Le ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, Daho Ould Kablia, a réagi, dans un entretien à l’APS, à la décision des 16 partis de boycotter l’Assemblée nationale et de créer une sorte de parlement parallèle.
Le ministre a affirmé qu’il s’agit “d’une utopie” mais, pire encore, il considère cela comme “une atteinte grave à l’état de droit”.
“La création d’un parlement populaire est plus qu’une utopie, c’est une atteinte grave à l’état de droit, à la pratique démocratique et au respect de la volonté populaire”, dit-il, en invitant ces partis à “démissionner”.
“Quand on ne reconnaît pas un parlement, on démissionne”, a-t-il tranché.
Ould Kablia répond ainsi à la quinzaine de partis qui, se sentant lésés, ont dénoncé la fraude et ont décidé de créer un front et de boycotter la prochaine APN dont l’installation est prévue en début de semaine prochaine.
Le front politique pour la sauvegarde de la démocratie, constitué par les quinze partis, représente à peine 28 députés élus. Ce qui peut expliquer la sortie véhémente et intempestive du ministre de l’Intérieur. Cela, d’autant plus que certains élus de ces partis (des partis membres de ce front n’ont aucun élu) ont déjà manifesté, selon certaines informations, leur volonté de changer d’ores et déjà de formation politique.
Il est à rappeler aussi que les anciens partis d’opposition et non des moindres, le FFS et le PT, ont refusé de rejoindre ce front. Ainsi, cette énième tentative de créer un véritable bloc d’opposition commence à se fissurer alors que les raisons ne manquent pas. Boycotter l’assemblée nationale alors qu’on n’a pas de députés est un non-sens. Ou alors ne pas reconnaître le prochain gouvernement dont la composante relève du choix du président de la république qui ne tienne pas forcément compte de la majorité parlementaire paraît absurde. Enfin, le problème réside dans la composante de ce front dont les parties n’appartiennent pas à la même famille politique. Ce serait, d’ailleurs, un miracle que de nouveaux partis sans base ni expérience, des partis de la mouvance islamiste et des démocrates républicains se réunissent autour d’une plate-forme politique commune.
Et trouver un smic programmatique entre ces formations d’horizons parfois opposés nécessite bien des concessions qu’aucune partie n’est prête à faire. Peut-on s’attendre alors à des alliances conjoncturelles, sans plus. C’est dans ce sens qu’Ould Kablia a considéré leur position comme une réaction de désappointement et de colère. Cela d’autant, a-t-il expliqué, que certains partis qui criaient victoire avant le scrutin ont été surpris par la sanction des urnes. Autre argument du ministre, le silence et le calme des électeurs qui n’ont pas contesté les résultats et n’ont pas crié à la dénaturation de leur vote.
Le ministre a, en outre, évoqué la question de la révision des émoluments des députés. Et, contrairement à sa première déclaration, Ould Kablia a précisé que celle-ci relève des attributions de l’assemblée nationale, notant que beaucoup de partis politiques et une grande partie de l’opinion publique le souhaitent. Et de soutenir que l’appel au boycott de l’Assemblée renforce “l’idée que cette question doit être examinée en priorité”.
Et si révision il y a, elle devrait tenir compte, selon lui, de la présence et de la participation des députés aux travaux du parlement.
D B