Pour parer à leurs manœuvres frauduleuses, un comité intersectoriel “va évaluer les besoins réels du marché algérien pour passer au système des licences d’importation afin de limiter les quotas, à l’instar de ce qui se pratique en Tunisie et au Maroc”, recommande cette enquête.
De graves irrégularités ont été relevées par une étude transmise par le ministère du Commerce au Premier ministre portant sur l’activité des concessionnaires durant les exercices 2013-2014, actualisant celle déjà réalisée pour la période 2010-2012.
Ce document, par ailleurs, basé sur des données douanières et celle du Centre national du registre du commerce, révèle que si le gain global est de 18 milliards de dinars en 2013, huit concessionnaires ont enregistré, toutefois, des déficits importants allant jusqu’à 742 millions de dinars pour un concessionnaire d’une marque française que le rapport ne cite pas. Il s’agit, selon cette enquête, de certaines pratiques financières utilisées par les concessionnaires visant à transférer plus de capitaux vers l’étranger, augmenter les charges et équilibrer leur comptabilité pour échapper au contrôle financier et fiscal du pays.
Accablant, ce document révèle que les importations en 2014 ont intégré une hausse des prix à l’importation de près de 9%, faisant apparaître un réajustement des prix moyens unitaires des véhicules, passant de 955 165 DA en 2013 à 1,054 million de dinars en 2014 alors que le taux de change nominal dollar/dinar ne s’est déprécié que de 1,1% entre 2013-2014.
Recommandant une opération de vérification des déclarations douanières (prix, factures déclarées, origine du produit…), l’étude explique comment les concessionnaires ont provoqué l’inflation à travers des ajustements tarifaires, d’autant que la baisse des ventes dans le monde devait se traduire par une baisse des prix à l’importation ! Autre irrégularité flagrante, les trois premiers importateurs de véhicules (deux marques européennes et une asiatique) mobilisent à eux seuls 2,5 milliards de dollars, soit près de 50% de la totalité des importations en 2014, à tel point qu’un concessionnaire pourrait générer un gain d’un milliard de dollars. Au plan des parts de marché, il a été constaté une dégradation prononcée de la participation des filiales étrangères dans le résultat global de filière.
En ce sens, si les parts de marché détenues par les filiales étrangères en 2014 ont été de 52%, ce montant a participé à hauteur de 25% du bénéfice global de la filière, alors que les entreprises, dont l’actionnariat est algérien, ont détenu 48% de parts de marché mais avec une participation au bénéfice global de la filière à hauteur de 75%, soit le triple des filiales étrangères. Aussi, le secteur a enregistré, en 2013, un volume d’affaires de 714 milliards de dinars, soit une hausse annuelle de 4% contre 54% en 2012 ! Une première dans ce marché qui a, pourtant, en 2013, atteint un pic de 6,17 milliards de dollars, en 2014, 5,2 milliards, soit 9% des importations globales du pays.
Enfin, révèle l’étude, “en l’absence d’instrument de régulation et d’analyse prospective, le pays s’est transformé en un vaste espace de stockage, générant ainsi pour les concessionnaires des coûts supplémentaires, ce qui est de nature à renchérir davantage les prix des véhicules”.
F.B.