C’est peine perdue pour les initiateurs de la marche du samedi, les Algériens ont apparemment décidé de zapper cet événement dont ils connaissent peu les objectifs réels. Que feront les initiateurs de la CNDR, aujourd’hui, eux qui, deux semaines de suite, constatent que la rue n’a pas répondu à leur appel ?
Alger et ses environs sont restés calmes, indifférents, les jeunes et moins jeunes ont rejoint leur hobbies quotidiens, footing, billards ou autres activités ludiques. Dans les cafés, c’est le traditionnel café-crème, le journal pour aller aux nouvelles et les discussions sur le match de foot de la veille et les commentaires d’usage sur l’actualité. Un menu tout à fait banal et la vie continue.
Les potaches, pour leur part, n’ont pas oublié leurs cours de soutien pour les examens qui pointent le bout du nez. La circulation était plus fluide, le temps printanier, les magasins situés sur l’axe Ben M’hidi-Didouche étaient ouverts en grand nombre, avec surtout leurs soldes attrayants, les marchés bien achalandés comme d’habitude. Rien qui puisse trahir une quelconque panique des citoyens et des commerçants, pour des rideaux fermés, ou pour des achats massifs avec la constitution des réserves de biens essentiels. Lassitude, apathie, méfiance envers des organisations qui naissent spontanément, c’est tout ça. Et ce n’est que logique car comment peut-on faire marcher sans le moindre agenda précis ? De plus, certaines sont si promptes à prendre des décisions (l’organisation de marches) sans discussions au préalable avec les concernés, ce qui les met d’emblée en porte-à -faux avec les nobles principes de la démocratie, déjà . Dans certains quartiers, la veille même de la marche, les riverains ont tenu poliment «à recommander aux marcheurs qu’ils ne les dérangent surtout pas et n’entravent pas leur quiétude quotidienne». A Belcourt, «les mises en garde» auraient circulé des jours durant, selon certains témoignages. Ça «perturbe» la vie, surtout lorsque ces actions sont «répétitives à n’en plus finir, juste pour marcher», ajoute-t-on.
Les Algériens sont-ils indifférents à ce genre d’initiatives qui annoncent a priori des changements ? Ce serait une manière de mentir à soi-même. Mais il est évident que c’est «la manière qui est discutable», nous dit un citoyen. Et puis, il faut se méfier des conséquences d’un «débat de rue», dit-il. Que signifie, aujourd’hui, cette «nouvelle mode», (sortir dans la rue) qui s’empare brusquement de tous les pays arabes (comme par hasard). Les images sont là , les conséquences sont désastreuses avec les inévitables débordements, les pillages, les règlements de comptes. On ne gagne rien à tout perdre.