Dans un discours de plus d’une heure et demi, Ali Benflis ratisse large

Dans un discours de plus d’une heure et demi, Ali Benflis ratisse large
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Ali Benflis a annoncé officiellement sa candidature à la présidentielle du 17 avril prochain.

C’est un candidat un peu différent de celui de 2004 qui a décliné les grands axes de son programme électoral. Un candidat différent de 2004 en ce sens que Ali Benflis s’est départi de l’esprit revanchard qui a caractérisé la campagne électorale d’il y a dix ans. Il a au contraire pour cette fois-ci prôné le renforcement de la réconciliation nationale. Sinon, pour tout le reste, le long discours qu’il a fait ce matin à l’hôtel Hilton devant la presse nationale et internationale est le même que celui de 2004.

D’ailleurs, il en est de même pour les quelques soutiens présents, tels que Abdelkader Salat qui reprend son poste de directeur de campagne, Lotfi Boumghar qui s’occupera du pôle de communication, quelques députés du FLN et des journalistes venus leur réitéré le même soutien qu’en 2004. Ceci, avec quand même la présence très remarquée de l’ex-PDG de Sonatrach, de 1999 à 2000, limogé par Chakib Khelil en raison de son opposition à la manière avec laquelle l’ex-ministre de l’Energie gérait le secteur des hydrocarbures.

L’ex-chef du gouvernement, voulant ratisser large, a abordé tous les secteurs et tous les thèmes brûlants. L’ex-procureur général près la Cour de Constantine, commencera son allocution de 1h 45mn par son domaine de prédilection. La justice en l’occurrence. « Le peuple algérien rejette avec toute son énergie le déni de justice, car elle est une atteinte à la dignité humaine et la raison principale de l’effritement de la confiance des citoyens en leur Etat et en leur système judiciaire », dira M. Benflis qui sera interrompu à plusieurs reprises par les applaudissements de ses inconditionnels adeptes.

Pour l’orateur, il y a suffisamment de lois dans ce pays. « Mais il a manqué la volonté politique de les appliquer dans toute leur rigueur et leur équité» aussi, s’est-il engagé, s’il est élu, « à prendre toutes les mesures pour libérer le juge de toutes les contraintes pour faire en sorte qu’il n’obéisse qu’à la loi et à sa conscience ». En somme Ali Benflis veut faire appliquer une disposition du code des procédures pénales qui veut que le magistrat ne se soumette qu’à la loi, sa conscience et à son intime conviction en matière criminelle. Cependant le candidat n’a aucun moment fait allusion à une éventuelle révision du tribunal criminel, comme le revendique beaucoup d’acteur dans la justice.

La lutte contre la corruption comme cheval de bataille

Alors qu’il a lui-même été accusé d’avoir financé sa campagne électorale en recevant de l’argent de la part de corrupteurs politiques (sans que personne n’ait apporté la moindre preuve), le fondateur de la ligue algérienne des droits de l’homme en 1987, veut faire de la lutte contre la corruption son cheval de bataille. « Nous apprenons par la presse, nous entendons et nous voyons autour de nous que la corruption quotidienne s’est généralisée et n’a épargné aucun service de base du pays.

Le problème n’est donc pas seulement la corruption administrative mais également la corruption politique, celle qui garantit l’impunité, altère l’indépendance de la justice et porte préjudice aux finances publiques », lance-t-il sur un ton passionné. Il dira aussi que ce phénomène a atteint un stade préoccupant qui menace les fondements de l’Etat. Aussi, s’engage-t-il « devant Dieu et devant le peuple algérien, à combattre de façon permanente et déterminée les causes profondes du fléau de la corruption par la transparence dans les actions de l’Etat, la répression des corrompus et des corrupteurs, ainsi que par l’allègement et la simplification des procédures administratives et bureaucratiques qui sont en grande partie à l’origine de la corruption ». Il appellera d’ailleurs à un pacte national contre la corruption.

Le candidat bifurquera ensuite vers la dépénalisation de l’acte de gestion en protégeant les cadres de l’Etat, mais aussi à la préservation de l’économie nationale. A ce sujet, il rassurera les opérateurs privés, dont il dit, qu’il les a déjà écoutés et compris leur message et « du haut de cette tribune je leur dis : je suis porteur d’un programme qui prend en charge vos préoccupations et qui apporte des solutions novatrices » et M. Benflis de lancer un pari : « A ceux qui soutiennent que l’Etat algérien ne peut pas relever ce défi empêtré qu’il est dans les méandres de la bureaucratie, j’affirme haut et fort qu’il sera possible de relever ce défi dans l’Algérie de demain, celle qui créera la synergie entre l’action de tous ses enfants ». Il parlera beaucoup des moyens de sortir de la rente des hydrocarbures en encourageant la production nationale, publique ou privée.

Ali Benflis abordera également les autres sujets, tels que l’hommage à l’ANP, notamment après la prouesse qu’elle a réalisé à Tiguentourine. Ou encore le secteur de l’éducation, la diplomatie algérienne et la coopération avec les Etats. Mais aussi la liberté de la presse qu’il dit défendre inconditionnellement et le droit du citoyen à l’information. Toutefois, il ne soufflera mot sur les droits des femmes et le code de la famille qui fait d’elles des citoyennes de seconde zone.

Faouzia Ababsa