vu, Joe Kraft repart aux États-Unis avec un autre reportage, contradictoire avec son premier. Sauf qu’il ne pouvait le publier au risque de se déjuger. Le NYT ne pouvait écrire une chose et son contraire. Mais le journaliste tenait à rendre public son rapport sur sa visite. Il décide alors de faire part de cela au sénateur J. F. Kennedy qu’il connaissait auparavant. Devant les images choquantes rapportées par le journaliste, le sénateur décide de ne pas se taire, décide de parler. Et c’est au Capitole qu’il a choisi de faire sa déclaration où il prend position en faveur de l’indépendance de l’Algérie. Une première aux États-Unis, et qui va ouvrir d’autres perspectives pour la révolution de 54. Bien entendu, ce livre ne représente qu’une infime partie de l’œuvre du MALG pendant la révolution. Et l’auteur refuse qu’il soit pris pour une publication pour un but d’autoglorification.

Djilali B.