Le dossier de la Centrale syndicale fera office de véritable document de travail aussi bien pour les professionnels, les chercheurs que pour les employeurs.
Employés dans les entreprises publiques et privées, coût réel de la réhabilitation des entreprises publiques déficitaires, l’Ugta dit tout. Dans un document exhaustif transmis au gouvernement à quelques jours du déroulement de la 20ème tripartite, la Centrale syndicale a réservé tout un chapitre au monde du travail et de l’emploi en Algérie. C’est ainsi que le document nous apprend avec précision que l’Algérie compte 3.212.088 travailleurs dans le secteur économique et 3.103.410 employés dans la Fonction publique.
Soit un total de 6,3 millions de salariés. C’est la première fois où l’ont tient un chiffre aussi précis du nombre de salariés affilés à la sécurité sociale. Habituellement, l’ONS ne nous livre que des bribes de chiffres, loin de donner une image précise sur la situation du marché du travail. A ce titre, souvent parasitée par l’informel, la politique algérienne de l’emploi et de gestion du marché du travail mérite une évaluation et une rénovation.
«Nous avons toujours plaidé pour une gestion transparente du monde du travail et c’est pour cette raison que nous participons, avec ce document, à éclairer un peu plus le tableau de bord du gouvernement et des décideurs», a indiqué un responsable d’une fédération de l’Ugta ajoutant que «la Centrale syndicale n’a jamais cessé de plaider la préservation de l’emploi en Algérie», a ajouté ce responsable. A ce titre, le document de l’Ugta rapporte avec précision également le coût de la réhabilitation des entreprises du secteur économique.
Ainsi, note le document, dans le cadre de la mise en oeuvre des tripartites de 2010 à 2015 les dettes de 560 entreprises, évaluées à 359 millions de dollars, ont été effacées d’un trait. Cela a permis de sauvegarder 1,1 million d’emplois. Quant au coût de la réhabilitation, par des opérations d’investissement et de modernisation de ces entreprises, l’Etat a déboursé près de 19,17 milliards de dollars.
Les efforts des autorités pour sauvegarder et encourager l’emploi se manifestent également par d’autres procédés envers la frange des jeunes. Elle s’exprime notamment par le biais de la coordination intersectorielle entre l’Ansej et la Cnac et l’intervention des walis pour donner la priorité aux jeunes promoteurs en leur réservant 20% de la commande publique. Mais cela est loin de résoudre définitivement le poids du chômage qui touche particulièrement les jeunes. Selon les chiffres révélés dernièrement par l’Office national des statistiques le taux de chômage des jeunes âgés entre 16 et 24 ans, a augmenté à 26,7% en septembre dernier (contre 24,7% en avril dernier). Par niveau de qualification, il est observé que la hausse enregistrée dans le taux de chômage a concerné davantage les personnes ayant un niveau d’instruction supérieur.
Le taux de chômage des diplômés de l’enseignement supérieur a augmenté à 17,7% en septembre dernier (contre 13,2% en avril), celui des diplômés de la formation professionnelle à 13% (contre 12,1%), tandis que le taux de chômage des personnes sans diplôme a baissé à 7,7% en septembre (contre 8,3% en avril). Mais au sein de la population en chômage, près de 45% sont des personnes non diplômées (570.000 chômeurs), 28,2% sont des diplômés de l’enseignement supérieur (358.000 chômeurs) et 27% sont titulaires de diplômes de la formation professionnelle (343 000 chômeurs).
Phénomène paradoxal: en dépit de ce taux de chômage, ce n’est pas le travail qui manque. Si on prend l’exemple de la wilaya d’Alger, le nombre d’emplois refusés est éloquent. Plus de 68% des 135.464 emplois proposés par des entreprises ne trouvent pas preneurs en raison des réticences à l’égard du secteur du bâtiment, travaux publics et hydraulique (Btph), a indiqué le directeur de l’emploi de la wilaya, Boudiaf Mohamed Charaf Eddine. La question interpelle aussi les concernés mais aussi les sociologues et les responsables politiques. Quelle explication plausible peut justifier qu’un chômeur refuse un poste de travail alors que la vie devient de plus en chère? Mystère ou paradoxe algérien.