Damas n’a plus de temps à perdre. Outre le « rapport accablant » de la commission d’enquête de l’ONU, signalant l’utilisation sur une « échelle relativement grande » du gaz sarin, la rencontre parisienne des trois alliés occidentaux ne laisse plus aucun doute sur leurs réelles motivations.
Par-delà ses divergences ,l’Occident veut frapper. Pour le ministre syrien de l’Information, Omrane Al-Zohbi, les récentes déclarations américaines sur la possibilité de frappes sont « une menace pour toute la région ». Elles ont « un parfum d’agression », a-t-il précisé, tout en assurant que « nous ne perdons pas de temps ».
C’est que le bruit de bottes se fait de nouveau entendre et inquiète l’artisan de l’accord de Genève, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, dénonçant le retour au langage de la force et le torpillage de l’accord américano-russe menacé par la résolution « forte et contraignante » évoquée lors de la rencontre à Paris entre les chefs des diplomaties américaine, britannique et française. Un premier couac de l’après-Genève qui remet en cause la grande avancée saluée par toute la communauté internationale. C’est en « partenaire sérieux » que la partie américaine a été interpellée par Lavrov pour s’en tenir aux engagements pris dans la feuille de route de Genève qui présente « une voie professionnelle et concrète ».
Mais l’après-Genève se renforce aussi par l’imbroglio né des interprétations divergentes sur le recours à la force. Depuis l’Elysée, John Kerry a fait état de l’accord de Moscou pour des sanctions contre Damas en cas de non-respect des engagements prévus par l’accord de Genève. Ce que dément fermement Lavrov. « Nos collègues américains avaient très envie que cette résolution soit adoptée sous le chapitre 7. Mais le document final que nous avons approuvé, et qui constitue notre feuille de route et un engagement mutuel, ne contient pas une telle mention », a-t-il précisé.

L’option des frappes militaires reste sur la table, crient à l’unisson le secrétaire d’Etat, John Kerry, et le président français François Hollande qui ne désespère pas de concrétiser son vieux projet de résolution « forte et contraignante » et de réunir l’opposition réfractaire à tout accord avec le régime de Bachar Al Assad. Damas est menacée de « conséquences », alors que, selon l’Elysée, les Américains, les Français et les Britanniques veulent avancer « très vite » et travaillent « dès maintenant à une solution politique » donnant la part belle à l’opposition. Une perspective difficile à évaluer et à mettre en œuvre au regard du rôle et de la place prédominante des organisations extrémistes, blacklistées, et formant près de la moitié de la rébellion.
Larbi Chaabouni