A l’exception d’Amara Benyounès, fatigué d’avoir longtemps attendu le «document Godo» qui ne venait pas, tous ceux dont les demandes somnolaient dans les tiroirs du ministère de l’Intérieur viennent d’être invités à se rapprocher des services de Dahou Ould Kablia. Sid Ahmed Ghozali, Mohamed Oussaïd et Djaballah sont aussi concernés.
Le chef de l’Etat ne serait pas satisfait du rythme imposé aux réformes politiques et il l’aurait fait savoir à qui de droit, a indiqué une source autorisée. Le président Bouteflika n’en serait pas à son premier coup de gueule puisqu’il aurait déjà manifesté sa colère lors de la présentation de certains projets de lois au dernier Conseil des ministres, a encore indiqué cette source.
En effet, les contraintes sont nombreuses : aménagement de la loi sur les partis, code électoral, loi sur l’information, celle sur la parité homme-femme et d’autres lois d’égale importance. Dans le meilleur des cas, il faudra 9 mois à compter d’octobre, soit juin 2012, pour arriver au terme du processus : dissolution du Parlement et changement de gouvernement. La revendication, récurrente depuis les?toutes?premières manifestations du mois de janvier dernier, fait désormais partie de la rhétorique politique.
Il en va de même pour son corollaire, l’organisation d’élections anticipées. L’appel à la tenue d’élections avant terme, et par conséquent la mise en place de nouvelles institutions qui cadreront avec la nouvelle Constitution, est largement revendiqué par l’opposition qui ne manifeste aucun intérêt aux réformes politiques annoncées.
Qu’est-ce qui explique donc l’appel de Louisa Hanoune à la tenue d’élections anticipées ? Les autres partis, même s’ils n’ont pas encore adopté de position tranchée sur le sujet, se tiennent aux aguets et se préparent à toute éventualité. Le débat est donc lancé. S’achemine-t-on vers des élections anticipées ? Seul le président Bouteflika peut prendre une telle décision. En attendant, la présentation seule du projet de la nouvelle Constitution permettra de savoir si celui-ci prévoit des clauses de transition encadrant la période qui nous sépare des élections de 2012.
Ce qui permet de clore le débat. La question sera, alors, de savoir si c’est au gouvernement en place ou à un autre, forcément de transition, d’organiser les élections. Sauf à se passer de l’une et l’autre de ces deux mesures transitoires et à s’orienter, dans ce cas, vers la tenue d’élections. Mais ce n’est là que le commencement.
Une fois ces textes prêts, leur examen (et adoption) par les deux chambres du Parlement ne sera pas non plus chose aisée. Chaque parti tentera de défendre bec et ongles ses intérêts. Si l’on veut une réforme structurelle et en profondeur, il faut donner du temps aux élus pour sortir avec un texte qui réponde aux exigences du moment.
Les enjeux portent en effet sur le mode du scrutin, le seuil d’éligibilité et le découpage électoral, des éléments sur lesquels les partis bâtissent leurs campagnes. La tenue d’élections anticipées peut, faute de temps, s’avérer périlleuse pour des partis pas tellement préparés pour des échéances aussi rapprochées. En attendant, force est de reconnaître qu’un manque de lisibilité oblige les acteurs politique à une sorte de navigation à vue… les yeux rivés sur le sommet d’une hiérarchie non encore disposée à dévoiler le contenu réel du nouveau programme.
Hocine Adryen