La Grèce fait toujours rêver. Si la détresse économique et ce qu’elle a charrié comme désespoirs sociaux sont visibles à chaque coin de rue, cela n’a pas eu raison de sa magie légendaire. Les dieux de l’Olympe y veillent encore, il suffit d’y croire.
Et les touristes y croient. Les évasions couleurs de soleil revendiquent encore leur dose de mystère, même si le mystère ne suffit pas toujours.
Les Grecs sont fougueux, c’est un euphémisme tout méditerranéen, mais ils n’ont pas la réputation de se tirer des balles dans la jambe pour compromettre ce qui devrait leur rester quand ils croyaient avoir tout perdu.
Pour longtemps encore, le monde regardera la Grèce dans les yeux parce que la Grèce garde encore toutes les palpitations de la vie dans ses paupières.
Un phare du monde sur les ressacs d’un continent qui lui a tout pris avant de la happer dans son tourbillon de folie globalisante.
Qu’à cela ne tienne, le continent, tous les continents de la vraie vie n’ont pas encore renoncé à Athènes et ses sublimes éclatements.
Ni l’histoire de ce pays ni ses mythes fondateurs n’ont désormais besoin d’être convoqués pour coller aux battements du moment. Pour des Algériens comme nous, partis comme dans un voyage initiatique organisé par Dam Tour, il y a autant de belles découvertes que de magiques retrouvailles.
Une sorte de «pèlerinage à la maison» qui vous réconcilie avec un espace si proche et si lointain d’une Méditerranée dépoussiérée de nos mortels anachronismes.
D’Alger, la Grèce aurait pu se sentir avant de se voir. C’est une «évidence» culturelle et géographique abandonnée sur le sentier de nos errements identitaires.
Dam Tour l’algérienne et son partenaire grec MM Travel Agency travaillent depuis des années pour réinventer ce ciment craquelé mais jamais entièrement désintégré.
Il y a un peu de nous dans cette mythologie, beaucoup dans cette histoire matérielle et tout dans les lignes des montagnes grecques et dans la profondeur de ses atolls.
Quand on part d’Algérie, la Grèce est spontanément nôtre. Dans l’élan de générosité de ses femmes et ses hommes, dans la chaleur de l’accueil et dans la disponibilité de tout ce qui bouge à vous prendre la main pour pénétrer les entrailles du pays.
L’heureuse rencontre entre deux opérateurs des deux rives, avant d’être un partenariat économique, est d’abord un appel du cœur et un juste retour des choses profondément enfouies dans une mémoire fragmentée mais toujours partagée.
En débarquant à l’aéroport de Thessalonique, vous êtes déjà dans les bras de la vie. Le premier contact sonne déjà la mesure d’un pays qui ne s’en laisse pas compter par la difficulté. En la matière, la Grèce en en a déjà vu d’autres.
Ici, ce n’est pas le calendrier mais le soleil et la mer qui commandent. Alors on n’a pas attendu que la saison touristique conventionnelle donne le mouvement de la vie.
Tout le temps, la Grèce chante dans tous les sons et sous tous les tons. Escale furtive mais généreuse en sensations, Thessalonique nous a déjà lâchés pour Platanomas au bout d’une centaine de kilomètres.
Une petite merveille trop magique pour être contenue dans l’exiguïté d’une «station balnéaire». Athènes est loin d’ici mais les 400 kilomètres de distance semblaient trop dérisoires pour ne pas suggérer déjà les profondeurs antiques de la Cité.
La première esquisse de ses relents si lointains mais à portée de main et de regard est dans le sourire radieux de Magda Mouratidou, la patronne amazone de MM Travel Agency.
Ce coin de paradis sera notre port d’attache et ses yeux notre phare d’escale. Dans ses sillages généreusement éclairés, nous vivrons le moment présent comme nous reviendrons sur les pas d’un passé dans une symbiose à couper le souffle.
