Crise politique au Venezuela: Pression diplomatique et chantage humanitaire sur Caracas

Crise politique au Venezuela: Pression diplomatique et chantage humanitaire sur Caracas

Les États-Unis, ainsi que leurs alliés sud-américains et européens, mènent une campagne médiatique féroce contre le pouvoir à Caracas, où Nicolas Maduro résiste grâce au soutien de l’armée et de la Russie.

L’idée d’une intervention militaire au Venezuela, pour évincer Nicolas Maduro du pouvoir, est plus que jamais une option très plausible, même si l’on ignore comment Washington compte s’y prendre pour passer à l’action, face au refus russe et chinois de recourir à la force pour régler la crise politique à Caracas.

Dans la nuit de samedi à hier, les États-Unis ont déposé en effet un projet de résolution au Conseil de sécurité, dans le but d’accentuer la pression sur Nicolas Maduro, qui demeure imperturbable et rejette toute tentative d’ingérence dans les affaires internes de son pays. Le projet américain obtenu samedi par l’AFP exprime “le plein soutien” du Conseil à l’Assemblée nationale vénézuélienne, “seule institution démocratiquement élue au Venezuela”. Le texte appelle aussi “à un processus politique conduisant à une élection présidentielle libre, juste et crédible”. Le projet de Washington demande aussi au Secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, “d’utiliser ses bons offices” pour obtenir un tel processus électoral.

Il insiste enfin sur la nécessité d’éviter une “détérioration supplémentaire” de la situation humanitaire et “de faciliter l’accès et la livraison d’une aide pour tous ceux qui en ont besoin” dans le pays. Parallèlement, le président du Parlement, Juan Guaido, qui s’est autoproclamé président par intérim du pays, continue dans le chantage humanitaire pour forcer les chavistes à tenir une présidentielle anticipée, comme l’ont exigé le Groupe de contact international et Washington. Mais pour le moment, le soutien russe à Maduro demeure un obstacle pour

M. Guaido et Washington. Moscou a déposé aussi dans la nuit de samedi à hier un projet de résolution en totale opposition avec le texte américain au Conseil de sécurité. Le texte obtenu samedi par l’AFP exprime “l’inquiétude” du Conseil face “aux menaces de recourir à la force contre l’intégrité territoriale et l’indépendance politique” du Venezuela.

Il critique aussi “les tentations d’intervenir dans des sujets qui relèvent principalement d’affaires intérieures” à ce pays. Le projet russe appelle à “un règlement de la situation actuelle (…) via des moyens pacifiques”. Il apporte aussi son soutien à “toutes les initiatives visant à trouver une solution politique entre les Vénézuéliens, dont le Mécanisme de Montevideo”, sur la base d’un dialogue national. Par ailleurs, Pedro Carmona, qui a brièvement pris le pouvoir au Venezuela lors du coup d’État manqué contre Hugo Chavez en 2002, s’est dit hier contre l’idée d’une intervention militaire dans le pays avancée par les États-Unis.

“Non aux interventions militaires (…) il faut essayer de faire entrer de l’aide humanitaire pour un peuple dans le besoin. Mais je ne serai pas d’accord avec une intervention unilatérale des États-Unis”, a indiqué M. Camora à l’AFP depuis Bogota, où il vit depuis 17 ans, la Colombie lui ayant accordé l’asile politique l’an dernier. L’idée de l’intervention militaire au Venezuela est rejetée pour l’heure par la quasi-totalité des pays. Les Vénézuéliens se sont dit aussi contre cette intervention.

Lyès Menacer