A quelques jours de l’expiration de l’ultimatum de 45 Jours du Conseil de sécurité de l’ONU, la Cédéao presse le pas pour une intervention militaire au Mali.
Que faut-il comprendre par l’adoption du «concept d’opération» de la force internationale, initié par les chefs d’états-majors de la Cédéao? Et comment interpréter l’appellation de la Micema (Mission de la Cédéao au Mali) qui sera remplacée par «la Force internationale d’intervention au Mali»? Un simple jeu de mots et de manipulation, expliquent des stratèges de la question sécuritaire pour contourner les efforts diplomatiques déployés par l’Algérie notamment, visant un règlement pacifique à la crise malienne, dont les seuls instigateurs seront les Maliens eux-mêmes.
«La ruse», selon ces mêmes sources est à l’évidence de convaincre l’opinion publique régionale et internationale à l’idée qu’il ne s’agit pas d’une atteinte à l’intégrité d’un Etat souverain et indépendant. Bien des visées se cachent donc derrière les deux conceptions encadrées par la Cédéao dont le président du Comité des chefs d’états-majors, le général de corps d’armée, Soumaïla Bagayoko, précise donc que «l’appellation de la Micema (Mission de la Cédéao au Mali) sera remplacée par la Force internationale d’intervention au Mali».
Cela consiste à établir la composition de la force, le niveau de participation des pays de la Cédéao qui en constitueront le noyau, le financement et les moyens militaires dont elle devrait disposer. En ce sens, le président de la commission de la Cédéao, Kadré Désiré Ouédraogo, conclut que «la décision des chefs d’états-majors sera déterminante pour soutenir les recommandations que prendra le Conseil de médiation et de sécurité d’aujourd’hui à Abuja, avant le sommet extraordinaire des chefs d’Etat et de gouvernement de la Cédéao prévu pour le 11 novembre 2012. C’est ainsi pour dire qu’au moment où l’on s’oriente de plus en plus vers une résolution politique, la Cédéao s’applique activement pour agencer un plan militaire et convaincre le Conseil de sécurité d’une intervention militaire le 26 du mois courant! La question de l’adoption d’une décision par l’ONU pour une intervention militaire revient sur scène au moment où Ansar Eddine, l’un des groupes armés qui contrôle le Nord-Mali, a pris ses distances avec la nébuleuse Al Qaîda au Maghreb islamique et sa dissidente branche le Mujao, avertit sur une telle éventualité. D’ailleurs, la rupture entre Ansar Eddine et les groupes terroristes affiliés à Al Qaîda a été une initiative de bonne foi pour un aboutissement à une solution politique, vivement saluée par Mnla (Mouvement national de libération de l’Azawad), plaide pour un dialogue. Le Mnla se dit prêt pour une prise de contact en vue d’une collaboration franche et honnête avec Ansar Eddine qui a officiellement rejeté le terrorisme. Un acte qui incite les autorités et partis politiques maliens à dire qu’ils sont disposés à mener des discussions avec Ansar Eddine. Les donnes s’inscrivent en faveur des négociations dont l’approche s’accentue dans l’espace et le temps. Une approche défendue par l’Algérie dont le rôle est incontournable. Armée d’une expérience incontestable reconnue dans le monde entier, l’Algérie est un atout incomparable dans le règlement de la crise malienne. Elle continue de lutter contre le recours à la force qui ne peut être qu’une tâche ardue aux lourdes conséquences. La crise au Mali a été au coeur des débats au troisième colloque sur les conflits en Afrique qui se déroule actuellement au Caire, en Egypte. Dans un atelier organisé de nuit par les participants, il a été question de se prononcer sur «les défis de la bonne gouvernance et l’effondrement de l’Etat du Mali, le terrorisme et ses prolongements transfrontaliers au Sahel». Ils ont été unanimes à qualifier de complexe la nature de la crise au Mali, d’où d’ailleurs la prise en considération de ces complexités de même en ce qui concerne l’intervention militaire dans ce pays. Les participants ont énuméré les principales causes ayant conduit à la dégradation de la situation politico-sécuritaire au Mali, dont la crise libyenne, la contrebande et le terrorisme qui profitera d’un terrain favorable pour ses activités criminelles. Dans le cadre de ce même colloque, on annonce l’intervention de l’émissaire spécial international pour la Syrie. M.Lakhdar Brahimi se prononcera sur les crises au Moyen-Orient et leur impact sur l’Afrique et les efforts de médiation pour leur règlement. La question que le monde se pose désormais est: quel impact aura la réélection de Barack Obama sur les crises en Afrique, notamment au Mali et au Moyen-Orient? Beaucoup d’observateurs avertis n’attendent aucun changement, d’autres pensent que le président réélu agira sans pression du fait que c’est son deuxième et dernier mandant et pourrait agir en conséquence d’une nouvelle vision dans la politique étrangère américaine.