L’islam des ancêtres est, selon le ministre, le seul qui vaille en Algérie
Le ministre a été sentencieux en déclarant froidement: «Je suis ministre de toutes les religions.»
La féroce campagne menée par les milieux islamistes à l’encontre du ministre du Commerce sur le sujet de la commercialisation de l’alcool a été abordée lors du forum d’un quotidien régional arabophone, par le ministre des Affaires religieuses et des Wakfs, Mohamed Aïssa. Sans détour et faisant montre de la solidarité gouvernementale de rigueur, le ministre des Affaires religieuses et des Waqfs, ne s’est pas dérobé à la question qu’il semblait attendre d’ailleurs. Mohamed Aïssa a remis les contradicteurs de Benyounès à leur place en soulignant sèchement que «la mesure prise est du ressort du ministère du Commerce».
Un air de dire que son département n’est pas habilité à aller à l’encontre des décisions de ses collègues au gouvernement. En d’autres termes, il ne s’agira jamais de suivre à la trace les membres de l’Exécutif pour contrôler si leur actions sont conformes ou pas aux précepts de l’islam. Et le ministre d’expliquer pour finir que son devoir n’était pas de s’immiscer dans les affaires des autres ministères. Une telle réponse coupe l’herbe sous les pieds de ceux ayant dénoncé récemment la mesure prise par le département dirigé par Amara Benyounès, sur la question de la commercialisation des boissons alcoolisées.
Mohamed Aissa n’a pas cédé aux tentations salafistes qui veulent impliquer un membre du gouvernement dans une polémique stérile. Il faut dire que le ministre n’est pas à sa première réaction du genre. Il a, à maintes occasions, fait preuve de tolérance.
En abordant, tout récemment, la question de la réouverture des synagogues, des églises, le ministre a, sans trop polémiquer ni tancé ses détracteurs, apporté des réponses à la hauteur des événements en stoppant intelligemment la cabale de dénigrement dont il est victime aussi bien que son prédécesseur à la tête du département des affaires religieuses. Face à la salve islamiste sur le sujet des synagogues, le ministre a rappelé à ses contradicteurs qu’il était «ministre de toutes les religions». Dans le forum qu’il a animé, Mohamed Aissa n’atait pas sur la défensive et répondait du tac au tac aux accusations des salafistes. Il n’est pas resté figé sur le sujet des religions en abordant d’autres thèmes comme la médication à base des précepts coraniques, appelée dans le jargon religieux «la rokia légale». Mohamed Aïssa, sans donner une quelconque cote d’alarme, a tenu à dénoncer la «profusion» de ces pratiques qui s’exercent illégalement. Il dira que «cette forme de médication a été exercée par le Prophète Qsssl» et qu’à ce titre, elle n’est pas accessible au commun des mortels.
Le ministre est, encore une fois revenu ingénieusement et implicitement, sur la situation religieuse qui prévaut un peu partout dans les pays arabes. Il invitera, tout en lançant des fléchettes en direction des sectes qui veulent prendre la place du culte malékite, la jeunesse algérienne à s’accrocher à sa religion. Celle-ci est l’islam d’obédience malékite, loin de toute forme dogmatique en encore d’endoctrinement intégriste. Bref, l’islam des ancêtres est, selon le ministre, le seul qui vaille en Algérie.
En des termes clairs et limpides, le ministre éloigne, mais sans le dire explicitement, le dogme religieux venant des pays de la péninsule Arabique, pouvant être la source des conflits religieux. Dans cette tâche, Mohamed Aïssa a réussi là où son prédécesseur a échoué tant il a osé et fait sauter les verrous de plusieurs tabous, tout en abordant scientifiquement des sujets religieux restés à l’écart depuis des années. Au final, Mohamed Aïssa a, comme à son accoutumée, fait preuve de tolérance. N’est pas ministre des Affaires religieuses qui veut!.