Crise pétrolière et mesures d’austérité, Quel est le rôle du privé dans la nouvelle conjoncture ?

Crise pétrolière et mesures d’austérité, Quel est le rôle du privé dans la nouvelle conjoncture ?
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La crise pétrolière suscite de l’inquiétude au sein du pouvoir. Avant-hier, le ministre de l’Énergie, Youcef Yousfi, a fait part des incertitudes entourant “le niveau des recettes pétrolières dans le futur”. Des incertitudes qui touchent également le gaz naturel, puisque son prix est indexé sur celui du brut.

En tout cas, cette situation a engendré un nouveau discours officiel où dominent la prudence, la rigueur dans la gestion du budget de l’État et la mise en place de mesures d’austérité.

Cela devrait se traduire, notamment, par le gel des recrutements dans le secteur de la Fonction publique, au cours de l’année 2015, et la relance de la machine économique en vue de “l’après-pétrole”. Mais, comment l’économie rentière algérienne, largement dominée par les hydrocarbures et par la sphère informelle, pourra-t-elle se transformer en un temps record et répondre aux besoins de la société et de la nation ? De plus en plus de voix, parmi les économistes et les chefs d’entreprise, s’élèvent pour affirmer que la crise actuelle, aussi inquiétante soit-elle, pourrait provoquer un sursaut salutaire. Qu’elle pourrait inciter à l’accélération des réformes en vue de diversifier l’économie et renforcer le secteur privé dans l’économie nationale. D’aucuns estiment qu’aujourd’hui, l’entreprise (et même l’acte d’investir) est au cœur du débat économique, tout en insistant sur la nécessité de l’amélioration du climat des affaires et de l’environnement de l’entreprise. Mais qu’en est-il de la place du secteur privé algérien ? Il est reconnu, à présent, que le secteur le plus créateur de postes d’emploi est le secteur privé. Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, Mohamed Benmeradi, l’a d’ailleurs réaffirmé dernièrement, en avançant le taux de 58,8%. Pourtant, comme le soutient le sociologue Omar Derras, le privé algérien a souffert longtemps des positions “ambivalentes et très ambiguës” de l’État, quant à sa place et son rôle dans l’économie nationale. Pour ce dernier, la méfiance de l’État et “ce tâtonnement ont fortement handicapé et retardé l’émergence d’un véritable secteur privé industriel”. Le sociologue relève cependant que ce secteur privé est parvenu à se structurer “progressivement” et à se développer “à l’ombre du secteur public”. C’est à la suite de la chute du bloc de l’Est, des événements d’Octobre 1988 et de la crise politique interne, que les autorités du pays ont décidé d’abandonner l’économie centralisée pour s’orienter vers l’économie de marché. Mais, malgré la nouvelle politique d’orientation du secteur privé, celui-ci continue de rencontrer des contraintes et des blocages qui l’empêchent de voler de ses propres ailes, à l’exception de certaines entreprises. Dans un rapport commandé dernièrement par la Fondation européenne pour la formation à des experts algériens, dont l’économiste-chercheur Mohamed Saïb Musette, il est mentionné que si le secteur privé “ne peut croître, il apparaît difficilement possible de résoudre le problème du chômage, sans injection permanente de fonds publics”. Il est, en outre, conseillé d’engager les réformes nécessaires et de responsabiliser le privé algérien, afin de contribuer à la croissance des PME et “au développement d’un solide secteur privé”. Le gouvernement actuel est-il en mesure de laisser le privé jouer le rôle qui lui revient dans l’économie ? Si tel est le cas, quelles seront alors les prérogatives d’un État de régulation, garant du respect des droits des citoyens et des intérêts supérieurs de la nation ?

H. A.

LG Algérie