Dans le cadre de leur redéploiement économique, Les entreprises algériennes à l’assaut de l’Afrique

Dans le cadre de leur redéploiement économique, Les entreprises algériennes à l’assaut de l’Afrique

Abdelmalek Sellal a exhorté les managers algériens à investir à l’international

Alors que l’Algérie peine à convaincre les investisseurs étrangers à s’installer en Algérie, l’Afrique noire séduit les hommes d’affaires algériens qui y implantent des unités.

Depuis l’entrée en vigueur de la décision de la Banque d’Algérie d’autoriser les industriels algériens à investir à l’étranger, une fièvre entrepreneuriale s’est emparée de ceux-ci et cette fièvre est bien «africaine». En effet, bien des entreprises algériennes se sont tournées vers l’Afrique, non pas seulement pour commercer mais aussi pour investir, créer une plus-value et des postes d’emploi.

En effet, depuis quelque temps, aucune occasion n’est ratée pour réaffirmer l’intérêt de l’Algérie et des investisseurs algériens pour l’Afrique. C’est même devenu une tendance, presque à la mode, au sein du patronat et du gouvernement. «Les acteurs économiques africains sont des partenaires. On développe avec eux» a déclaré à Tunis, tranchant, le tout nouveau patron des patrons, Ali Haddad, en marge de la conférence «Investment & Entrepreneurship» co-organisée par la Chambre de commerce tuniso-américaine. Le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, lui, prévoit un séminaire économique Algérie-Afrique dans l’objectif, explique-t-il, de «permettre à nos entreprises d’exporter vers l’Afrique».

Sellal avoue que l’idée lui est suggérée par Ali Haddad, mais cela ne fait que confirmer que la nécessité de retourner vers l’Afrique bénéficie d’un large consensus entre le patronat et le gouvernement. S’exprimant lors d’une rencontre économique bilatérale organisée à l’occasion de la visite à Alger du président béninois, Thomas Boni Yayi, M.Bouchouareb, ministre de l’Industrie et des Mines, a plaidé de son côté pour le renforcement des relations économiques entre l’Algérie et le continent africain. «L’intégration économique régionale et continentale» fait, en plus, désormais partie du jargon économique officiel. Quelques industriels, à l’image de Slim Othmani, sont déjà partis à la conquête du continent noir. D’autres sont en train de s’y atteler. Avec enthousiasme. C’est le cas de plusieurs groupes industriels, La Belle, Condor, Etrhb entre autres, qui prévoient des investissements dans des pays africains.

Néanmoins, fait notable dans cette nouvelle ambiance qui traverse la sphère économique algérienne, notamment privée, les investisseurs ont réussi à trouver un terrain d’entente avec les gouvernement africains et aller vers des partenariat d’investissements gagnant-gagnant. En effet, les pays africains ont offert beaucoup de facilités aux industriels algériens pour les attirer. «Les opportunités d’investissements existent. Il y a d’énormes possibilités d’investissements au Bénin. Les investisseurs algériens, notamment, du secteur privé, sont les bienvenus», a déclaré le président béninois, Thomas Boni Yayi, lors de sa dernière visite, en promettant des facilités. En contrepartie, bien entendu, le chef d’Etat du Bénin mise sur la création des richesses et de l’emploi et le fait solennellement savoir, message qui a bien été digéré par les hommes d’affaires algériens.

Comment se fait-il que cette équation que l’Algérie na pas pu résoudre dans ces négociations avec les investisseurs étrangers, notamment européens et asiatiques, s’est avérée facilement faisable en Afrique? Aussi paradoxal que cela puisse paraître, bien que l’Algérie soit dans la même situation par rapport aux pays européens et asiatiques que celle des pays africains par rapport à elle, elle n’a pas réussi à convaincre les investisseurs d’installer des unités de production en Algérie. Pourtant, elle présente des avantages comparatifs imbattables par rapport aux pays d’Europe de l’Est où les investissements européens sont massifs et ce, aussi bien en matière de coûts de l’énergie et de main-d’oeuvre que d’infrastructures. En effet, les quelques rares industriels étrangers qui ont installé des usines en Algérie, à l’image d’Aventis, Renault, Lafarge, l’ont fait à coup de mille et une concessions.

Pourquoi les pays africains réussissent à attirer les investisseurs algériens alors que l’Algérie peine à attirer les investisseurs européens et asiatiques? Les dirigeants africains sont-ils plus pragmatiques? Ou alors le lobby de l’import-import est-il puissant au point de bloquer toute tentative d’implantation d’investissements productifs étrangers en Algérie?