Alger et Paris se sont consultés mercredi sur la crise malienne. Deux émissaires français, Hélène Le Gal, conseillère Afrique à l’Elysée, et Jean-Félix Paganon, spécialiste du Sahel au niveau du Quai d’Orsay, ont en effet séjourné dans la capitale algérienne et se sont entretenus avec Abdelkader Messahel.
Le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines a affirmé, à l’issue de la réunion avec les deux émissaires français, que «cette rencontre, qui entre dans le cadre de la concertation entre l’Algérie et la France, a permis de passer en revue la situation au Mali et dans la sous-région. Elle a été l’occasion d’échanger nos vues et analyses de même qu’elle a permis d’évoquer la recherche d’une sortie de crise dans le cadre de la préservation de l’unité nationale et de l’intégrité territoriale du Mali». Messahel a également souligné l’importance de «consolider le leadership à Bamako» et de «rechercher, par le dialogue et la négociation, une solution dans le nord du Mali entre tous les acteurs qui condamnent le terrorisme et le crime organisé, qui restent une menace majeure pour le Mali, pour la sous-région et pour la communauté internationale, qu’il faut combattre». Ceci alors que, de son côté, la conseillère du président Hollande, Hélène Le Gal, a indiqué que cet entretien s’inscrivait dans le cadre de la concertation des deux pays sur les questions relatives au Sahel et au Mali. «Nous avons discuté ensemble, dans la prolongation de la conversation téléphonique entre les présidents Abdelaziz Bouteflika et François Hollande, des voies qui pourraient être envisagées pour aider les Maliens à trouver la solution par rapport à ce grave problème», a-t-elle indiqué, ajoutant que «la France et l’Algérie partagent la même préoccupation par rapport à ce qui se passe aux frontières du Mali». Le Gal a affirmé aussi que les deux pays sont d’accord pour «faire face très vite au crime organisé et au terrorisme qui progressent dans ce pays» et que «si on ne s’attelle pas très vite à faire face à ces deux menaces, elles risqueront de menacer l’ensemble des pays de la région».
Activité diplomatique accrue à Alger
Alger est, en effet, devenue ces derniers jours un lieu privilégié de pèlerinages diplomatiques. La crise malienne, qui dérive dangereusement vers l’inextricable, si ce n’est déjà le cas, y fait courir du beau monde. Diplomates et experts s’y succèdent. Chacun avec sa lettre de mission. Les derniers en date, Hélène le Gal et Jean-Félix Paganon, sont sûrement venus explorer les possibilités d’une position rapprochée entre Paris et Alger, voire tenter de convaincre Alger à lâcher du lest et souscrire à l’option d’une intervention militaire dans le nord du Mali. Mardi, le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, a affiché son optimiste quant à une résolution onusienne sur la crise malienne. Une résolution qui donnerait la légalité internationale à l’envoi des troupes au Mali. «Une nouvelle résolution est en train d’être discutée aux Nations unies et nous avons espoir qu’elle sera adoptée», a-t-il affirmé. Faut-il faire remarquer que la France exprime par là son appui à la demande de la Cédéao qui a sollicité une résolution onusienne pour la levée d’une force africaine d’intervention au Mali. Une option à laquelle l’Algérie, plutôt favorable à une solution politique négociée, refuse de souscrire. C’est, au demeurant, pour convaincre d’une solution politique que l’Algérie a démultiplié les contacts et rencontres avec, outre les diplomaties, les acteurs directement impliqués, du moins concernés par la crise malienne. Des officiels étaient arrivés de Bamako pour des consultations, après qu’une délégation d’Ançar Dine eut séjourné à Alger. Recevant récemment le ministre britannique des Affaires étrangères, Abdelkader Messahel, ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, a déclaré qu’il y a «des indications qui nous laissent croire qu’une solution politique négociée est possible». Le même ministre délégué avait en même temps réitéré l’opposition de l’Algérie au partage du territoire malien. Un territoire aujourd’hui de fait divisé, le territoire du Nord échappant totalement au contrôle de Bamako, siège du pouvoir central. Les territoires du Nord, duquel sont chassées l’administration centrale et les forces de l’armée régulière, étaient un moment sous l’emprise du MNLA, un mouvement laïque qui lutte pour l’autonomie de l’Azawad.
Le Conseil de sécurité de l’ONU temporise
Le Conseil de sécurité de l’ONU a voté jeudi sa résolution relative au Mali. Voté à l’unanimité des membres siégeant, le document affirme prendre note de la demande de la Cédéao de lever une force africaine d’intervention. Le Conseil laisse donc l’option ouverte mais préfère ne pas se précipiter, certainement pour donner une chance à une éventuelle solution politique. Le Conseil a réclamé, en revanche, des sanctions contre les groupes rebelles du nord du Mali qui s’associent avec Al- Qaïda. Il a, en effet, appelé les Etats membres à soumettre les noms des individus, groupes et entités qui sont associés à Al-Qaïda, y compris dans la région du Sahel et en particulier dans le nord du Mali. L’appel est également adressé aux mouvements touareg pour se démarquer d’Aqmi.
S. A. I.