Décidément, la série noire n’en finit pas pour le patron de l’ex-parti unique. Celui qui a remis en cause, publiquement, les mesures prévues par l’article 80 de la loi organique, portant régime électoral, alors que ce sont ses députés qui en sont les instigateurs, vient de se faire, très sévèrement, moucher par le ministre de l’Intérieur.
La loi des séries existe. Et ce n’est certainement pas le patron du FLN, Abdelaziz Belkhadem, qui prétendra le contraire.
Après avoir été «éjecté» du gouvernement, où il occupait le poste inédit et tant convoité par d’autres de ministre d’État, représentant personnel du président de la République, après avoir subi un douloureux revers en matière de nombre de communes et de wilayas contrôlées à cause de l’indiscipline de ses «élus» qu’il a voulu imputer à la loi, voilà que c’est le ministre de l’Intérieur, Daho Ould Kablia, qui vient de finir d’enfoncer le clou en s’en prenant à lui, même s’il ne le cite pas nommément.
Interpellé par les journalistes au niveau de l’APN, en marge d’une séance de questions orales, Ould Kablia n’est pas allé avec le dos de la cuillère pour stigmatiser l’attitude de ceux qui viennent aujourd’hui, avec le FLN à leur tête, remettre en cause un article ayant acquis la force de la chose jugée, et ayant amendé de facto toutes les mesures antérieures, ayant pu le contredire.
«Je rejette la polémique soulevée par certains partis politiques, au sujet de l’application de l’article 80 de la Loi électorale, portant désignation du président d’APC», a, en effet, déclaré le ministre de l’Intérieur.
Cela, avant d’enchaîner pour dire que «ces partis fuient leurs responsabilités, en créant des situations de conflit, pour seul but d’arracher le poste de président d’APC». Et de rappeler que «les seules modalités applicables à l’élection du président d’Assemblée populaire communale sont celles prévues par l’article 80 de La loi organique n° 12-01, du 12 janvier 2012, relative au régime électoral. Toutes dispositions contraires, y compris celles de l’article 65 de la loi relative à la commune, sont abrogées de facto».
Belkhadem, qui a précisément fait valoir ce fameux article 65, est forcément bien placé de savoir qu’il fait fausse route, qu’il verse dans l’agitation et la stérile polémique, sachant qu’il est entouré par une armée d’avocats qui ne doivent,certainement pas ignorer qu’une loi organique abroge de facto toutes les autres lois, décrets ou mesures, si celles-ci la contredisent ou ne vont pas dans le même sens.
Considérant qu’«il n’y a aucune faille dans la loi» et que «l’article est très clair», Ould Kablia fait valoir au FLN que la révision des lois est soumise à des dispositions, strictement, fixées et arrêtées par la législation.
Pour rappel, le FLN a demandé l’abrogation de l’article 80 -qui stipule que la désignation du président d’APC se fait dans les quinze jours qui suivent la proclamation des résultats des élections par un vote, auquel prennent part l’ensemble des élus- au motif que grâce à des alliances «inattendues», cette disposition lui a fait perdre des APC, où il était, pourtant, majoritaire.
Ces mesures, que le FLN avait luimême tout fait pour faire adopter au niveau du Parlement, dans le cadre de la mise en oeuvre des réformes politiques, initiées par le président Bouteflika, placent celui-ci dans la peu enviable place de l’arroseur arrosé. Par ailleurs, le ministre a annoncé que 1 300 APC ont été installées, à ce jour, et que l’opération était censée s’achever hier, dernier délai des 15 jours, impartis par la loi.
Les plus de 300 communes restées sans maires posent, ainsi, un sérieux problème, aussi bien en ce qui concerne leur gestion, qu’en matière d’application sur le terrain du plan quinquennal du président, attendu que les administrateurs prévus en de pareils cas de figure doivent se limiter à évacuer les affaires courantes, en attendant la tenue d’élections partielles.
Pour le restant des communes, où un maire a pu être «élu», il y a fort à parier que beaucoup d’entre elles risquent de connaître, dans un proche avenir, d’inextricables situations de blocage, sachant que les alliances contractées étaient, dans la plupart des cas intéressées, forcées, politiciennes, ou à fortes connotations revanchardes.
Wassim Benrabah