Dans son entretien au quotidien Le Soir d’Algérie ce jeudi, Daho Ould Kablia a fait siens les propos orduriers de son prédecesseur tortionnaire Yazid Zerhouni à l’encontre de la Kabylie. Il a accusé la population de faire le lit d’Al Qaïda au Maghreb islamique et du grand banditisme en s’opposant à l’implantation de brigades de gendarmerie depuis le Printemps noir de 2001…
Dahou Ould Kablia, dans son entretien de ce jeudi au Soir d’Algérie a réponse à tout à des questions qui frappent, il faut le dire, par leur aspect naïf dans le style d’une conversation à bâtons rompus. Le ministre de l’intérieur et des collectivités locales est tour à tour, Premier ministre, ministre de la Défense, historien qui semble avoir de grosses lacunes sur la connaissance de la guerre d’Algérie et, à tout le moins, Président de la République. Les rares fois où il s’exprime à titre de Ministre de l’intérieur et des collectivités locales, c’est pour soutenir les propos orduriers de son prédécesseur, Yazid Zerhouni, à l’égard de la Kabylie, et du martyr du Printemps noir, Massinissa Guermah tué dans une brigade de gendarmie par les représentants de l’Etat, sur ses terres, dans son village. Il cautionne et semble même dire « Si c’était à refaire, je le referais ». Ce qu’en dis, sans vergogne, Dahou Ould Kablia sur la Kabylie, ne relève pas d’un simple régionalisme, comme l’a fait le pouvoir de Bouteflika de Tlemcen élue par lui capitale mondiale de la culture islamique. C‘une véritable guerre que déclare Ould Kablia à la Kabylie qu’il insulte sans gêne, sans retenue, en tant que ministre d’Etat.
Reprenant à son compte, plus d’une décennie après, la répression sanglante du soulèvement de la Kabylie du Printemps noir de 2001, l’anti- Kabylisme primaire du tortionnaire Yazid Zerhouni, Ould Kablia accuse cette même Kabylie ensanglantée par le règne d’Abdelaziz Bouteflika, d’avoir contribué à la prolifération du terrorisme islamiste d’Al Qaïda au Maghreb islamique et du grand banditisme lié aux enlèvements, par le fait qu’elle refuse depuis le Printemps noir, l’implantation des brigades de gendarmerie dans les nombreuses localités villageoises où elles ont été rasées, là même où les gendarmes ont tiré à bout portant sur de jeunes manifestants. Comme si, avant le Printemps noir, l’implantation des brigades de gendarmerie en Kabylie avait réduit la dangerosité du GSPC et contré le grand banditisme plus qu’ailleurs.
Pour Dahou Ould Kablia, si Al Qaïda a son implantation en Kabylie, c’est « le fait que depuis 2001, la gendarmerie chargée de la lutte contre le banditisme et le terrorisme n’opère plus dans cette région. » Il considère la tragédie du Printemps noir, la répression aveugle de la police de Yazid Zerhouni de simple« malentendu qui existe entre la population et ce corps« , réduisant ainsi le massacre commis contre de jeunes manifestants tués à bout portant, sur ordre du chef de l’Etat, Abdelaziz Bouteflika, soutenu par son tortionnaire de service, Yazid Zerhouni.
En minimisant cette tragédie restée impunie, Dahou Ould Kablia lui dénie toute origine politique, la réduisant à une simple brouille entre la Kabylie et le corps de la gendarmerie. Le « malentendu » de Daho Ould Kablia traduit bien l’imposture d’Abdelaziz Bouteflika et ses sbires sur la Kabylie accusée aujourd’hui de faire le lit d’Al Qaïda au Maghreb islamique non seulement « par sa géographie« , sa population constituant « les réseaux de soutien » des groupes terroristes armés d’Al Qaïda au Maghreb islamique auprès desquels s’excuse Daho Ould Kablia pour l’avoir impliquée, à tort, dans des faux-barrages qui n’étaient pas les siens. En effet, Daho Ould Kablia déclare péremptoirement, « le banditisme est né d’abord en Kabylie à la faveur de ce vide des services de sécurité. Ce n’est pas une absence de l’Etat, c’est l’absence d’un corps de sécurité qui fait que certains ont été encouragés à commettre des actes qui ressemblent et qui peuvent être assimilés à des actes terroristes. Nous avons vu des faux barrages érigés par des non-terroristes ; des kidnappings qui n’étaient pas le fait de terroristes ; il y a des règlements de comptes qui n’ont rien à voir avec le terrorisme. Tout cela est effectivement pour nous très préoccupant. L’on a beaucoup renforcé les moyens de la police nationale et créé des structures dans des régions qui n’en avaient pas. A Tizi-Ouzou, pour remettre de l’ordre et en particulier pour lutter contre le banditisme et cela donne de bons résultats puisque la ville, qui était livrée aux bandes, voit l’ordre rétabli. Ceci dit, la situation risque de perdurer si l’impunité persiste. »
Le gouvernement Sellal révèle sa vraie nature derrière ce ronflant mot d’ordre « Plan d’action ». Tous les propos politiques tenus par les ministres sont de nature violente et n’ont que la répression comme moyen d’ »écoute » du citoyen. Pour conjurer le spectre d’une abstention générale aux élections communales de ce 29 novembre dans une Kabylie plus qu’ailleurs, le pouvoir n’hésite pas à y semer le trouble et à déplacer le problème politique vers une question sécuritaire. La Kabylie reste fermée à Abdelaziz Bouteflika non en raison d’Al Qaïda au Maghreb islamique qui l’aurait accueillie à bras ouverts ces jours de dialogue avec son allié Ansar Eddine au Nord-Mali, non plus aussi en raison de ce « malentendu » dont parle Daho Ould Kablia mais bien pour des raisons éminemment politiques liées à la répression aveugle et sauvage contre un mouvement citoyen qui a payé le prix fort de ses revendications inscrites dans une plateforme de revendications sur laquelle a craché le premier magistrat du pays et que piétine Daho Ould Kablia qui se rend à l’évidence que, s’il peut formater des partis, en créer dix à la douzaine, il ne peut imposer ses brigades de gendarmerie là où elles ont été rendues coupables de tortures, de tueries, de viols, de massacres… Le Premier Abdelmalek Sellal pourrait-il recadrer un Daho Ould Kablia qui se découvre les talents du sinistre Yazid Zerhouni dont l’éviction du gouvernement, semble dire son compère, ne signifie pas l’arrêt de ses pratiques de tortionnaires en Kabylie plus qu’ailleurs.
R.N