Daesh et les milices s’affrontent pour le contrôle de syrte, La Libye en un combat douteux

Daesh et les milices s’affrontent pour le contrôle de syrte, La Libye en un combat douteux

Les pays membres du Conseil consultatif du Golfe ont leurs propres préoccupations. Autant dire que leurs pensées volent ailleurs et que l’appel du gouvernement de Tobrouk a très peu de chances d’être entendu par la majorité des Etats membres de la Ligue arabe.

Après les affrontements violents qui ont terrorisé la ville et la région de Syrte où les éléments de Daesh et les forces de Fajr Libya tentent d’imposer leur loi, le gouvernement de Tobrouk reconnu par la communauté internationale a pris acte de la grave détérioration de la situation sécuritaire dans le sud du pays et appelé, samedi dernier, à des frappes aériennes menées par les Etats arabes contre l’organisation terroriste autoproclamée Etat islamique.

Fort de l’appui de l’Egypte dont le représentant permanent a soutenu sa demande, le gouvernement de Tobrouk a également réclamé une réunion d’urgence du Conseil de la Ligue arabe au niveau des représentants des Etats membres pour débattre de cette intervention armée qui, aussi légitime et cruciale qu’elle puisse paraître, a fort peu de chances d’aboutir, même si la Ligue arabe a confirmé cette réunion pour demain mardi, au Caire.

En attendant, le principal bailleur de fonds est mobilisé sur le front yéménite où l’offensive chiite revêt une dimension de plus en plus inquiétante, la communauté houtie bénéficiant du soutien de l’Iran qui entend redevenir la puissance régionale d’antan.

Hormis l’Egypte, elle aussi en proie à une menace terroriste dont les coups de boutoir se font de plus en plus pressants, notamment au Sinaï que Daesh a fortement investi, rares sont les Etats membres susceptibles d’opter pour une réponse appropriée aux revendications de Tobrouk.

Les pays membres du Conseil consultatif du Golfe ont leurs propres préoccupations, et, presque tous – exception faite du Bahrein et du Qatar qui s’en lavent les mains – sont empêtrés dans la coalition qui mène, depuis plus d’un an, des bombardements quasi quotidiens, en Irak et en Syrie, contre les positions de Daesh. Autant dire que leurs pensées volent ailleurs et que l’appel du gouvernement de Tobrouk a très peu de chances d’être entendu par la majorité des Etats membres de la Ligue arabe.

L’Algérie qui a clairement rejeté l’idée d’une participation à une force armée commune de la Ligue arabe, prônée par l’Egypte, est préoccupée par les combats qui font rage à Syrte et qu’elle a officiellement condamnés et, davantage encore, par la menace endémique que fait peser Daesh sur la sécurité de la région maghrébine et sahélienne, mais l’hypothèse d’un bombardement aérien est irrecevable, qu’il soit parrainé par la Ligue arabe ou qu’il intervienne, comme ce fut le cas quand le CNT de Mouhammad Abdel Jalil ouvrit la voie aux attaques de l’Otan sous le prétexte officiel de protéger Benghazi (on sait, depuis, quelles étaient les véritables intentions de la coalition menée par la France et la Grande-Bretagne), dans le cadre onusien.

Si la réunion du Caire donne satisfaction à l’Egypte, ne faut-il pas craindre une réaction de dépit, plus ou moins légitime, du gouvernement de Tripoli qui aura alors beau jeu de torpiller définitivement les efforts de la médiation onusienne appuyée par l’Algérie et le Groupe des pays voisins, dans le cadre de l’UA? Auquel cas, les milices de Fajr Libya qui avaient déjà émis de sérieuses réserves, lors de la dernière rencontre inter-libyenne à Alger, au projet d’accord paraphé par Tobrouk et qui ont, ensuite, traîné les pieds pour se rendre à Genève, exigeant la reconnaissance préalable de leurs amendements, trouveront matière à une remise en cause de tout le processus. Le danger terroriste, sans cesse annoncé par l’Algérie, est désormais manifeste.

Les terribles combats autour et dans la ville de Syrte en témoignent depuis plusieurs jours. Daesh est présent au Maghreb et il ne compte pas s’en tenir là, sa politique d’expansion visant l’ensemble de la région. L’opinion internationale est restée sourde aux appels de l’Algérie quant à un terrorisme qui atteindra, tôt ou tard, les frontières sud de l’Europe.

Ni l’Otan ni l’ONU ne semblent, à ce jour, émus par les exactions de l’EI au point de réagir en lançant une nouvelle coalition, réclamée par le gouvernement reconnu de la Libye qui n’a d’ailleurs jamais obtenu de réponse à sa demande d’armements. Mue par l’Egypte, la

Ligue arabe pourrait interpeller le Conseil de sécurité. Mais celui-ci ira-t-il jusqu’à voter une résolution telle que celle qui a permis à l’Otan de se débarrasser d’El Gueddafi? Rien n’est moins sûr.