Silence rompu. Le reste des membres de la mission consulaire algérienne à Gao (Mali), enlevés le 5 avril dernier et détenus depuis par le Mouvement de l’unité et du djihad en Afrique de l’Ouest (Mujao), est apparu dans une vidéo diffusée par l’agence mauritanienne Al Akhbar. Un et un seul message : supplier Bouteflika de leur faire retrouver la liberté en accédant à la demande du Mujao.
Courte vidéo et forte surenchère terroriste. Postée sur le net, la vidéo est concise. Décor classique des prises d’otages : un lieu indéterminé, deux otages assis, vêtus dans la pure tradition bédouine soignée aux nouveaux apparats afghans, barbes touffues et moustaches gommées. En arrière-fond, des vigiles qu’on devine debout et armés. Les deux otages s’expriment dans un arabe d’école. Sans fioriture. Texte appris, visiblement. Les deux délivrent un seul et même message : un appel au président Bouteflika de les tirer de là, en satisfaisant à la demande de leurs ravisseurs.
«Nous demandons au président Bouteflika de trouver une solution, de satisfaire à la demande de la “Djamaa” pour qu’on puisse rentrer chez nous», déclame le premier, poursuivant : «Nous avions la possibilité de quitter Gao avant l’enlèvement mais nous nous sommes pliés à la recommandation du ministère des Affaires étrangères de rester sur place et de veiller aux intérêts de notre communauté.» Le second otage ne commet pas ce rappel. Il s’en tient à implorer le président Bouteflika et le gouvernement d’agir. Le consul d’Algérie à Gao apparaît dans la vidéo. Il a les traits tirés. Il a, lui aussi, dit quelque chose mais c’est resté inaudible sur la vidéo. Le quatrième otage, Tahar Touati, dont le Mujao avait annoncé l’exécution en septembre dernier, n’apparaît pas. A-t-il été véritablement exécuté ?
Ou a-t-il soustrait exprès de la mise en scène pour juste accréditer la thèse de son exécution ? Question sans réponse. Le ministre des Affaires étrangères Mourad Medelci avait, au lendemain de l’annonce de l’exécution, affirmé que son département procédait aux vérifications. Jusqu’à aujourd’hui, Medelci refuse de partager le résultat de sa vérification. Officiellement, on ne sait rien de ce qui est advenu de Tahar Touati. Même le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Amar Belani, qui a réagi à la vidéo de ce mercredi, ne dit rien au sujet du vice-consul.

«Je n’ai pas de commentaires particuliers à formuler au sujet de cette vidéo, mais je vous confirme que l’appareil de l’Etat algérien est pleinement mobilisé pour obtenir le retour sain et sauf de nos compatriotes, que les contacts se poursuivent avec différents interlocuteurs et à travers différents canaux», a-t-il déclaré. Amar Belani reste réservé sur la demande réitérée par le Mujao à travers la vidéo, à savoir le paiement d’une rançon. Il ne dit rien à ce sujet. On sait que l’Algérie a érigé le non-paiement de rançon aux terroristes en principe immuable.
S. A. I.