Cyberguerre et cyberespionnage,Quand l’informatique devient une arme létale

Cyberguerre et cyberespionnage,Quand l’informatique devient une arme létale

L’arme informatique a, désormais, pris sa place parmi les autres armes d’appui

En 2010, le site Web de l’ambassade d’Algérie à Washington a été piraté.

Le site Web de l’ambassade d’Algérie à Washington a été piraté par des hackers qui ont fait figurer sur sa page d’accueil une carte du Maroc englobant le territoire du Sahara occidental occupé sur fond d’hymne national marocain.

D’autres cyberattaques avaient également ciblé, à la même période, des sites institutionnels algériens. Ce précédent témoigne que la menace internet est bien réelle. Cette dernière a d’ailleurs dangereusement grimpé ces dernières années au point d’alerter les puissances mondiales comme les Etats-Unis ou la France qui songent sérieusement à se prémunir des effets d’une cyberguerre.

En fait, ces Etats considèrent que l’arme informatique a, désormais, pris sa place parmi les autres armes d’appui, au même titre que l’artillerie lourde. En juin 2009, le virus Stuxnet avait endommagé des installations iraniennes lors d’une attaque attribuée aux Etats-Unis et à Israël. C’était la première offensive de précision, jugée efficace, contre un système de contrôle industriel.

En avril 2010, 15% de l’Internet mondial avaient été détournés pendant dix-huit minutes sur un serveur chinois. En mai 2011, des données américaines parmi les plus sensibles ont été forcées: comptes Gmail de hauts fonctionnaires, plans de matériel militaire chez Lockheed Martin.

Echaudées par ces cyberagressions à la précision redoutable, des nations mettent au point des stratégies militaires au nom de la protection de leurs intérêts vitaux, à telle enseigne que cette pression sécuritaire inquiète les défenseurs des libertés. La guerre est-elle déclarée pour autant? Dans un récent rapport au Congrès américain, les services du contre-espionnage US ont désigné la Chine comme étant la source d’où partent de massives attaques. Tandis que les autorités civiles pressent les grands acteurs économiques de prendre des mesures de protection. En fait, cette attitude défensive tend à se généraliser. Ils ne sont pas moins de 35 pays à avoir développé une doctrine militaire destinée à faire face à une cyberguerre.

Mobilisation générale donc dans le cyberespace. Ministères, agences gouvernementales, états-majors, mais aussi industriels et prestataires de tous types ont, ces derniers mois, investi de façon significative la cybersécurité et la cyberdéfense. «Nous cherchons où couper dans nos budgets, mais s’il est un domaine pour lequel je suis sûre que nous aurons une progression, c’est celui du cyber» indique la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure, Janet Napolitano. Pour elle, «le cyberespace est l’endroit où nos intérêts économiques et nos intérêts sécuritaires peuvent coïncider». Conscients qu’une escalade offensive ne ferait qu’accroître la vulnérabilité de tous, ces mêmes Etats affichent la volonté d’un dialogue, voire d’une coopération internationale. Des experts explorent la possibilité d’un cadre juridique collectif. La nouvelle chaire de cyberstratégie créée fin novembre à l’Ecole militaire de Paris est missionnée sur la problématique.

Enfin, les exercices internationaux se développent à l’Otan, où un plan d’action a été adopté en juin. Mais également à l’Union européenne, qui a organisé un premier exercice de simulation en novembre. De leur côté, les Etats-Unis convient leurs alliés à participer à leurs «CyberStorm», organisés depuis 2006. Tout cela est conçu, précise Janet Napolitano, «afin de nous entraîner à réagir dans le cas d’une attaque massive qui aurait des répercussions dans plusieurs pays simultanément».

Les spécialistes ont constaté que les cyberattaques sont en hausse partout dans le monde. Les Etats-Unis et la Chine arrivent en tête de classement dans les attaques de cybercriminalité, surtout en raison de leur grand nombre d’internautes.

Le Brésil est en troisième position, devant l’Allemagne et l’Inde. Ces spécialistes relèvent «une mondialisation de la cybercriminalité, avec de nouveaux pays comme le Brésil, l’Inde, la Pologne, la Roumanie, la Turquie», celle-ci serait liée au développement de l’internet à haut débit dans ces pays