Les forces russes ont pris le contrôle hier soir du dernier navire battant encore pavillon ukrainien en Crimée.
C’est ce qu’a annoncé un porte-parole du ministère ukrainien de la Défense, Vladislav Seleznev. Une demi-heure après le début de l’assaut, ponctué par des bruits d’explosions, probablement celles de grenades assourdissantes, le dragueur de mines Tcherkassi était remorqué par le remorqueur Kovel vers le débarcadère de la garnison n°5, sur la rive du lac Donouzlav, ont indiqué les sources sur place citées par M. Seleznev. Les membres d’équipage ont indiqué qu’il n’y avait pas de blessés parmi eux, a ajouté le porte-parole. Quand les assaillants étaient montés à bord du Tcherkassi, l’équipage s’est barricadé à l’intérieur du navire. Selon un marin ukrainien à bord entré en contact avec le journal en ligne Ukraïnska Pravda, les assaillants sont arrivés à bord de deux vedettes rapides, tandis que des hélicoptères survolaient le lac.
Les forces russes qui s’étaient emparées lundi du grand navire de débarquement Kostiantyn Olchanski, avaient essayé également en même temps de prendre le contrôle du Tcherkassi, mais le navire a manœuvré habilement, sans s’arrêter, pour ne pas se laisser aborder, selon ce marin. Les navires ukrainiens étaient bloqués sur le lac Donouzlav, la flotte russe ayant coulé deux de ses propres bateaux dans le passage conduisant vers la mer Noire. Après s’être emparés par la force lundi à l’aube d’une base d’infanterie de marine à Feodossia, les Russes ont quasiment achevé la prise de contrôle de la Crimée. Une humiliation militaire supplémentaire qui avait conduit quelques heures auparavant, à la démission du ministre de la Défense, Igor Tenioukh. La gestion de la crise par Kiev, accusé d’impuissance et d’improvisation, s’attirait durant la journée d’hier des critiques de plus en plus vives, y compris au sein du pouvoir de transition en place depuis la chute de Viktor Ianoukovitch. « Nous avons besoin que ceux qui travaillent et prennent les décisions soient des spécialistes, des gens capables de prendre les bonnes décisions », a déclaré le président du Parlement et du pays par intérim Olexandre Tourtchinov. Critiqué notamment par l’ex-champion de boxe Vitali Klitschko, M. Tourtchinov a mis au vote sa propre démission, qui a été largement rejetée. Le représentant du président ukrainien par intérim en Crimée, Serguiï Kounitsine, a également démissionné de ses fonctions pour protester contre ce qu’il considère comme l’inaction des autorités de Kiev. « J’ai honte de tout cela », a-t-il dit. « Chaque jour nos militaires sont faits prisonniers tandis que nous ne faisons que tenir des réunions, des débats », a-t-il regretté.
R.I. / Agences
Cet enregistrement qui enfonce Kiev
• Le climat entre Moscou et Kiev s’est encore alourdi mardi avec la publication sur internet d’un enregistrement de propos privés téléphoniques de l’égérie de la Révolution orange Ioulia Timochenko, à caractère violemment anti-russe. Elle a démenti la partie la plus dure de l’enregistrement qui lui fait dire qu’il faudrait tuer les huit millions de Russes d’Ukraine « avec des armes nucléaires ». Mais dans les parties non démenties de l’entretien téléphonique Mme Timochenko, aujourd’hui dirigeante de l’un des partis au pouvoir, se dit notamment « prête à prendre une mitraillette et tirer une balle dans la tête à ce salaud », visant apparemment le président Vladimir Poutine.