Que retenir, en définitive, de la toute récente visite de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton en Algérie ? Qui d’entre les deux parties algériennes et américaines serait parvenue à infléchir la position de l’autre sur le dossier malien ? Amar Belani, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, s’exprimant avec deux jours de retard sur l’événement, parle de la confirmation de la nécessité d’une approche globale.
Mieux vaut tard que jamais, mais aurait-il fallu encore que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères consente l’effort de rappeler en quoi consiste cette approche globale. «En ce qui concerne la situation au Sahel, et plus particulièrement au Mali, qui a fait l’objet de consultations approfondies, lundi, entre le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, et la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, il a été confirmé la nécessité d’une approche globale conformément à la Résolution 2071 du Conseil de sécurité», a affirmé, en effet, Amar Belani dans une déclaration mardi à l’APS, ajoutant que «cette résolution a fait, depuis, l’objet d’une démarche visant à dégager un concept stratégique basé, notamment, sur le dialogue et la solution politique en insistant d’ailleurs sur la centralité des Maliens à qui doit revenir l’organisation de ce dialogue». Hillary Clinton, au sortir de l’audience que lui a accordée le président de la République, avait indiqué que les discussions entre les deux parties sur la question malienne étaient approfondies. Un propos diplomatique différemment décodé par les observateurs, tant est qu’il surfait sur l’essentiel, à savoir laquelle des deux options préconisées jusque-là pour sortir le Mali du marasme, la solution politique ou l’intervention militaire, a recueilli l’assentiment des deux parties. A la lumière des précisions, tardives, du porte-parole du ministère des Affaires étrangères, il apparaît que les deux options ne sont pas antinomiques, exclusives. Autrement dit, l’intervention militaire, pour laquelle la communauté internationale se prépare, à travers l’engagement des troupes de la Cédéao, n’évacue pas la possibilité d’un dialogue préalable, même si celui-ci a peu de chances d’aboutir. La sortie médiatique du porte-parole du mouvement Ansar Dine, Sanda Ould Boumama, qui revendique des liens avec Aqmi, rend d’autant plus difficile ce dialogue, puisque la concertation à laquelle a appelé la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU exclut les groupes terroristes et extrémistes et, donc, à plus forte raison lorsque ces derniers viendraient à se réclamer d’affinités avec Al Qaïda. De plus, l’autre partie dans ce dialogue recherché, les autorités maliennes, en l’occurrence, ne montrent pas d’enthousiasme à se rendre disponibles pour une solution négociée. Bamako a déjà pris option pour la solution radicale, en sollicitant l’intervention des troupes de la Cédéao. Ce qu’a d’ailleurs confirmé avant-hier le ministre malien de la Défense, le colonel Yamoussa Camara qui, à l’ouverture de la réunion à Bamako des experts des organisations régionales, continentales et internationales, a déclaré que «cette rencontre d’harmonisation doit permettre de déboucher sur des propositions concrètes pour l’adoption d’un concept stratégique pour libérer le nord de notre pays». En rappelant devant la conférence de Bamako que la guerre est inévitable dans le nord du Mali, le ministre malien de la Défense donne un aperçu de ce qu’il entend par «concept stratégique», en somme la nature de la guerre à livrer.
S. A. I.
