■ Le président russe est sorti de son silence hier pour dénoncer un «coup d’Etat» contre le «seul président légitime», Viktor Ianoukovitch.
Interrogé sur les nouvelles autorités au pouvoir en Ukraine, Vladimir Poutine a répété qu’il n’y avait «qu’un seul président légitime», Viktor Ianoukovitch. «Il ne peut y avoir qu’une seule appréciation sur ce qui s’est passé à Kiev et en Ukraine : il s’agit d’un coup d’Etat anticonstitutionnel, d’une prise de pouvoir par les armes», a martelé M. Poutine.
Il a accusé les Occidentaux d’avoir eu recours à des «entraîneurs» pour former les «unités de combat», en référence aux contestataires ukrainiens. Les déclarations du maître du Kremlin interviennent quelques heures après que les Etats-Unis ont accentué leur pression sur la Russie en rompant toute coopération militaire avec Moscou et en menaçant de nouvelles sanctions. M. Poutine n’a pas entièrement écarté l’envoi de troupes en Ukraine. «Cette possibilité existe», a-t-il dit en précisant que la Russie se réservait le droit de recourir à «tous les moyens» pour protéger ses citoyens dans cette ancienne république soviétique, notamment en Crimée où la population est composée à 60% de citoyens russes. M. Poutine a laissé entendre que le même scénario pourrait se répéter dans les régions russophones de l’est de l’Ukraine. «Si les désordres commencent dans les régions de l’est, si les gens demandent notre aide, nous nous réservons le droit d’utiliser tous les moyens pour les défendre», a-t-il déclaré, tout en estimant qu’une intervention militaire russe en Ukraine n’était «pas nécessaire pour le moment». La Russie a le droit de protéger en Ukraine «des gens que nous considérons proches, du point de vue historique, culturel et économique», c’est à dire les russophones du sud et de l’est de la Crimée, a martelé M. Poutine. Le président russe a par ailleurs manifesté ouvertement son soutien à une éventuelle indépendance de la Crimée : «Cela a été permis aux Albanais du Kosovo, et à d’autres dans le monde. Le droit d’une nation à l’autodétermination est reconnu par l’ONU», a-t-il souligné. Dénonçant les Occidentaux «qui ont soutenu un coup d’état anticonstitutionnel et une prise du pouvoir par les armes», le président russe a mis en garde par avance contre d’éventuelles sanctions à l’encontre de Moscou. «Ceux qui envisagent d’imposer des sanctions feraient bien de réfléchir aux conséquences, les dommages seront des deux côtés», a-t-il déclaré. Vladimir Poutine, avare de déclarations depuis la destitution le 22 février du président Ianoukovitch, a nié que des forces russes opéraient en Crimée, affirmant que ce sont des «forces locales d’auto-défense» qui bloquent les bases ukrainiennes. Juste après la sortie de Poutine , Barack Obama a affirmé que les déclarations de son homologue russe Vladimir Poutine sur la Crimée «ne trompaient personne» et prévenu que Moscou, en intervenant en Ukraine, s’exposait à un affaiblissement de son influence dans la région. Le président des Etats-Unis a également pris note d’«informations» selon lesquelles M. Poutine, qui a donné une conférence de presse plus tôt hier, était en train d’examiner les différentes options s’offrant à lui dans cette crise. M. Obama a souligné que pour les Etats-Unis, l’Union européenne et leurs alliés, «les actes de la Russie violent le droit international». «Je sais que le président Poutine a apparemment (…) une interprétation différente, mais à mon avis (ces arguments) ne trompent personne», a-t-il souligné
R. I./ Agences