De Benbouzid à Baba Ahmed, L’Ecole algérienne toujours dans la boue

De Benbouzid à Baba Ahmed, L’Ecole algérienne toujours dans la boue

«L’Ecole algérienne est sinistrée? Elle l’est toujours.»

Le système éducatif n’a pas encore trouvé la formule gagnante. De grève en grève, les élèves payent les frais.

De réforme en réforme, de replâtrage en replâtrage, l’Ecole algérienne tâtonne depuis plus de 20 ans. Les réformes entamées durant l’année 2000 par l’ancien ministre de l’Education Aboubakr Benbouzid, n’ont pas produit l’effet escompté.

Le défunt président Mohamed Boudiaf, n’a-t-il pas déclaré en 1992, que l’Ecole algérienne est sinistrée? Elle l’est toujours.

La grève entamée le 26 janvier dernier par le Syndicat national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Snapest), et qui a opté pour deux jours de débrayage renouvelables ne fait qu’accentuer la gravité de la situation de notre école. Quant à l’Union nationale du personnel de l’éducation et de la formation (Unpef) qui s’est jointe au mouvement, cette dernière a choisi d’entamer une grève d’une semaine renouvelable.

Le Snapest a décidé de revenir à la charge. Il a été décidé de mener une autre grève de trois jours, à savoir les 3, 4 et le 5 février. Cette décision selon les syndicalistes serait le fruit du mutisme du ministère de l’Education, quant aux revendications avancées par le syndicat.

Pour l’Unpef, il n’est pas question de lâcher prise. Cette dernière a emboîté le pas au Snapest en annonçant la reconduction de la grève, mais également l’organisation des sit-in dans les 50 académies à travers le territoire national.

Le Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest) s’est également joint au jeu. Ce dernier se contentera d’une grève d’une journée «reconductible» et ce «en fonction de l’attitude de la tutelle», à savoir le mardi 4 février.

Le président de l’Association nationale des parents d’élèves, M.Khaled Ahmed quant à lui, demande aux syndicats de faire preuve de plus de «sagesse», et également à «comprendre et assimiler les contenus des communiqués du ministère de l’Education et celui de son association». Par ailleurs, Khaled Ahmed a signalé que le temps choisi pour ce débrayage n’est pas le moment opportun, surtout qu’un retard de presque trois semaines est déploré, mais également l’élection qui est prévue pour bientôt. «le deuxième trimestre touche presque à sa fin» a-t-il dit. Ajoutant: «Notre association n’est pas habilitée à juger si cette grève est légitime ou non. Ce jugement figure parmi les prérogatives de la justice. C’est elle qui doit trancher sur la légitimité d’une grève.» En outre, Khaled Ahmed a indiqué que des syndicalistes lui ont fait part que la tutelle n’a pas honoré ses engagements envers eux.

Fait bizarre dans cette affaire. Habituellement, les institutions ont toujours saisi la justice quand il s’agissait de grèves. Or pour cette fois, ni le ministère de l’Education, ni les syndicats n’ont saisi la justice. A noter que la quasi-totalité des débrayages sont déclarés illégaux.

Voulant avoir la version du ministère de l’Education sur ce fait, la cellule de communication est restée injoignable durant toute la journée d’hier. Cette grève pénalise lourdement les élèves qui se retrouvent une fois de plus otages de leurs système éducatif. Les revendications s’articulent autour des augmentations de salaires, le reclassement de certaines catégories de fonctionnaires et l’instauration de la prime du Sud. En outre, le droit à l’enseignement et le droit à la grève sont tous deux garantis par la Constitution, à savoir l’article 57 et 53. Seulement, pour les syndicalistes le choix est vite fait. Les élèves en font les frais, comme à chaque fois. D’un autre côté, les deux parties se rejettent la balle. Le ministère de l’Education a réaffirmé samedi dernier son engagement à tenir les promesses faites aux différents partenaires sociaux et contenues dans les procès-verbaux signés avec ces derniers. Les portes du dialogue selon le communiqué de la tutelle, restent ouvertes pour satisfaire les revendications des syndicats. Pour leur part, les syndicats s’obstinent. Ces derniers ne voient pas les choses comme les voit la tutelle. M. Meriane Meziane, le coordinateur national du Snapest, estime «il est vrai que le ministre a fait des promesses pour satisfaire nos revendications, mais jusqu’à aujourd’hui ces promesses ne sont pas finalisées par un calendrier de concrétisation» ajoutant «nous ne disons pas que les portes du dialogue sont fermées mais nous estimons que nous n’avons pas eu de véritables négociations sur les préoccupations que nous soulevons».

Concernant les déclarations du ministre de l’Education, selon lesquelles il aurait reçu les syndicats, Larbi Nouar, coordinateur national du Cnapest, a indiqué que «nous n’avons eu aucun contact avec la tutelle depuis le 29 décembre dernier».

Peut-être qu’il s’agit d’un problème de génération. Selon une étude réalisée par le groupement territorial de la Gendarmerie nationale d’Alger, et qui a été rendu public, il a été établi que 40,1% des auteurs de crimes tels que les homicides, les vols et le trafic de drogue, font partie de la catégorie desjeunes touchés par la déperdition scolaire.