Dans le «top 5» des perdants des fuites de capitaux en Afrique 173 milliards de dollars «algériens» dans les «paradis

Dans le «top 5» des perdants des fuites de capitaux en Afrique 173 milliards de dollars «algériens» dans les «paradis

Dans un rapport intitulé «Les Flux Financiers Illicites et la Question des Transferts nets de Ressources en Provenance de l’Afrique, 1980-2009 » élaboré par la Banque Africaine de Développement et Global Financial Integrity (GFI) l’Algérie est classée, avec la Libye, le Bostwana et l’Egypte, comme les grands perdants en Afrique en termes de transferts de capitaux.

A l’opposé du «top five» de ceux qui ont bénéfi cié d’un afflux et qui sont l’Afrique du sud, le Soudan, la Tunisie, le Maroc et la Cote d’Ivoire, en matière de transferts illicites de capitaux, l’Algérie fait également partie des «premiers» avec la bagatelle de 173,11 milliards de dollars qui ont été arrachées à l’économie algérienne.

Maigre consolation pour les Algériens qui trouveront dans ces chiffres la confirmation du caractère fondamentalement malsain du fonctionnement de l’économie algérienne. Leur pays est précédé par le Nigeria (252,357 milliards) et la Libye (222,875 milliards).

L’Afrique du Nord, principalement l’Egypte, la Libye et l’Algérie représente avec 415,6 milliards de dollars 31% du volume des transferts illicites sur 30 ans contre 494 milliards (37 %) pour l’Afrique occidentale et centrale et 370 milliards (27%) pour l’Afrique australe. Ces chiffres confirment l’ampleur des fuites de capitaux dont on n’a jamais des estimations officielles.

Des articles de presse récents citant une source au ministère des Finances ont évalué les transferts illicites commis par des entreprises algériennes et étrangères à 200 millions d’euros sur l’année. Un chiffre trop modeste qui a suscité des commentaires sarcastiques de la part de lecteurs.

Le chiffre de 173 milliards sur 30 ans parait plus réaliste avec une moyenne de 5,7 milliards de transferts illicites par an. De manière globale, le rapport constate que l’Afrique est un créditeur net de capitaux avec un flux qui a atteint au cours de la période 1980-2009, la somme de 1,4 billions soit 1400 milliards de dollars.

Selon le mode de calcul, les transferts nets de ressources hors d’Afrique se situent entre 597 milliards de dollars et 1 400 milliards. Les flux financiers illicites et non enregistrés ont été de l’ordre de 1 220 à 1 350 milliards de dollars entre 1980 et 2009. C’est un continent vache à traire dont le développement est lourdement handicapé.

VACHE À TRAIRE

«La fuite des ressources hors de l’Afrique au cours des trente dernières années – quasi l’équivalent du PIB actuel de l’Afrique – freine le décollage du continent», a déclaré Mthuli Ncube, économiste en chef et vice-président de la Banque africaine de Développement.

«Les flux financiers illicites (IFFs) ont constitué la force motrice de la sortie massive du continent Africain de ressources variant entre 1,2 billion et 1,3 billion de dollars US».

Le rapport recommande des initiatives pour restreindre l’absorption des flux financiers illicites et des politiques visant à limiter la sortie des flux financiers illicites en provenance de l’Afrique. Il appelle à améliorer l’environnement des affaires pour «booster les transferts» et «un alignement des politiques entre les pays africains et les pays absorbeurs en vue de solutionner le problème des flux financiers illicites».

Le rapport de la BAD préconise d’astreindre les banques et les structures financières offshore (OFCS) à livrer régulièrement à la Banque des Règlements Internationaux (BRI) des «données détaillées sur les dépôts par secteur, leur maturité, ainsi que le pays d’origine des déposants».

Il souhaite que la BRI soit habilitée à rendre publique les données bancaires issues de différentes sources et par pays de destination». Ce qui semble relever du voeu pieux, même si les Européens ont semblé vouloir sévir contre les paradis fiscaux. Sans grand impact d’ailleurs. Quant à s’imposer la transparence sur les énormes transferts venant d’Afrique…

QUESTIONS POLITIQUES

Le rapport souhaite que les pays africains concluent des «accords d’échange automatique des informations (AEI) avec les pays de destination de l’évasion fiscale». Autre constat élémentaire confirmé par les chiffres, le «secteur des ressources naturelles est généralement la principale source des flux financiers illicites.

Ces pays manquent souvent de structures de bonne gouvernance qui permettent aux citoyens de contrôler le montant et l’usage des ressources issues du secteur des ressources naturelles». Et là, on n’est pas dans une question technique mais politique.

Tout comme d’ailleurs le souhait de vouloir imposer aux multinationales opérant en Afrique de « publier un rapport financier annuel qui inclut explicitement leurs activités en Afrique».