Il est incontestable que les décisions prises en Russie par le Comité de suivi Opep-non-Opep ont redonné un coup de fouet aux prix du pétrole.
Hier à 17h08 le baril de Brent franchissait à nouveau la barre des 50 dollars. Cela faisait bien longtemps qu’il n’avait pas grappillé autant de cents. Plus d’un dollar. C’est désormais fait. L’écart a été brisé hier. La progression s’est faite sans hésitation. Aux environs de 16h40, heure algérienne, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre s’échangeait à 49, 91 dollars sur l’Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,31 dollar par rapport à la clôture de lundi.
Vers 14h15, le prix du baril de «light sweet crude» (WTI), référence américaine du brut en avait fait presque autant. Il a progressé de 98 cents pour se négocier à 47,32 dollars sur l’échéance de septembre au New York Mercantile Exchange (Nymex). Un rebond qui n’est pas dû au hasard. Il est incontestable que les décisions prises en Russie par le Comité de suivi Opep-non- Opep ont redonné un coup de fouet aux prix du pétrole. Un chapelet de déclarations destinées à dégager les perturbations qui ont failli saborder la décision de l’Opep et de ses 11 alliés, dont la Russie, de réduire leur production de près de 1,8 million de barils par jour.
La mise en bouche a été l’oeuvre de l’Algérie. «La mise en oeuvre de l’accord de coopération entre les pays de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et non-Opep est globalement excellente», avait affirmé le ministre de l’Energie, Mustapha Guitouni, lors de la 4ème réunion du Comité ministériel de Monitoring conjoint Opep et non-Opep qui s’est tenue hier à Saint-Pétersbourg. «Plus de 350 millions de barils d’approvisionnement en pétrole ont été supprimés dans un effort conjoint», a annoncé le même jour le ministre russe de l’Energie, Alexander Novak.
Les résultats sont significatifs. Les réserves mondiales de pétrole et de produits pétroliers ont diminué pour la première fois depuis trois ans. Les réserves dans les pays de l’Ocde (Organisation pour la coopération et le développement économiques) ont diminué de 90 millions de barils. «Pour la première fois depuis 2014, l’investissement mondial dans le secteur s’est inversé à la croissance, ce qui contribuera à éviter un déficit potentiel à l’avenir», a souligné le responsable russe.
Les «24» sont prêts à sonner la charge. Les 13 pays membres de l’Opep et leurs 11 alliés envisagent de prolonger la réduction de leur offre de 1,8 million de barils par jour au-delà du mois de mars de l’année prochaine. Le Comité ministériel conjoint de suivi des pays de l’Opep et des pays non-Opep (Jmmc) a recommandé une «prolongation de l’accord de réduction de la production au-delà des quatre premiers mois de 2018 si la situation du marché l’exigeait» a confié Alexander Novak.
L’Arabie saoudite premier producteur mondial devant l’éternel a porté l’estocade et s’est engagée à réduire son offre de 600.000 barils par jour et a demandé à ses partenaires de serrer les vannes. Le chef de file du Cartel a expliqué qu’avec la hausse de la demande intérieure attendue en août, ses exportations seraient limitées à 6,6 millions de barils par jour, contre plus de 7,2 millions certains mois de 2016. «C’est un signe de notre engagement (…) et nous espérons que nos collègues prendront aussi des mesures», a indiqué le ministre saoudien de l’Energie, Khaled Al-Faleh.
D’Alger à Saint-Petersbourg, le baril est en train de refaire le plein. Une situation qui a été rendue le 28 septembre à Alger lors d’un sommet historique de l’Opep qui s’est tenu en marge du 15ème Forum international de l’Energie. Il avait débouché sur un accord retentissant, conclu le 10 décembre 2016 à Vienne, en Autriche. Les pays Opep et non-Opep avaient décidé de baisser leur production de près de 1,8 million de barils par jour pour rééquilibrer le marché. Une «arme de gros calibre» à court de munitions dont le chargeur a été réapprovisionné. Reste à tester son efficacité…