D’entrée de jeu, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a déclaré: «Le régime syrien va payer très cher ce qu’il a fait», donnant le ton au durcissement de la position des participants vis-à-vis de Damas.
La Turquie a vivement pris à partie le régime syrien, hier à Rabat au début d’une rencontre avec les chefs de la diplomatie de la Ligue arabe, qui se retrouvaient séparément dans l’après-midi d’hier pour entériner des sanctions contre Damas afin qu’elle cesse huit mois de répression sanglante de la contestation populaire.
D’entrée de jeu, le ministre turc des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu a déclaré: «Le régime syrien va payer très cher ce qu’il a fait» donnant le ton au durcissement de la position des participants vis-à-vis de Damas. Samedi au Caire, la Ligue arabe avait pour la première fois pris des mesures de nature à accroître l’isolement international du régime de Bachar Al Assad. C’est la première fois de son histoire que la Syrie se retrouve ainsi sanctionnée par ses pairs. Damas a vivement réagi par des actes de violence contre des ambassades arabes dans la capitale, dont celle d’Arabie Saoudite qui a été saccagée. La suspension de la Syrie des travaux de la Ligue a commencé hier, jusqu’à ce que le régime honore son engagement d’appliquer un plan arabe de sortie de crise prévoyant en premier lieu la fin des violences qui ont déjà fait, selon l’ONU, plus de 3500 morts depuis la mi-mars. Ces mesures, ainsi que la décision de retirer les ambassadeurs arabes accrédités à Damas ont été très favorablement accueillies par les Etats-Unis, les pays européens, l’opposition syrienne, et la Turquie qui est un acteur central dans la crise.
Le département d’Etat américain a demandé mardi soir à la Ligue arabe d’adresser «un message énergique à Assad, à savoir qu’il permette la tenue d’une transition démocratique et mette fin à la violence contre son peuple». Selon l’opposition syrienne, les participants à la réunion de Rabat devraient aussi se pencher sur la création d’un sanctuaire à la frontière syro-turque pour la protection des civils, avec l’envoi possible d’une mission d’observateurs. Le rôle croissant de la Turquie, seule grande puissance régionale aux portes de la Syrie, a été salué mardi par la Maison-Blanche qui s’est félicité des sanctions annoncées le jour même par Ankara contre le régime syrien. Ankara a en effet annoncé mardi avoir arrêté sa participation à des explorations pétrolières conjointes, et a menacé de suspendre la fourniture d’électricité à son voisin et ancien allié. Comme pour montrer sa bonne volonté, Damas a libéré un millier de détenus – répondant très partiellement à une demande de la Ligue arabe – mais visiblement la situation dans ce pays ne cesse de se détériorer, avec une militarisation croissante de la crise.
«Cela fait penser au conflit libanais à ses débuts en 1975», a estimé Joseph Bahout, chercheur à l’Institut d’études politiques de Paris et spécialiste de la Syrie, faisant référence à la guerre civile dans le pays du Cèdre de 1975 à 1990.