Les incertitudes, les troubles géopolitiques, en Irak et en Ukraine notamment, ne devraient pas impacter négativement sur les recettes d’exportations d’hydrocarbures, sur l’économie algérienne. Les cours du pétrole restent encore élevés, enregistrant des records de hausse depuis septembre dernier.
Une hausse des cours de l’or noir, de deux à trois dollars le baril sur les places de New York et Londres, a été constatée ce week-end. Une augmentation des cours à plus de 106 dollars que les analystes lient à la guerre, à l’escalade des violences en Irak et le risque de perturbations majeures de l’offre de ce pays, grand producteur de brut et disposant des deuxièmes réserves mondiales.
Ainsi, les approvisionnements en pétrole irakien pourraient être gravement perturbés, amenés à diminuer si l’offensive des insurgés, réputés jihadistes sunnites, qui se poursuivait dans le nord devait s’étendre jusqu’aux provinces pétrolières du sud. Un risque qui demeurait encore latent hier, justifiant les appréhensions quant à un déficit d’offre et donc une hausse des prix.
Stimulés encore par les incertitudes et autres troubles en Libye et au Nigeria notamment, les cours de l’or noir ont ainsi augmenté. Toutefois, les risques de diminution de l’offre irakienne et la hausse des cours restent à tempérer, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole dont l’Irak fournit 10% de la production, adoptant une certaine sérénité en maintenant son plafond de production collectif.
Quel impact donc sur l’Algérie dont les recettes d’exportations sont générées à 98% par la vente d’hydrocarbures ? A ce propos, l’expert pétrolier et ancien manager du groupe Sonatrach, Abdelmadjid Attar, ne semble pas craindre des répercussions négatives pour l’économie nationale. Ainsi, les recettes d’exportations de pétrole devraient se maintenir à leur niveau, voire augmenter.
L’économiste et vice-président du Conseil national économique et social (Cnes), Mustapha Mekidèche, considère que les prix moyens de vente du brut algérien, et donc les recettes d’exportation, devraient croître. Ce qui permettrait de compenser le déclin avéré de la production et de l’exportation mais aussi d’atténuer la tension sur la balance des paiements.
Autre hydrocarbure dont l’offre est perturbée actuellement, le gaz et notamment le gaz russe dont les approvisionnements vers l’Ukraine et l’Europe risquent d’être suspendus. Même si des négociations étaient envisagées hier entre Moscou et l’Ukraine, l’incertitude sur le règlement de la crise financière et gazière entre les deux pays a stimulé la hausse des prix du gaz. Une hausse que l’augmentation des coûts de valorisation et commercialisation du gaz de schiste aux Etats-Unis a également boostée. Certes, cette instabilité gazière pourrait permettre, selon le vice-président du Cnes, aux parts de marché de l’Algérie et à ses prix de vente de «se redresser».
Toutefois, l’Algérie qui produit et exporte au maximum de ses capacités, relève l’expert pétrolier Abdelmadjid Attar, ne pourrait compenser dans l’absolu un déficit de l’offre russe si la rupture des livraisons de Gazprom vers l’Ukraine était décidée en raison du non-remboursement de la dette gazière contractée par Kiev (4,5 milliards de dollars).
En somme, les incertitudes, les troubles géopolitiques actuels dans le monde ne devraient pas impacter négativement sur les recettes d’exportations d’hydrocarbures sur l’économie algérienne. Cela, même si la question d’une diversification économique incontournable reste posée.
C. B.