Est-ce la fin de l’embargo mis en place par les Etats-Unis contre Cuba ? Bien malin celui qui apportera une réponse tangible.
Néanmoins, des signes avant coureurs laissent croire qu’«el bloqueo», blocus en espagnol, se relâche peu à peu et montre des signes de fragilité après un peu plus d’un demi-siècle d’existence.
Est-ce la fin de l’embargo mis en place par les Etats-Unis contre Cuba ? Bien malin celui qui apportera une réponse tangible.
Néanmoins, des signes avant coureurs laissent croire qu’«el bloqueo», blocus en espagnol, se relâche peu à peu et montre des signes de fragilité après un peu plus d’un demi-siècle d’existence. Le 7 février 1962, Washington impose un blocus économique contre la Havane suite à l’expropriation des compagnies américaines et le refus de l’oncle Sam d’acheter le sucre cubain, malgré les tentatives de médiation opérées par le président argentin Arturo Frondizi.
Cette étape intervient également juste après l’échec cuisant subit par les Gi’s lors de l’opération de débarquement de la baie des Cochons. Depuis, l’Ile des Caraïbes est sous le regard inquisiteur de son grand voisin Yankee.
Le 29 octobre 2013, l’assemblée générale des Nations unies a voté pour la 22e fois en faveur d’une résolution qui condamne cet embargo. 188 pays ont voté en faveur de cette résolution. Trois nations du pacifique à savoir la Micronésie, les Iles Marshall et Palau, qui votent habituellement comme Washington, se sont abstenus, cette fois-ci. Un signe qui ne trompe pas.
En effet, depuis quelques années des prémices laissent croire que la perle des Caraïbes va bientôt émerger de son isolement. A entendre le ministre néerlandais des Affaires étrangères, le processus semble bel et bien engagé. Le 7 janvier dernier, M. Frans Timmermans a clamé tout haut qu’il était temps pour l’UE d’«actualiser ses relations avec Cuba».
Une déclaration qui n’a pas fait l’effet d’une bombe mais plutôt favorablement accueilli et tout à fait assumée par l’ensemble des acteurs de l’Union européenne dont le rapprochement à commencé déjà en novembre 2012 après un gel des relations qui a duré 16 années durant (depuis 1996). Une quinzaine de pays de l’union s’engageaient alors individuellement dans des signatures de contrats bilatéraux avec le régime de Castro. Même la Pologne, la République de Tchéquie et la Suède ont assoupli leur position qui, auparavant, butait sur la question des droits de l’homme.
Cette démarche de «normalisation» s’est accélérée au rythme du processus de réformes engagé par les autorités de la Havane sous la présidence de Raoul Castro. En effet, depuis quelques mois, les Cubains peuvent désormais jouir d’un accroissement des libertés comme celui de voyager à l’étranger.
Au volet politique, la durée de certains mandats publics à été limité. Mais la grande révolution se situe au niveau économique. Les ajustements apportés à ce volet même si elles nous paraissent minimes, il n’en demeure pas moins que pour les cubains cela reste un acquis significatif.
Ainsi, les réformes introduites permettent, dorénavant, la création de coopératives privées, la possibilité d’exercer des activités indépendantes, et des facilitations accordées à l’investissement étrangers. Ce frémissement annonciateur de la levée de l’embargo se traduit aussi à travers la construction par Cuba du «mégaport» de Mariel, à 45 km à l’ouest de La Havane qui est présenté comme le symbole de l’ouverture de l’ïle sur le reste du monde et la modernité.
Destiné à recevoir en provenance d’Asie les navires «Postpanamax» qui peuvent transporter jusqu’à 12.000 conteneurs, avant d’en redistribuer les marchandises à travers l’Atlantique, cette infrastructure colossale de 2400 mètres de quai permettra à Cuba de renouer avec la tradition de centre commercial névralgique qu’elle occupait à l’époque de l’empire colonial espagnol en Amérique latine.
A terme, le port devrait permettre de traiter un million de conteneurs par an. Une zone franche est prévue pour accueillir les investisseurs étrangers, qui devraient bénéficier de nouvelles conditions avec une loi qui doit sortir en mars. Cette aubaine les européens l’ont bien perçu en annonçant à demi-mot que des pourparlers pourraient avoir lieu ce mois ci pour la conclusion d’un accord UE-Cuba censé entrer en vigueur en 2015… mais ça, c’est déjà une autre histoire…
M. T.