«éviter une intervention militaire dont les conséquences pourraient être désastreuses sur toute la région du Sahel»
L’Algérie, malgré l’importance de ses moyens militaires, favorise la voie du dialogue et des négociations.
Porteur d’un message du chef de l’Etat, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, se trouve à Abuja où il représentera le président de la République Abdelaziz Bouteflika, aux travaux du Sommet extraordinaire de la Cédéao portant sur la crise malienne. L’émissaire du chef de l’Etat est muni d’une lettre à l’attention des présidents de la Côte d’Ivoire Alassane Ouattara, président en exercice de la Cédéao et du Nigeria M.Goodluck Jonathan, avertissant sur les conséquences que peut engendrer une intervention militaire. Cette mise en garde intervient au lendemain des déclarations de l’envoyé spécial de l’ONU, Romano Prodi, qui est bien imprégné de la situation qui prévaut au Mali, notamment après de profondes discussions avec le président de la République à Alger, soulignait «tous les efforts seront déployés pour instaurer la paix au nord du Mali et éviter une intervention militaire dont les conséquences pourraient être désastreuses sur toute la région du Sahel». Des propos qui concourent avec les positions d’Ansar Eddine et le Mouvement national pour la libération de l’Azawad, qui ont finalement favorisé le recours à une solution politique et pacifique à la crise malienne, plutôt qu’au recours à la force plaidé par la Cédéao, celle-ci ne cesse de se mobiliser activement au profit d’une intervention militaire laquelle est également défendue sans réserve par la France, qui propose une aide logistique et matérielle. Malgré le développement de la situation qui s’oriente vers une solution par la voie de négociations, les ministres ouest-africains de la Défense et des Affaires étrangères, poursuivant les préparatifs d’une telle intervention, se sont réunis la veille dans la capitale nigériane. Ils ont débattu vendredi dernier à Abuja d’un plan d’intervention armée dans le nord du Mali, prévoyant le déploiement de 5500 soldats, au lieu de 3300, initialement prévus, dont une partie ne viendrait pas de l’Afrique de l’Ouest. Il ressort de cette rencontre tenue à huis clos, l’adoption d’un rapport privilégiant le dialogue à la confrontation, selon des extraits du texte vus par un journaliste de l’AFP. Comment dans ce cas expliquer l’augmentation de l’effectif? On assiste a priori à un jeu aléatoire! D’abord, on change le lexique relatif aux appellations, on augmente le nombre des soldats et enfin on intervient pour dire que les négociations doivent être privilégiées! Le rôle de la Cédéao, connue pour son penchant pro-français, est douteux. Cette communauté agit dans la confusion et tente, à ne pas en douter, de brouiller l’opinion, dont les chefs d’états-majors ont proposé de changer «la composition des troupes qui seraient déployées» pour «la reconquête du nord du Mali», occupé par des groupes islamistes armés, selon une source interne à la Cédéao, qui en a fait la confidence, sous couvert de l’anonymat, à l’AFP. Il est clair que la Cédéao cherche à obtenir l’Oscar du meilleur rôle dans la crise malienne en s’alignant sur une double approche, à savoir approuver le concept du «dialogue» tout en maintenant une pression d’une «intervention militaire»! En un sens, la Cédéao tente d’entraîner l’Algérie qui, malgré l’importance de ses moyens militaires, la compétence de ses services secrets, mais notamment son expérience incontestable, favorise la voie du dialogue et des négociations. La confusion dans les paroles et les actes de la Cédéao laisse supposer cependant, selon des sources informées, que des divergences existeraient au sein de sa composante.