Triste record en Syrie depuis le début du conflit en mars 2011. La guerre a fait plus de 250 morts jeudi à Damas où les combats se sont poursuivis.
Entre la chaleur, la pénurie de denrées alimentaires et la violence, le ramadhan s’annonce très difficile pour les Syriens.
Les combats se sont intensifiés au lendemain d’un attentat contre le bâtiment de la Sécurité nationale, à Damas, dans lequel ont péri le ministre de la Défense, Daoud Rajha, le vice-ministre de la Défense et beau-frère du président Bachar al-Assad, Assef Chawkat, ainsi que Hassan Turkmani, chef de la cellule de crise mise en place après le déclenchement de la révolte. Les combats d’une extrême violence ont repris de plus belle et se poursuivaient toujours dans la capitale.
Alors que les rebelles syriens ont pris jeudi le contrôle d’un poste-frontière avec la Turquie, dans la province syrienne d’Idleb (nord-ouest), théâtre, l’armée syrienne dit avoir repris le contrôle de la région de Midane à Damas, où des troupes sont déployées depuis hier, selon la télévision d’Etat.
En outre, selon l’AFP, les rebelles ont pris le contrôle du poste-frontière de Bab al-Hawa, à la frontière entre la Syrie et la Turquie, et ce, après le retrait des troupes régulières. D’autre part, les forces gouvernementales ont demandé aux résidents de certains quartiers de la capitale de s’éloigner des zones d’affrontements, selon une source de sécurité à Damas, les terroristes cherchant, à utiliser les habitants comme boucliers humains.
«Ces combats d’une extrême violence devraient se poursuivre pour nettoyer Damas des terroristes avant le début du ramadhan», a indiqué cette source, ajoutant que l’armée est décidée à utiliser toutes les armes en sa possession pour en finir avec les terroristes.
Ces nouveaux affrontements, les plus violents depuis le début de la révolte en mars 2011, ont déclenché, selon l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), un mouvement d’exode de centaines de personnes dans plusieurs quartiers de la capitale syrienne.
A noter également que l’ambassadeur de Russie en France, Alexandre Orlov, a affirmé hier que le président syrien Bachar al-Assad «accepte de partir» mais «d’une façon civilisée», dans une interview à Radio France internationale (RFI), des propos jugés «sans fondements» et démentis par Damas.
Yazid Madi
LE VÉTO SINO-RUSSE COMPROMET LA MISSION DE L’ONU
Désaveu pour Kofi Annan qui espérait faire plier Moscou et parvenir à un compromis. Pour la troisième fois, la Russie et la Chine, au Conseil de sécurité des Nations-Unies, ont opposé ce jeudi leur veto aux sanctions contraignantes contre le régime de Bachar al-Assad souhaitées par l’Occident.
Moscou et Pékin ont opposé leur véto à une résolution appelant à de nouvelles sanctions contre le régime de Bachar al-Assad. Une situation dénoncée par Washington et le responsable de la principale coalition de l’opposition syrienne à l’étranger, de passage à Rome.
«Nous avons évoqué la situation politique et le droit de véto de la Russie. Nous estimons que dans le contexte actuel la situation ne peut plus durer. La Russie soutient le régime syrien avec des armes – des chars, de l’artillerie, des lance-roquettes et des avions sont utilisés pour tuer notre peuple.
Malgré cela, Moscou continue à protéger politiquement le régime syrien à travers le Conseil de sécurité», déplore Abdulbaset Sieda, nouveau chef du Conseil national Syrien. Reste à savoir si le mandat des observateurs de l’ONU sera prolongé ou non d’au moins 45 jours comme le souhaite la Russie. Pour les Etats-Unis, ce double véto signe de facto la fin de la Mission de l’ONU en Syrie, qui pourrait de ce fait quitter le territoire d’ici un mois.
Y.M./ agences
LES CIVILS FUIENT VERS LE LIBAN, LA TURQUIE ET LA JORDANIE: PLUS DE 30 000 RÉFUGIÉS
Face à la poursuite des violences, les civils fuient les combats. Entre 4 000 et 5 000 Syriens ont fui leur pays, se réfugiant cette semaine en Jordanie, selon le Haut Commissariat de l’ONU. Et face à l’impasse, le chef des observateurs des Nations unies, Robert Mood, s’impatiente. «Il y a le sentiment qu’il y a beaucoup trop de discussions dans des beaux hôtels, (…) alors qu’on agit trop peu pour arrêter la violence», s’est-il indigné mercredi.
«Maintenant nous sommes dans la situation dans laquelle nous avons les contacts et la connaissance, mais nous n’avons aucun cessez-le-feu», a-t-il déploré ce jeudi à Damas. Le général Robert Mood a également proposé une restructuration de la mission d’observation. Une mission qui a dû cesser ses opérations depuis le 15 juin à cause de la recrudescence de la violence dans le pays.
De son côté, la porte-parole du Haut Commissariat aux réfugiés de l’ONU a déclaré hier à Genève que près de 30 000 Syriens ont fui au Liban durant les dernières 48 heures en raison des violences dans leur pays. «Les Syriens fuient aussi vers la Turquie, la Jordanie, l’Irak, mais il y a un véritable exode vers le Liban», a-t-elle ajouté.
Le Haut-commissaire de l’ONU en charge des réfugiés, Antonio Guterres, a une nouvelle fois fait part vendredi de sa «grande inquiétude devant le nombre de personnes qui ont fui leurs foyers en Syrie» en raison des violences. «Avec la propagation de la violence mortelle, je suis très gravement préoccupé par les milliers de civils syriens et de réfugiés qui ont été forcés de fuir leurs foyers», a déclaré Guterres, cité par le communiqué du HCR.
Y.M./Agences