Darfour : Le chef rebelle, Abou Garda devant la Cour Pénale Internationale

Darfour : Le chef rebelle, Abou Garda devant la Cour Pénale Internationale
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Pour la première fois, le chef d’un groupe rebelle au Darfour s’est présenté, lundi 18 mai, devant les juges de la Cour pénale internationale (CPI) où il est poursuivi pour crimes de guerre. Bahar Idriss Abou Garda (46 ans), chef du Front uni pour la résistance (URF), est soupçonné d’avoir participé, le 29 septembre 2007, à une attaque contre la base de la Mission de l’Union africaine au Soudan (MUAS) à Haskanita (Nord-Darfour) au cours de laquelle douze soldats furent tués.

Cité à comparaître par la CPI, Abou Garda s’est rendu volontairement. Au cours de l’audience, rapide et formelle, il a simplement décliné son identité. Et sa « profession : commandant politique ». Pour preuve, le chef rebelle, entouré de « tous les responsables de l’URF », a profité de son passage à La Haye pour délivrer un message politique lors d’une conférence de presse.

Si Abou Garda a esquivé les questions, il a clairement exposé ses ambitions. »Nous avons besoin d’un chef pour le Darfour. Nous voulons une unification (des forces rebelles contre le régime de Khartoum). Nous devons agir ensemble, positivement. » Le chef de l’URF ne cache pas les dissensions au sein des groupes rebelles. « Je voudrais dire aussi que certains rebelles, spécialement le groupe de Khalil Ibrahim (chef du Mouvement pour la justice et l’égalité, ou JEM), ont fait de la propagande. Et ils ne doivent pas utiliser cette affaire pour affecter l’URF », lance-t-il avant de diriger ces attaques contre le président soudanais, Omar Al-Bachir.

« Un responsable politique doit faire face à la justice, affirme Bahar Idriss Abou Garda. « Je l’appelle, ainsi que les autres, à venir affronter la justice, ici. ». Le chef de l’Etat soudanais est sous le coup d’un mandat d’arrêt émis le 4 mars par la justice internationale, pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre. Mais il refuse toute coopération avec la CPI, et notamment de remettre son ministre des affaires humanitaires, Ahmed Haroun, et le chef de la milice progouvernementale janjawid, Ali Kosheib. Depuis 2003, la guerre au Darfour a fait plus de 300 000 morts.

En acceptant de se présenter volontairement devant la Cour, Abou Garda a échappé à un mandat d’arrêt. Son procès ne s’ouvrant pas avant plusieurs mois, le chef rebelle est donc reparti libre de La Haye. « Pour retourner faire la guerre », commente un membre de la Cour, avant d’ironiser : « C’est un coup d’Etat ! Il se présente devant la communauté internationale comme une alternative politique pour le Soudan. »

Deux autres chefs rebelles, dont les noms restent confidentiels, sont poursuivis par le procureur pour les crimes d’Haskanita. Ils pourraient également se rendre.