Dans un rapport de son conseil de sécurité: Sombre constat de l’Union africaine sur le Sahel et la Libye

Dans un rapport de son conseil de sécurité: Sombre constat de l’Union africaine sur le Sahel et la Libye

L’UA veut organiser sa propre conférence internationale sur la Libye en 2019, où l’instabilité politique et sécuritaire est aussi alimentée par la situation chaotique qui prévaut dans les pays du Sahel.

La situation sécuritaire en Libye et dans le Sahel inquiète fortement l’Union africaine qui a élaboré un rapport des plus sombres, ont rapporté les agences de presse à Addis-Abeba, où l’organisation panafricaine a tenu dimanche et lundi son 32e sommet. Outre le constat de la situation sécuritaire “tendue” à Tripoli, le lancement d’une offensive armée dans le sud de la Libye constitue un motif à inquiétude au sein du Conseil de paix et de sécurité de l’UA qui affirment que “dans cette région des groupes extrémistes et des gangs criminels opèrent librement”.

Et d’expliquer, dans le même rapport sur l’état de la paix et de la sécurité en Afrique, qu’“Al-Qaïda et ISIS (l’autoproclamé État islamique ou Daech, ndlr) font partie de ces groupes, qui sont impliqués dans des incidents de kidnapping et de meurtres et sont aussi impliqués dans la contrebande et le trafic.

Leurs opérations vont au-delà des frontières de la Libye et embrasent les pays voisins et toute la région”.

Même s’il se félicite des efforts fournis, aux niveaux régional, continental et international, pour sortir la Libye de la crise, le rapport de l’UA estime qu’il est nécessaire de travailler davantage. Ainsi, il suggère à la Commission africaine “d’accélérer les efforts pour organiser une conférence internationale à Addis-Abeba en 2019 sous les auspices de l’UA et de l’ONU pour aborder la question de la réconciliation en Libye”, a rapporté l’APS. Le même constat et sentiment d’inquiétude est à relever dans les déclarations du commissaire de l’Union africaine pour la paix et la sécurité, Smaïl Chergui, concernant la situation sécuritaire dans la région du Sahel et qui alimente, en partie, le climat d’instabilité en Libye et les filières d’immigration clandestine en partance vers l’Europe.

“Le terrorisme est en progression dans le Sahel”, a déclaré M. Chergui lors d’une conférence de presse à Addis-Abeba, en marge du sommet de l’UA. M. Chergui a insisté sur “la montée en puissance des groupes terroristes agissant dans le nord du Burkina Faso, frontalier avec le Mali, où les populations isolées sont confrontées presque quotidiennement à des attaques criminelles et terroristes”, a rapporté l’AFP.

“Les mouvements terroristes se multiplient, s’acharnent sur les populations civiles et les institutions de ces pays”, a-t-il ajouté, mettant également l’accent sur les violences meurtrières engendrées par les tensions interethniques et intercommunautaires autour des points d’eau et de zones de pâturage. La combinaison des attaques avec des conflits interethniques ainsi que des conflits entre communautés pastorales et agricoles “entraîne un niveau sans précédent de violence”, a déploré M. Chergui, expliquant encore que “le Sahel connaît une situation sans précédent en matière de défi sécuritaire”.

Le diplomate algérien estime que la réponse à apporter au terrorisme n’est pas seulement militaire, mais elle est aussi d’ordre socioéconomique.

“Il ne faut pas uniquement une réponse militaire et sécuritaire, il faut aussi s’assurer que personne n’est laissé pour compte en termes de développement, d’engagement politique et de justice”, a-t-il souligné, assurant qu’“il faut donner des emplois aux jeunes quand c’est possible”.

Lyès Menacer