Elle nous accueille avec des airs de quiétude, de sérénité, de calme placide. A première vue, on aurait cru que ses habitants s’ennuient à mort de la persistance d’un quotidien routinier où il ne se passe jamais rien et qui tranche avec les scandales en tout genre.
Guelma, cette wilaya de l’intérieur sise à des centaines de kilomètres à l’est d’Alger, offre à son visiteur le décor d’un havre de paix avec ses sites verdoyants, ses stations thermales et ses villas cossues, assez nombreuses pour témoigner de l’aisance des siens.
Quoique limitrophe de Constantine où la population est horrifiée par l’assassinat des jeunes Haroun et Ibrahim, survenu dans la nouvelle ville Ali-Mendjeli, ici à Guelma, on réagit comme si ce crime qui a ébranlé toute l’Algérie s’est produit dans une contrée lointaine où le mode de vie n’a aucun rapport avec les us et les coutumes de la région.
Cependant, tout ce décor n’est en réalité qu’une façade. A l’instar de beaucoup de régions du pays, Guelma se distingue par une progression multiforme de la criminalité, notamment les crimes crapuleux, nous confie le colonel Guena Benaouada, commandant du groupement de gendarmerie de cette wilaya.
Un cyber-énergumène sème la zizanie à l’université
De l’atrocité ayant ainsi stupéfait les services de gendarmerie à travers la découverte macabre de nombreux cadavres, le crime à Guelma a évolué à telle enseigne que l’université du 8 Mai- 1945, sise au chef-lieu de wilaya, vient d’être le théâtre d’une affaire de cybercriminalité, la première du genre de par sa gravité au plan national.
Une affaire dont a été victime le professeur Hamid Seridi, directeur du laboratoire des sciences et des technologies de l’information et de la communication créé en 2010 et réunissant en son sein une quarantaine de chercheurs aguerris en informatique.
Toutes les données informatiques du directeur Seridi où son emmagasinées des informations traitant de la télésurveillance et de la cryptographie, de nature très sensible et relevant même «de la sécurité de l’Etat» d’après ses dires, ont été en effet piratées par un cyber-énergumène ayant mis en déroute l’ensemble des responsables de l’université de Guelma, paralysant le département d’informatique de cette faculté et son laboratoire de recherches pendant des mois.
Faisant usage de l’adresse e-mail du docteur Seridi qu’il a piratée, le cybercriminel qui n’est autre que H. M., ex-enseignant au département d’informatique traduit en conseil de discipline et muté pour donner des cours à des étudiants en droit en raison de son comportement indélicat, s’est lancé alors dans l’envoi d’une série de messages nuisibles sur internet qu’il a adressés à ses collègues universitaires, au recteur de la faculté de Guelma et même aux responsables de l’université d’Annaba.
Le contenu de ces messages, tels qu’ils sont expliqués par le colonel Guena, traduit l’idée selon laquelle les thèmes de recherche abordés par les universitaires de Guelma ne sont qu’une reproduction de ce qui a été traité ailleurs, notamment au Maroc.
Mieux, H. M. ira même jusqu’à pirater le compte e-mail des chercheurs Fazia Omary (originaire du Maroc) et de Abderrahmane Taghit pour notamment adresser des messages en leur nom sous forme de plainte pour plagiat dont auraient fait l’objet leurs thèmes de recherche.
«Bien entendu, tout cela n’est pas vrai et relève de la pure invention, de l’imaginaire du mis en cause», tiendra à préciser le commandant du groupement de la gendarmerie de Guelma lors d’un point de presse qu’il a animé vendredi, ajoutant que son identification a été rendue possible après que ce dernier était parvenu à adresser un total de 235 messages.
Le conférencier mettra aussi l’accent sur le concours de l’Institut de cybercriminalité de la gendarmerie basé à Bir Mourad Raïs (Alger) ainsi que l’INCC (Institut de criminalistique et de criminologie) relevant de la même institution de sûreté publique dans le traitement de cette affaire.
Celle-ci a semé durant des mois une véritable zizanie au sein de l’université de Guelma. Suite à son interpellation, le mis en cause a été présenté jeudi devant le procureur du tribunal local qui a décidé de le placer sous contrôle judiciaire.
Selon des sources sûres, les malheurs judiciaires de H. M. ne font que commencer, vu qu’en sus du docteur Seridi, ce sont 37 autres chercheurs de l’université de Guelma qui ont décidé de l’ester en justice.
Vaste trafic de psychotropes
Au début de l’année en cours, les gendarmes de Guelma procèdent à l’arrestation d’un dealer en possession de 1400 comprimés de psychotropes. Son audition a permis de lever le voile sur les agissements de l’un des plus importants réseaux «excellant» dans ce genre de trafic ayant des ramifications dans plusieurs wilayas du pays.
Une enquête est aussitôt engagée et est toujours en cours, précise-t-on. Les investigations menées ont concerné jusque-là une vingtaine d’officines pharmaceutiques dont la plupart sont implantées dans les wilayas de l’Est ainsi que six fournisseurs de médicaments.
Il convient de souligner que le trafic de psychotropes est l’une des activités illicites les plus en vogue dans le Constantinois.
Du coup, les services de la gendarmerie de Guelma se disent d’ores et déjà convaincus que la fin de leurs investigations entamées dans le cadre de l’enquête sus-évoquée se traduira certainement par de nombreuses interpellations parmi les différents intervenants dans la chaîne de distribution et de commercialisation des médicaments.
30 associationsde malfaiteursdémantelées en 4 mois
En attendant, les mêmes services sont parvenus à mettre hors d’état de nuire un réseau de vol de cheptel opérant dans les wilayas de Guelma, Souk-Ahras, El Tarf, Annaba et Skikda.
Les éleveurs victimes des agissements de ces réseaux ont été «pistés» par cette bande de malfaiteurs à partir d’un cabaret sis à Guelma d’où ont été livrés les détails liés à leurs activités à une femme aux mœurs légères considérée comme un des membres du réseau démantelé.
Le traitement de cette affaire s’est traduit par l’arrestation de 26 individus impliqués, la saisie de 45 têtes de bétail et 11 véhicules.
L’ampleur de la criminalité sur le territoire de la wilaya de Guelma a pris des proportions alarmantes, comme en témoigne le démantèlement d’une trentaine d’associations de malfaiteurs durant les quatre derniers mois, souligne le premier responsable du groupement de gendarmerie de la wilaya.
Le traitement de ces affaires a permis l’arrestation d’une cinquantaine de personnes pour différents crimes et délits, dont une trentaine mise en détention et une quinzaine sous contrôle judiciaire.
Karim Aoudia