Ici, nul besoin d’aller chercher les étoiles au fronton des hôtels, elles peuplent le ciel pour l’éternité et habitent le regard dans chaque recoin de paupière. Ici la civilisation vous parle.
Pour vous dire les lointaines choses du passé mais surtout pour vous rappeler combien la vie est belle. Etrange alternance des âges qui ne laisse pourtant pas de place au moindre anachronisme.
Ici ont cogité la philosophie et les arts, ici a vaginé la démocratie, ici on ne cédera pas à la résignation. A Platamonas, comme dans toutes les profondeurs naturelles de ce pays des dieux, les femmes et les hommes sont à l’écoute d’oracles à chaque aube recommencés.
Ici le métier est élevé au rang de sacerdoce. Et la chaleur de l’accueil une seconde nature. Elle se décline à l’hôtel, dans les palpitations nocturnes de la ville et dans les plaisirs de la table. Dans les hôtels de tous standings, dans les bars de différents concepts et aux tables émouvantes de générosité.
Les moyens peuvent différer bien sûr, ici on réinvente la vie sans la prétention de refaire le monde. Mais que vous descendiez au «Dias» où nous avons logé durant notre séjour, au «Kyranie Guesthouse», au «Kronos» ou à «l’Olympus Thea», le confort et la joie de vivre squattent tous les espaces de vie.
Dans le prolongement direct de ces grandes maisons ouvertes comme à leur périphérie, on peut être indifféremment tenté par les belles plages au sable cristallin, par les discothèques dont les variétés musicales libèrent le corps et l’esprit ou encore par de sereines et aérées promenades le long du boulevard principal qui jouxte le port, cœur battant de la ville.
Au petit matin, dans la saveur magique des émergences heureuses, les dieux seront encore là pour de hagardes suppliques.
Zeus, Apollon, Junon, Poséidon vous entendront forcément, chaque Grec rencontré au hasard de votre bonheur vous le dira. Votre bonheur, les femmes et les hommes y veilleront chaque jour. Ils tiennent ça dans les oracles d’un éternel recommencement.
Sur les traces du dieu de l’Olympe
En Grèce, vous pouvez prendre de la hauteur là où vous êtes. Que vous soyez dans le ventre intenable des Méthéores, sur les plages saisissantes de Skhiatos ou, orgasme suprême, sur le toit du Mont Olympe, vous n’aurez pas le temps de baisser les yeux, tellement l’horizon, le ciel et… les cieux vous harcèlent par d’irrésistibles interpellations.
Indéfiniment, l’œil et le pied sont cloués au pilori ou convoqués manu militari par la chevauchée fantastique. Quand un hasard heureux vous mène sur le crâne de l’Olympe, vous êtes un sacré veinard, si c’est le maire de Dion Olympus et madame l’adjointe qui vous prennent par la main pour la mythique escalade, vous redescendrez d’une insondable dimension.
Vous êtes là pour subir, vous êtes là pour jouir. Grâce aux dieux, loin des dieux, tout près des hommes, de la pierre blanche et du vert jamais aussi vert des herbages traceurs de la fulgurante ascension. Sur le toit de l’Olympe, Mytikas, vous êtes à 2917 mètres du niveau de la mer mais ici la mer n’a pas de niveau, elle est.
Et l’altitude ne rapproche pas du ciel. Tout est proche de l’incommensurable dans cette danse infernale mais déroutante d’harmonie entre ciel, terre et mer. De tout pouvoir Zeus n’y peut rien.
Et c’est sans doute pour cela qu’Athènes d’aujourd’hui le scrute plutôt comme témoin de l’immensité grecque et de ses désarrois d’étape.
Pendant que le pays fait ses appels d’air, les touristes peuvent toujours reprendre leur souffle sur une ultime escale avant les nuages.
Sur cet espace voisin des dieux, le grec est ébranlé mais il ne renonce pas, y compris à ce qui aurait pu devenir accessoire, dans la foulée de ses tourmentes. Mais il connaît trop bien ses tracés de route pour que le pied dérape.
