Dans le camp des réfugiés nigériens à guelma, Rêves de vie meilleure

Dans le camp des réfugiés nigériens à guelma, Rêves de vie meilleure

Halima, malgré son jeune âge, sait qu’elle va quitter bientôt sa tente de fortune pour aller dans un centre où elle aura son propre lit et un repas chaud, deux fois par jour, et un bol de lait. Mais le rêve de cette petite Nigérienne est tout autre. « Je veux aller à l’école et porter un cartable. », nous a-t-elle confié, en haoussa.

C’est un rituel quotidien : Halima, une fillette nigérienne de 7 ans, se lève tous les matins pour prendre le chemin de la mosquée ou celui de la station de bus interwilayas de voyageurs. Un petit récipient en métal à la main, elle demande la « sadaka » (l’aumône). Avec ses grands yeux marrons, son sourire angélique et sa petite tête couverte d’un long foulard, Halima « pratique » la mendicité comme la majorité des enfants et des réfugiés subsahariens regroupés dans un camp situé à la station de transport des voyageurs et des taxis, à l’entrée de la ville de Guelma. Ce camp va bientôt être déplacé et les réfugiés seront hébergés dans un site aménagé, en attendant leur transfert au centre de transit d’Aïn Guezzam, dans la wilaya de Tamanrasset, en prévision de leur retour à leur pays d’origine, le Niger. Halima est au courant de cette décision, malgré son jeune âge, elle sait qu’elle va quitter bientôt sa tente de fortune pour aller dans un centre où elle aura son propre lit et un repas chaud, deux fois par jour, et un bol de lait.

Mais le rêve de cette petite Nigérienne est tout autre. « Je veux aller à l’école et porter un cartable », nous a-t-elle confié, en haoussa. Rares sont les réfugiés dans ce camp qui parlent l’arabe, peu d’entre eux prononcent quelques mots en français. Pour Halima, « là-bas », c’est chez elle au Niger qu’elle a quitté depuis deux ans. « Elle veut seulement retrouver ses chèvres », rapporte son père. Dans cette principale gare routière de Guelma, plus de 260 familles sont installées depuis plusieurs mois. Des femmes, des enfants et des hommes tentent de survivre, en recourant à la mendicité.

« On a fui la famine »

Le camp est constitué de plusieurs « tentes » de fortune en plastique noir. Les locataires sont tous des Nigériens originaires de la région de Zinder, recensés et identifiés par le responsable du camp, un Nigérien, Mohamed Ismaïl, qui fait office « de porte-parole » des réfugiés auprès des autorités locales. Il maîtrise le français. Selon lui, ils seraient plus de 260 familles à avoir fui la misère et la famine. « On n’a pas fui la guerre ou l’instabilité dans la région du Sahel, mais essentiellement le manque de nourriture », précise-t-il. Un avis partagé par ses compatriotes. Plusieurs Nigériens installés à Guelma sont originaires de la région de Zinder dans l’extrême-sud du Niger près de la frontière avec le Nigeria. « Pourquoi avoir choisi l’Algérie ? » Réponse d’Ismaïl : « Le Nigeria n’est pas un pays accueillant pour nous, contrairement à l’Algérie. Le peuple algérien est très généreux avec nous, très solidaire. Nous sommes musulmans aussi et les Algériens sont plus sensibles à notre sort. »

Les habitants du camp refusent le qualificatif de clandestins. Ils précisent qu’ils ont fui la misère. Une fuite qui s’est révélée un clavaire. « Nous sommes venus aux frontières à bord de camions et de véhicules. Nous avons donné au passeur 3 millions de francs CFA. Nous avons franchi la frontière à Tamanrasset sans problème, surtout qu’il y avait des femmes et beaucoup d’enfants », raconte Ismaïl. Le choix de Guelma a été fortuit. « On ne connaissait pas cette ville algérienne auparavant. On s’est stabilisé ici, parce que les gens sont généreux », dit-il. Mais la situation à l’intérieur des tentes est déplorable, notamment sur le plan hygiène. Selon notre guide, la Direction de l’action sociale (DAS) avait déjà lancé, durant la période de l’été, une campagne de nettoiement des lieux, suivie par des visites médicales qui ont touché tous les réfugiés. La direction de la Protection civile, elle, avait mobilisé tous ses moyens humains et matériels pour cette opération humanitaire. D’ailleurs, à l’intérieur du camp, un poste de la Protection civile a été installé. « Notre mission est préventive », signale un agent. La préparation des plats se fait avec du bois. « On reçoit même des dons de bois », tient à préciser Ismaïl, qui signale que le camp est bien organisé. « Tous les dons sont collectés et distribués aux réfugiés de même pour les revenus de la mendicité. Chaque famille bénéficie d’une partie égale des dons », affirme-t-il, ajoutant que la population locale « nous offre des denrées alimentaires, des couches pour bébés, des couvertures et matelas ».

« Les habitants de Guelma sont très généreux »

Il est 19h au camp. Des femmes et des enfants et quelques hommes jeunes et âgés rejoignent leurs abris. « Ils passent la journée à l’extérieur à demander l’aumône. Les habitants de Guelma sont très généreux. Durant le mois de Ramadhan, nous avons eu droit à des repas, des denrées alimentaires et des vêtements pour les enfants et même pour les adultes On reçoit beaucoup de dons », indique Ismaïl. Pour éviter d’être contrôlés par les services de sécurité, les jeunes se font accompagner par leurs familles. « Nous sortons en famille avec les enfants. Nous évitons de circuler seuls pour ne pas être interpellés par les services de sécurité », précise le chef du camp. Ici, les 62 jeunes Nigériens ont un seul souhait : travailler.

« On veut bien trouver un travail stable dans un restaurant ou chantier mais on refuse de nous embaucher parce que nous n’avons pas de passeport et nous sommes en situation irrégulière », se plaint Ibrahim, originaire de Matameye, une ville située à l’extrême-sud du Niger. N’empêche, ces réfugiés veulent rester en Algérie. « Nous avons quitté le Niger à cause de la famine, rien n’a été réglé là-bas. Nos familles souffrent toujours. Nous rêvons d’une vie meilleure pour nos enfants », martèle-t-il. Ses compatriotes n’en pensent pas moins. « Nous voulons que nos enfants aillent à l’école et que les adultes trouvent du travail », disent-ils. Le ministre de l’Intérieur, Tayeb Belaïz, a déclaré que « l’Algérie n’expulse personne et le rapatriement se fait à la demande de Niamey ».

N. B.