43% d’Algériens se sont rendus aux urnes
Ils sont exposés à des schismes qui peuvent se révéler dévastateurs en particulier pour le Front de libération nationale, en attendant le Rassemblement national démocratique.
La pratique de la politique en Algérie relève de la politique-spectacle. Mis à part les médias qui sont à l’écoute de leurs «jérémiades», le commun des Algériens ne semble pas être à leur écoute. Il y a tout de même ceux que l’on a convaincu à aller voter qui doivent se poser quelques questions. «Je pensais avoir donné ma voix pour que nos problèmes soient pris en charge.
Le résultat est affligeant…», nous a confié un citoyen. Les 43% d’Algériens qui se sont rendus aux urnes ne s’attendaient certainement pas à ce que ceux à qui ils ont accordé leurs suffrages pour mener à bien les réformes qui doivent assoir la démocratie, la liberté d’expression et répondre à leurs préoccupations quotidiennes (logement, emploi, pouvoir d’achat…) se mettent, de la sorte, en scène.
Des voix s’élèvent aujourd’hui surtout au sein des partis qui ont exercé le pouvoir (FLN, RND), pour dénoncer le manque de démocratie au sein de leur formation politique alors qu’ils y ont assumé des responsabilités tout en occupant des postes ministériels ou de hautes fonctions. «Ouyahia n’est en aucun cas capable d’une once de pensée sincère de démocratie. Il ne nous a pas non plus habitués à des discours à connotation démocratique», dénonce le mouvement de redressement qui a pris naissance au RND suite à la confection des listes de candidatures contestées. Quant au sort de Abdelaziz Belkhadem, SG du FLN, il ne tient qu’à un fil. D’autres pointent du doigt les leaders de certains partis pour leur faire porter la responsabilité de leur hécatombe du 10 mai, à l’instar du Mouvement de la société pour la Paix. «Abderrahmane Saïdi (président du conseil consultatif du MSP) a déclaré sans ambages, que M.Soltani sera nécessairement seul responsable de cet échec», écrit l’Expression dans son édition du 29 mai. La fronde au FFS sonne par contre comme une prémice à la succession de son leader charismatique: Hocine Aït Ahmed qui demeure un des derniers symboles de la révolution. De jeunes loups aux dents longues tentent de se placer sur l’échiquier. Ils montent au créneau. Selon eux, le Zaïm serait mal informé et induit en erreur. «Aït Ahmed est le président du parti. Il est respecté par l’opinion publique et par les militants. Les rapports qui lui ont été transmis sur la gestion du parti et le déroulement de toutes les opérations sont, pour le moins qu’on puisse dire, incomplets. Ils n’émanent d’ailleurs pas des instances habilitées à le faire», a déclaré l’ex-premier secrétaire du FFS, Karim Tabo, dans un entretien publié le 30 mai par TSA. «Les velléités d’instrumentalisation politique du FFS dans des logiques claniques doivent conduire les cadres, responsables et militants, à transcender les divergences secondaires pour aller à l’essentiel: préserver la ligne et l’autonomie politique du FFS.», a indiqué, de son côté, l’ex-porte-parole du FFS Samir Bouakouir, dans une interview accordée à l’Expression. Les langues se délient. 144 cadres du parti ont lancé, samedi, un appel au président du FFS, pour «restituer le parti aux militants». La ligne du parti doit-elle être recadrée? Le dernier mot reviendra à Aït Ahmed. L’Algérie avant tout. Ceux qui ont porté haut et fort ce slogan y ont laissé leur vie.
Il est rangé aux oubliettes aujourd’hui. Au lendemain des élections législatives toutes les formations politiques qui ont pris part à ce scrutin ont crié à la fraude, hormis les deux partis qui sont arrivés en tête, RND et FLN. Autrement dit, ce qui reste de l’Alliance présidentielle après le retrait du MSP. Paradoxalement elles sont exposées à des schismes qui peuvent se révéler dévastateurs en particulier pour le Front de libération nationale en attendant le développement des événements pour le Rassemblement national démocratique. Deux partis auxquels a échu successivement la tête du gouvernement. Le scrutin du 10 mai a mis à nu le fonctionnement des formations politiques algériennes les mieux structurées. Et pour couronner le tout, ce sont celles qui forment le quatuor de tête de cette joute électorale qui sont secouées par des crises internes (FFS et MSP) et des mouvements de redressement. L’un déjà en marche pour le FLN et l’autre qui pointe le bout de son nez au RND.
Les dernières élections législatives auraient dû sonner le renouveau de la classe politique. Elles auront accouché de ce que d’aucuns n’attendaient: des partis, en crise après des élections législatives qualifiées d’historiques et comparées au déclenchement de la guerre de Libération du 1er Novembre 1954…