Il a tellement appris la trajectoire de son lointain regard que ses yeux se détachent de son songe monumental.
Alors, il entretient les fleurs et tente de nouvelles plantations. Il veille à la faune peuplant sa forêt et ouvre les bras à des visiteurs jamais entamés par le doute.
Ils ont là les touristes, encore plus nombreux que jamais et ce n’est pas seulement en raison des prix revisités par la crise.
Si nous ne savions pas que nous étions au cœur d’un des endroits les plus visités dans le monde, on aurait pu le deviner, sans gros effort de recherche. La ville a accueilli 80 000 touristes en 2012.
Les prévisions sont à la hausse, avec plus de 100 000 au terme de l’année en cours, selon Giorgos Papathansiou, maire socialiste de la ville depuis 1991. Le tourisme local a quant à lui pris une méchante grippe.
Méchante mais pas mortelle, le plus dur semble être dépassé et le légendaire optimisme grec n’est pas seul à en fournir les indices. En attendant la promesse des lendemains qui chantent, la ville chante.
«Olympus festival» bat son plein en ce début de juillet. Rencard festif dans la tradition, il rythmera un mois durant la vie de la cité et de ses invités saisonniers. Pour le plaisir des sens, pour le sens de la vie, le spectacle enveloppera les entrailles de la ville, le bonheur à tout bout de champ.
Raconte-moi Thessaloniki
C’est la deuxième ville du pays après Athènes en termes d’habitants située au cœur de la Macédoine grecque.
Thessaloniki vit pour le tourisme et le gouverneur Apostolos Tzitzikostas ne pouvait pas le cacher, lui qui a consacré l’essentiel de notre bref entretien à en parler.
En étalant avec passion les immenses potentialités de la région ou en louant le savoir-faire de ses enfants en la matière avec conviction.
L’histoire millénaire de Thessaloniki, ses monuments paléochrétiens et byzantins classés au patrimoine mondial de l’Unesco, comme les membranes vivantes de la ville, nous les découvrirons en pénétrant dans ses entrailles.
Dans les rues piétonnières Katouni et Eyiptou, place Morihovou où essaiment un mélange paradoxal de cafés branchés et de tavernes à l’ancienne, ou enfin dans la folie des nuits aux halles de Ladhádhika flirtant fiévreusement avec les quais du port.
La croisière
Le capitaine Kosta Dimitrou commande «l’Elisabeth», un bateau de croisière. Il mène son embarcation comme il dirige sa maison. D’abord parce que les croisières en Grèce, ça connaît… la maison.
Une activité aux contours de deuxième nature. A moins que ce ne soit de première. De Platamonas à Ahilon, ce fut la cerise et le gâteau au dessert d’un séjour pourtant généreux en gâteries.
Le regard peut s’arrêter avec un égal bonheur sur une vue en perspective de toile de maître d’Ahilon ou aller chercher la magie du détail sur la plage extraterrestre Koukounarias qui caresse les rivages de Skiatos.
Une offrande des dieux à eux-mêmes dont les hommes se sont emparés comme ils ont un jour chapardé le nectar. Les îles suivront.
Il faut aller les chercher en modeste embarcation ou en yatch de rêve, le bonheur est le même au bout du ressac. Comme au bout du voyage.
La forêt de pierres
Le bonheur est au bout du voyage. Accroché aux cordes interminables alimentant les moines dans leurs monastères juchés sur les rochers abrupts de Kalambaka, dans le ruissellement musical du fleuve Pénée, au creux de la belle plaine de Thessalie ou dans la forêt pierreuse des Méthéores.
Dans tous ses recoins, dans chaque pan de son ciel et partout où on met le pied, le cœur commande un retour en grâce dans une Grèce aux bras ouverts à l’éternité des hommes et des dieux.
Samira Azzegag